mercredi 29 septembre 2010

Le chemin



Je commence à comprendre comment je fonctionne comme écrivain, comment les histoires me traversent, d'abord dans un premier jet, puis comment elles prennent vie lors des nombreuses réécritures.

Un chemin sur lequel je viens à peine de poser les pieds. 

Ce sentier, avec Adeline, porteuse de l'améthyste, je l'ai parcouru main dans la main avec plusieurs personnes qui ont su, à leur tour et à leur façon, me guider dans le brouillard de ma créativité débordante. D'abord, Sylvie St-Laurent-Vézina, tutrice au cours de rédaction par correspondance, Cours de Qualité. Puis Josée Levesques, animatrice d'ateliers d'écriture que j'ai suivis dans la région de Québec pendant plusieurs sessions. Josée m'a ouvert les yeux sur les points de vue narratifs, les narrateurs et autres aspects de la narratologie. C'est grâce à elle que j'ai pu élever mon récit suffisamment pour qu'un éditeur le remarque. Merci Josée ! Enfin Mélanie Perreault, directrice littéraire aux éditions Pierre Tisseyre, qui a fait un travail extraordinaire avec mon manuscrit, en me proposant des corrections qui me permettaient de le rendre encore plus beau, plus clair. Merci Mélanie !

Avec La brulûre d'Adeline, j'ai eu un petit peu moins d'aides, parce que j'étais plus consciente de ce que je faisais en écrivant. Grâce à mes nombreux livres sur l'écriture, dont certains m'obligeaient à réfléchir sur les enjeux de mes personnages, je savais un peu plus où je m'en allais, même si une part d'incertitude demeurait quant à la fin de mon histoire. Toutefois, quand je l'ai crue enfin prête à être envoyée, je l'ai fait lire à différents lecteurs : adolescents, amis, écrivains. Tous ou presque ont eu le même commentaire : les descriptions étaient un peu trop abondantes. Pourquoi étais-je si descriptive? Par où commencer? Quoi enlever? Ignorant les réponses, j'ai alors décidé de faire appel à une conseillère littéraire, Madame Léïla Haddad de La fabrique du livre. Je lui ai soumis mon manuscrit et quelques mois plus tard, je recevais son analyse complète. OUF! Ce fut un choc. La dame a vu clair! Il n'y avait pas de vie dans mon histoire, le narrateur étant totalement à l'extérieur des personnages. J'écrivais en « il », parfois du point de vue d'Adeline, mais trop souvent du point de vue extérieur à elle, ce qui créait comme une sorte de glacis autour de mes personnages. C'était froid, distant et DESCRIPTIF. Bref, comme auteure, je n'avais pas fait mon travail, je ne m'étais pas mise dans la peau de mes personnages pour les ressentir de l'intérieur. Ce fut alors le début d'une nouvelle réécriture. Madame Haddad m'a suggéré plusieurs pistes pour résoudre ce problème, que j'ai suivies, bien entendu. Elle fut donc une autre main que j'ai tenue pour traverser le chemin. 

Maintenant, reste à savoir si La brûlure d'Adeline séduira le comité de lecture des Éditions Pierre Tisseyre et la directrice des éditions. Je me le souhaite. Ce serait chouette qu'il publie la suite de mon premier roman... 

Pendant l'attente d'une réponse, je sillonne encore le chemin, mais cette fois avec des nouvelles littéraires. J'ai plusieurs premiers jets d'écrits. Première étape du trajet. Avec l'une de ces nouvelles, toutefois, je suis allée plus loin. Je suis actuellement en train de terminer les réécritures. J'ai écrit 14 versions différentes de cette histoire. Et lors de ce travail, à un certain moment, j'ai frappé un mur, le même qu'avec La brûlure d'Adeline : il n'y avait pas de vie, j'étais encore une fois à l'extérieur de mes personnages. J'ai retroussé mes manches et me suis remise à l'ouvrage. J'ai relu, modifié quelques phrases, relu, réécrit puis, comme par magie, la voix de mon personnage s'est fait entendre. Je l'ai entendue! En réalité, je ne l'ai pas vraiment entendue, elle est plutôt sortie du bout de mes doigts qui ont ensuite pianoté le clavier avec frénésie. Car là, je sentais de la VIE! Quelle euphorie!  
Je suis bien contente de mon expérience, car j'ai pris conscience d'une autre étape dans la traversée de ce chemin. La vie entre les mots, entre les phrases. La VIE!

Un jour, quand j'aurai parcouru ce sentier plusieurs fois, je n'aurai peut-être plus besoin de mains pour me guider. Ce jour-là, je serai prête alors à tenir celle d'autres écrivains novices qui en seront à leurs premiers pas sur ce merveilleux chemin...

Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...
  

lundi 27 septembre 2010

UN CONTRAT SACRÉ

Voici un contrat entre vous et votre histoire.



L’histoire qui vous appelle vous a choisi(e). Vous êtes le médium idéal pour la transposer par écrit. Elle a confiance en vous. C’est la raison pour laquelle elle s’est manifestée dans votre tête, soit par une idée, par la présence de personnages, par une situation, une émotion, par la scène finale… Ce sont là toutes des pointes d’iceberg émergeant de votre océan intérieur. Votre rôle : plonger dans l’eau pour découvrir le reste du glacier, le reste de votre histoire.

Cette immersion ne se fera pas sans difficulté. Dans la mer rôdent de nombreux dangers : des courants trop forts, des requins, des épaves hantées… Et sur elle, des flibustiers assoiffés d’or et d’argent. L’un des plus grands défis sera de déjouer la machination de votre pirate intérieur, cette voix critique dans votre tête. Celle qui juge, qui dénigre, qui démolit, qui banalise, celle qui n’est jamais satisfaite. Son but : vous empêcher de faire votre travail qui consiste à ressortir de l’ombre océanique le joyau littéraire que vous portez en vous. N'écoutez pas cette voix. Quoi qu’elle dise, elle n’a pas raison, car l’histoire, ne l’oubliez pas, vous a choisi(e), elle a confiance en vous, en votre talent, en votre sensibilité, en votre imagination. Elle sait que vous avez tout ce qu’il faut en vous pour la faire vivre sur papier. Et ça, c’est la vérité!

La relation que vous entretenez avec votre histoire est SACRÉE et digne de RESPECT. Honorez-la. Accordez-lui tout l’espace dont elle a besoin pour s’épanouir. Posez sur elle un regard doux et empreint d’amour, comme celui d’une mère sur son enfant. Ne jugez pas ce lien qui vous unit à votre histoire, il n’est pas rien, au contraire, il est lumineux, riche et précieux. C'est un sentier vers la réalisation de soi par la découverte de votre histoire. Celle-ci réclame votre attention pour se manifester. Elle est là, enfouie sous la mer imaginaire, et n’attend plus que vous plongiez pour venir la retrouver, que vous ouvriez enfin votre œil intérieur pour la voir.

Êtes-vous prêt(e)s à vous aventurer dans ce voyage, en dépit de votre voix critique qui tentera par différents moyens de freiner votre élan créateur?

Moi,_________________________________,en ce ________________________ de l’année ________________, je m’engage à respecter l’histoire qui m’a choisi(e), à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour la sortir de l’ombre océanique de mon imaginaire et la faire vivre sur papier. De plus, je m’engage à honorer ma relation avec elle en lui accordant l’espace dont elle a besoin pour s’épanouir, et cela, en planifiant un horaire hebdomadaire d’écriture.

Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...

mercredi 22 septembre 2010

FRÉDÉRIQUE MARTIN, écrivain français


Voici une vidéo fort intéressante nous présentant une auteure française, Frédérique Martin, qui, désormais, écrira des chroniques sur le site Envie d'écrire.

Merci d'être là!
Annie xxx...

dimanche 19 septembre 2010

La colère d'Ingrid

Des portions d'histoire, des premiers jets, qui passent à travers moi. En voici une.

Mais avant, vous devez savoir qu'au départ, avant d'écrire la première phrase, je ne sais pas où je vais. Je l'écris puis la seconde s'enchaîne, et une image se forme, j'entre alors dans une atmosphère. C'est comme si je tombais dans la « tanière du lapin », dans un monde merveilleux, ce monde qui se dévoile devant moi. Voilà, j'y suis. J'ai traversé la porte et je peux écrire librement ce que je vois, ce que je ressens, ce que j'entends...

Elle parlait, parlait, parlait... Il en avait plus qu’assez. Quand est-ce qu’elle arrêterait? Sa voix entrait dans sa tête et l’étourdissait. Depuis dix minutes qu’elle était dans son bureau, figée devant sa table de travail et débitant toutes sortes de paroles. Elle était en furie, aucun doute, juste à voir son visage plaqué rouge et sa bouche crispée. Et son regard… Il était sûr qu’elle l’aurait tué si ses yeux avaient été des fusils. Deux coups dans la poitrine : pan! pan! En plein cœur. Le cœur… L’amour… Ah! Zut! Il venait de comprendre. Hier soir, avant de quitter le bureau, elle lui avait glissé un petit papier dans sa main. Il ne l’avait pas lu. Mais pourquoi donc? Ah oui! Gail, sa patronne, l’avait demandé dans son bureau d’urgence. Ensuite, il n’avait plus pensé à ce bout de papier. Mais où était-il donc? Peut-être l’avait-il égaré. Il l’ignorait.


Il prit une grande respiration avant de se lever. Il glissa une main sur sa nuque en penchant la tête sur le côté.

─ Écoute Ingrid, je n’ai…

─ C’est ça! Tu n’es même pas foutu de lire mes petits mots!

─ C’est Gail, elle voulait que je travaille sur un proj…

─ Ouais! Je le sais, c’est elle que j’ai vue hier, à ta place. C’est une belle farce que tu m’as faite, là!

Ingrid qui avait les yeux cernés et rougis par les larmes, comme si elle avait pleuré toute la nuit, contourna la table de travail pour se planter devant Marius. Elle tremblait tant la colère bouillonnait en elle.

─ Espèce de salaud! Tu ne me feras plus une chose pareille!

Elle lui sacra un coup de genou dans les parties. Marius se plia en deux en gémissant.

─ Tu es folle ou quoi?

Sans répondre, Ingrid sortit de la pièce, laissant Marius seul avec sa conscience.

Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...

samedi 18 septembre 2010

L'imagination: quelle méprise !

Le Petit Robert définit l'imagination comme suit :
1. Faculté que possède l'esprit de se représenter des images; connaissances, expérience sensible.
2. Faculté d'évoquer les images des objets qu'on a déjà perçus.
3. Faculté de former des images d'objets qu'on n'a pas perçus ou de faire des combinaisons nouvelles d'images (imagination créatrice).

La définition qui m'intéresse est la troisième, car les deux premières font référence à notre vie de tous les jours. « Former des images d'objets qu'on n'a pas perçus », des objets qui, autrement dit, n'existent pas dans notre monde physique, mais qui existe ailleurs puisque nous les percevons... Ailleurs? Mais où? La plupart des gens croient que lorsqu'on crée quelque chose, que ce soit un dessin, une chanson, une mélodie, une invention technologique, un personnage, une créature imaginaire, un poème, une pièce de théâtre, une histoire, une solution a un problème..., et bien, ils croient qu'ils l'ont trouvée dans leur tête, qu'ils l'ont créée, qu'ils l'ont INVENTÉE!
Depuis notre enfance qu'on nous dit que tout ce qu'on peut voir dans notre tête ce sont des images, ou des idées, que nous avons créées. Je vous préviens : tenez bien vos culottes, car c'est faux!! C'EST FAUX! On n'invente rien. Oui, je sais, j'entends déjà certains d'entre vous me dire : « On la connaît la chanson : tout à déjà été raconté, tout a déjà été dit... » Ce n'est pas de ça que je veux parler.

Imaginez que le monde dans lequel nous vivons n'est pas le seul, qu'il existerait autour de nous d'autres dimensions. « Bon, la voilà partie dans la science-fiction! » Non, moi, c'est ce que je crois, c'est ma vision personnelle. Quand je visualise une vache bleue avec des cornes et une queue de cheval, je la vois, elle existe. « Elle existe dans ta tête, Annie! C'est toi qui viens de l'inventer... » Non, c'est FAUX. Je ne viens pas de l'inventer. Ce n'est pas ça, l'action intérieure. C'est là qu'on se goure tous, qu'on nage en pleine méprise. Je ne l'ai pas imaginée, j'ai simplement mis mon attention sur elle. J'ai braqué mon oeil intérieur sur une réalité qui existe dans une autre dimension. Voilà ce qui est arrivé, pour vrai de vrai! 

Moi, je crois qu'on se trompe quand on dit que les choses qu'on voie dans notre tête, c'est nous qui les avons imaginées. Ce n'est pas ça qui se passe.

Suis-je la seule à penser de même?

Apparemment non. Stephen King l'a très bien expliqué dans son livre Écriture : « Les histoires ne sont pas des T-shirts souvenirs ou des jeux électroniques. Ce sont des reliques issues d'un monde préexistant, encore inconnu. Le travail de l'écrivain consiste à utiliser les outils de sa boîte à outils pour les extraire du sol, aussi intégralement que possible, en les laissant aussi intacts que possible. »
Et Christian Tétreault, dans les premières pages de son livre Je m'appelle Marie, avec la voix de sa fille, nous écrit ceci : « Papa prend des notes. C'est ce qu'il fait depuis toujours. Il prend des notes. Les gens autour de lui (ses patrons, ceux et celles qui lui confient des mandats d'écriture, ses collègues, les gens qui l'écoutent et le lisent) pensent qu'il crée. Il ne crée rien, il prend des notes. Il est en perpétuelle dictée. Toute sa vie, il s'est installé devant son clavier et a enchaîné les mots comme une sténodactylo. C'est son esprit qui ramène ces mots de la zone. Lui, il les inscrit dans le même ordre sans trop se poser de questions, il prend des notes, c'est tout. »

Selon ces deux auteurs, il existerait un monde invisible où l'écrivain a accès. King l'appelle un monde préexistant et Tétreault, la zone...

Donc, si je comprends bien la vision de King et celle de Tétreault, nous ne créons pas, nous manifestons, nous rapportons sous forme d'histoires ce que nous avons vu dans la zone ou dans ce monde préexistant. Ce qui vient confirmer ma pensée que le monde dans lequel nous vivons et les autres que nous ne voyons pas sont en fait des mondes FINIS, c'est-à-dire complétés en soi. Tout y est donc déjà créé! Et les êtres dotés d'une forte sensibilité et d'une vision intérieure claire ont cette facilité à contacter la zone...  

Bon... Prenez le temps de respirer, d'aller marcher. Peut-être que ce que je vous dis vous dérange. Et c'est normal. C'est une vision différente et elle est loin d'être orthodoxe. Et sachez que ce n'est pas LA VÉRITÉ, c'est MA vérité. Alors, prenez ce qui fait votre affaire et le reste, balancez-le aux oubliettes. 

Quand j'écris un premier jet d'une histoire, c'est comme si j'avais une fenêtre ouverte en permanence vers ces mondes. La page blanche ne me fait jamais peur. En tout cas, pas jusqu'à maintenant. Au contraire, elle est comme une invitation à me pencher sur elle, à y verser toutes ces histoires qui veulent sortir... 

Ce qui reste encore un mystère pour moi est la manière de rapporter, c'est-à-dire le mécanisme de l'esprit qui sous-tend cette action. Certains extraient des reliques, comme Stephen King, d'autres prennent des notes, comme Christian Tétreault. Il y a, à mon avis, autant de façons d'aller chercher ce qui existe dans ces autres mondes que d'artistes sur Terre. L'artiste est un être sensible. Et cette sensibilité est son outil pour contacter le monde invisible, la zone...

Aux sceptiques qui me lisent, expliquez-moi comment les grands musiciens, tel Mozart, ont été capables de composer leurs oeuvres avec autant de facilité. Les écrivains prolifiques, comment font-ils? Et ceux qui écrivent de la science-fiction ou des romans de fantasy avec des mondes qu'ils créent de A à Z, où vont-ils chercher leurs idées? Et les histoires pour enfants, ces contes fantastiques où l'action se déroule dans un monde imaginaire, où l'auteur prend-il son décor? Les génies, ceux qui ont fait avancer la science ou la technologie, comment ont-ils procédé pour trouver leur idée?

Autour de l'acte de créer subsiste un réel mystère. Chacun a sa propre explication. Vous venez de lire la mienne qui est, je l'avoue, très incomplète. Il me manque encore beaucoup de morceaux... 

Peut-être que finalement je me pose trop de questions, que je devrais plutôt accepter le fait que j'ai une imagination débordante et que tout ce que je viens d'écrire, dans ce billet, pourrait être le fruit de cette imagination! Peut-être...

Et vous, comment expliquez-vous le mystère qui entoure l'acte de créer?


Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...

mardi 14 septembre 2010

Je cogite, je réfléchis...

Depuis plusieurs jours, je réfléchis, je cogite.
Petit à petit, dans mon esprit, mon prochain article pour le blogue prend forme, des éléments nouveaux s'ajoutent. Je songe à différents angles possibles avec lesquels je pourrais aborder le sujet, celui qui me trotte dans la tête, qui me harcèle, qui ne décolle pas... Je sens que la vague va être forte, il y a des choses que j'ai envie de dire depuis longtemps, des secrets (si on peut appeler ça des secrets: je dirais plutôt des visions personnelles sur la créativité... Ne t'emballe pas trop, là, Annie! :)), que je garde enfouis au fond de moi... Est-ce réellement le temps de m'ouvrir? Serais-je vue comme une folle? Sûrement! Mais je l'assume... Il faut être un peu fou pour faire ce métier, car l'écrivain, on le sait bien, vit entre deux mondes : celui de la Terre et celui de l'imaginaire. Il n'est jamais totalement ni dans l'un ni dans l'autre, vacillant constamment entre les deux. Comme un pont entre le ciel et la Terre, il rapporte du ciel, par son langage, sa sensibilité, son imagination, ce qu'il a vu, entendu, senti, goûté (??), vécu, là, dans la peau de tous ses personnages qu'ils soient dragons, lutins, sorcières, créatures imaginaires, hommes, femmes, enfants, adolescents, animaux, arbres, plante, objets...  

La suite dans le prochain billet...

Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...

jeudi 9 septembre 2010

Entrevue virtuelle avec MARIE-CHRISTINE BERNARD - 2ème partie


Voici la suite de l'entrevue virtuelle avec Marie-Christine Bernard.

Ses livres et le monde de l’édition


ROMAN EN CHANTIER : Parmi tous vos projets, duquel êtes-vous la plus fière? Pourquoi?


M-C : C’est Mademoiselle Personne qui a remporté le plus de prix (dont France-Québec 2009) et qui m’a donné le plus de reconnaissance pour l’instant, bien que mes autres livres se portent très bien aussi. Par ailleurs, j’ai écrit une pièce de théâtre cette année, et c’était une fabuleuse expérience que de voir ses mots mis en chair par des comédiens. La première aura lieu le 3 novembre au Mont-Jacob, à Jonquière, pour ceux que ça intéresserait.

ROMAN EN CHANTIER : Lequel de vos personnages vous a-t-il fait le plus évoluer? Expliquez en quoi il vous a fait grandir.

M-C : Tous mes personnages sont un peu moi. Ils me font donc évoluer, tous. Celui sur lequel je travaille en ce moment me fait réfléchir sur la folie et sur le rapport aux autres.

ROMAN EN CHANTIER : Pour qui écrivez-vous? Les adultes? Les enfants? Les adolescents?

M-C : Pour tous! Les fins et les fous, les grand-mères et les méchants loups!


ROMAN EN CHANTIER : Combien de livres avez-vous écrits en tout?

M-C : Six.

ROMAN EN CHANTIER : Le titre de votre plus récente parution.

M-C : Sombre Peuple, un recueil de nouvelles, chez Hurtubise.

ROMAN EN CHANTIER : À quelles maisons d’édition vos livres ont-ils été publiés?

M-C : Chez Stanké (Monsieur Julot et La mort, l’amour et les trois chevaliers — pseudonyme : Marie Navarre) et chez Hurtubise (Les Mésaventures de Grosspafine t. 1 et 2, Mademoiselle Personne, Sombre Peuple.)

Les lectures de Marie-Christine

ROMAN EN CHANTIER : Que lisez-vous?

M-C : Je lis de tout. Mais surtout des romans. J’aime les histoires bien écrites qui me bouleversent, me secouent, me font voyager dans le monde intérieur de l’être humain.

ROMAN EN CHANTIER : Quels sont les auteurs qui vous inspirent le plus?

M-C : Ils sont légion... Baudelaire pour la parfaite maîtrise de la phrase. Stephen King pour son don de conteur. René Barjavel pour sa tendresse. Les Italiens pour l’humour. Les Russes pour l’humanité. Shakespeare pour l’horrible et le sublime.


Plusieurs Québécois : Anne Hébert, Hector de Saint-Denys Garneau, les poètes en général. Victor Hugo est un grand maître aussi.

Les conseils de Marie-Christine  


ROMAN EN CHANTIER : Selon vous, quelles sont les principales qualités pour devenir un auteur qui publie?

M-C : L’honnêteté intellectuelle. L’humilité, savoir se détacher de son oeuvre. Le talent, bien sûr. La confiance.

ROMAN EN CHANTIER : Quel serait le meilleur conseil que vous donneriez à un jeune écrivain désireux de percer dans ce métier?

M-C : Persévère. Écris, écris et lis, lis, lis!!! Et ne te laisse pas démonter par un, deux, trois, douze refus! Puis accepte de tout ton coeur d’ouvrir tes pages à ceux qui voudront bien t’aider à améliorer ton travail par leurs conseils et suggestions : comités de lecture, directeur littéraire, réviseur linguistique, etc.

ROMAN EN CHANTIER : Merci, chère Marie-Christine, d'avoir participé à cette entrevue ! C'est fort apprécié. Nous vous souhaitons tout le succès mérité pour votre dernier bébé littéraire.

M-C : Merci.

Si vous souhaitez vous procurer les livres de Marie-Christine, vous pouvez les trouver ICI , ICI et  puis enfin .

D'autres ont parlé d'elle et de ses livres. Visitez Le Passe Mot , L'ACTUALITÉ.COM et ICI .

SURPRISE !!! 

C'est avec une très grande joie que je vous annonce que le talentueux et prolifique auteur jeunesse, Alain M. Bergeron, sera en entrevue virtuelle en décembre prochain. J'ai eu sa réponse, hier, par courriel. SUPER!!

En novembre, congé, puisque je vais participer au NANOWRIMO 2010. Mon objectif : 50 000 mots de mon troisième tome de la série Adeline à raison de 1667 mots par jour. Je serai donc très occupée à écrire... J'ai hâte de commencer.

En octobre : ???

Merci d'être là, et si nombreux, à me lire. Vraiment, je suis choyée de vous avoir comme lecteur et lectrice.

À bientôt,
Annie xxx...

dimanche 5 septembre 2010

Entrevue virtuelle avec Marie-Christine Bernard - 1ère partie


C'est avec un immense plaisir que je vous présente Marie-Christine Bernard, auteure de 7 romans, dont Mademoiselle Personne, mon roman coup de coeur... Madame Bernard a accepté avec joie de participer à l'entrevue virtuelle de ce mois-ci, et nous lui en remercions de tout coeur. 


La relation de Marie-Christine avec l’écriture



ROMAN EN CHANTIER : À quel moment dans votre vie s’est manifesté votre désir d’écrire et à quel moment avez-vous commencé à écrire ?

M-C : Je pense que j’écrivais déjà dans le ventre de ma mère!!! Mes tantes affirment que j’ai commencé à raconter des histoires avant de marcher. Ma mère transcrivait mes histoires et fabriquait des petits livres illustrés (elle était bonne en dessin...). J’ai remporté mon premier petit prix de poésie à 8 ans... Alors, vous voyez, me demander depuis quand j’écris, c’est un peu comme me demander depuis quand je respire!

ROMAN EN CHANTIER : Est-ce que l’écriture est un besoin pour vous? Si oui, pourquoi?

M-C : Oui, l’écriture est un besoin. Je parlais de respiration tout à l’heure. M’enlever ça, ce serait comme m’enlever un poumon : ça respirerait quand même, mais pas mal moins bien.

ROMAN EN CHANTIER : Écrivez-vous à temps plein? Ou en parallèle avec un autre métier?

M-C : Je suis enseignante au collégial, en littérature et création littéraire. Un jour, j’aimerais pouvoir le faire une session sur deux, et ainsi me consacrer uniquement à l’écriture six mois par année. Mais pour l’instant, cette vie me convient car j’adore l’enseignement.

ROMAN EN CHANTIER : Quelle est votre routine d’écriture? (Écrivez-vous le matin, l’après-midi, le soir ou pendant la nuit? Combien d’heures par jour? De quoi vous entourez-vous pour écrire? De photos? De plantes? De toutous? De vos chats? Écrivez-vous à la maison ou dans les cafés, dans les parcs ou en plein cœur de la nature? Avez-vous un espace juste pour vous? Si oui, à quoi ressemble-t-il? Etc.)

M-C : Pour écrire, j’ai besoin de silence et de solitude. Personne qui bourdonne autour. Ou en tout cas, personne qui soit susceptible de me demander quoi que ce soit... parce que je suis quand même capable d’écrire dans un café. Mais l’idéal, c’est vraiment la plus totale solitude et le silence. Pas de téléphone non plus!

ROMAN EN CHANTIER : Quelle partie dans la création d’une histoire préférez-vous? La gestation, le premier jet, le développement des personnages, la réécriture, etc. ? Pourquoi?

M-C : Toutes les parties sont nécessaires et comportent leurs charmes et leurs angoisses. Le moment le plus exaltant est sans contredit l’instant où tout coule, où tout se tient, où tout fonctionne, quand on écrit et qu’on se sent branché sur un flux d’énergie incroyable. C’est presque une transe.

ROMAN EN CHANTIER : Si vous aviez à utiliser une métaphore pour décrire le type d’écrivain que vous êtes, quelle serait-elle?

M-C : Écrivain-orchestre... J’aime toucher à tout. Roman, Jeunesse, Érotisme, Poésie, Chanson, Théâtre... Tout m’appelle. Et je crois que je m’en tire pas mal!

ROMAN EN CHANTIER : Comment qualifiez-vous votre relation avec l’écriture?

M-C : C’est une relation de symbiose. J’écris tout le temps, même lorsque je n’ai pas les doigts sur un clavier ou autour d’un stylo. Toujours, toujours une histoire, un poème, une chanson me trotte dans la tête. Ça fait partie de moi. C’est ma respiration.


Le processus créatif de Marie-Christine


ROMAN EN CHANTIER : Comment visualisez-vous votre manière de créer? (Par exemple Mireille Pochard, dans son livre Écrire une nouvelle et se faire publier, explique que lorsqu’elle écrit, elle visualise une pelote, elle imagine que tout est déjà à l’intérieur d’elle, qu’elle ne crée rien, qu’il suffit de dévider… Ce qui n’exclut pas quelques nœuds qu’il faut défaire pour avancer !) Qu’en est-il avec vous?

M-C : Je ne sais pas trop... C’est en moi, c’est là, c’est autour de moi aussi et j’en fais partie... Je crois que je me vois me brancher sur quelque chose, une énergie créatrice qui se diffuse et passe par moi pour s’exprimer. Cela dit, je puise mes idées dans le réel...

ROMAN EN CHANTIER : Comment naissent vos histoires? Est-ce le personnage qui arrive en premier, l’intrigue, la situation, une atmosphère, un décor? Est-ce vous qui décidez de l’histoire ou bien vos personnages?

M-C : Je décide de tout... ou presque. Souvent c’est le personnage qui s’impose. Il me parle. Il dit des phrases dans ma tête. Si je mets trop de temps à m’en occuper, il crie. Les décors et l’atmosphère se mettent en place aussi un peu d’eux-mêmes. C’est un peu tout ça qui va déterminer quel genre d’histoire je vais construire autour.

ROMAN EN CHANTIER : Comment procédez-vous pour vous immerger dans la conscience de vos personnages et réussir à les ressentir de l’intérieur?

M-C : Cela se fait tout seul. Mais il faut que je sois absolument seule et dans le silence. Je marche, j’écoute la musique qu’il écoute, je me couche par terre les pattes en l’air, je contemple le vide... et je laisse venir.

ROMAN EN CHANTIER : Utilisez-vous un plan pour écrire? Ou au contraire, écrivez-vous votre premier jet en vous fiant à ce qui vient tout simplement, à votre inspiration? Comment procédez-vous?

M-C : Pas de plan, mais énormément de notes. Je fais aussi des dessins. Le premier jet arrive après maints petits bouts jetés ici et là, dans le désordre, des scènes fortes qui m’imprègnent au point que je dois les écrire pour m’en débarrasser parce qu’elles parasitent le reste du récit.

ROMAN EN CHANTIER : Jusqu’à quel point la part de votre inconscient est-elle présente dans votre écriture? (Y faites-vous confiance? Comment travaillez-vous avec lui? Durant le premier jet? Dans la réécriture? À chacune des étapes de la création de votre histoire? Comment le visualisez-vous? Une fée avec une baguette magique? Un maître écrivain assis sagement à son bureau au sommet d’une montagne? Comment qualifiez-vous votre relation avec votre inconscient? Etc.)

M-C : Il est toujours là, celui-là. Même malgré soi. On le laisse vivre. C’est notre passé, c’est tout ce qui existe en soi et qui nous a tricoté tel qu’on est. C’est bien à cause de lui qu’on crée!

ROMAN EN CHANTIER : Quels sont vos trucs pour annihiler l’effort de votre critique intérieur à saboter votre écriture? (Quand vous êtes bloqués, que faites-vous pour vous en sortir?)

M-C : Je laisse passer le temps. Le Doute est mon lutin malicieux, mon détestable mais indispensable complice.

La deuxième et dernière partie de l'entrevue sera publiée dans un prochain billet.

Merci d'être là et de me lire... de nous lire.
À bientôt,
Annie xxx...

jeudi 2 septembre 2010

Émotions transversales

Voici un billet de mon amie Isabelle.

J’entends souvent les gens se plaindre que leur existence n’est pas facile, qu’ils sont rudement mis à l’épreuve, etc. Je reconnais avoir moi aussi mes épisodes de pessimisme concernant la vie et le sort qu'elle me réserve.

En tant qu'auteur, pourquoi ne pas profiter de tout ce que le destin nous apporte de beau ou de difficile, et l'utiliser comme outil? Les différentes expériences que nous traversons sont riches en émotions et celles-ci peuvent s'avérer fort pratiques lorsque vient le temps de décrire les sentiments éprouvés par nos personnages. Après tout, qui de mieux placé pour dépeindre une peine d’amour que quelqu’un qui en a vécu une?

Cependant, je ne crois pas me tromper en disant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir connu une situation pour pouvoir décrire l’émotion qui y est rattachée. Appelons cette habileté une « émotion transversale » (en référence aux compétences transversales du milieu scolaire.)! Il s’agit d'emprunter l'émotion ressentie dans une situation précise et de la transposer dans un autre contexte.

Voici un exemple :

Rachel se laissa tomber sur le canapé, ses jambes refusant de la porter davantage. Tout ce qui l’entourait perdit soudain de l’éclat et devint flou. Malgré la chaleur de l’été, la jeune femme frissonna, complètement glacée, comme si tout le sang dans ses veines avait cessé de circuler.

− C’est impossible… répétait-elle sans arrêt depuis qu’elle avait reçu cet appel.

Elle remonta ses genoux sur sa poitrine et les encercla de ses bras en y enfouissant son visage. Elle serra ses jambes de toutes ses forces, essayant de protéger son cœur de l'énorme main qui voulait s'en emparer et le presser comme un étau, jusqu'à ce qu'il éclate. La boule qui avait pris place au niveau de sa gorge se gonfla. Une boule de mots, de questions, de remords et de regrets. Une boule qui brûlait comme du venin.

− POURQUOI? cria-t-elle autant que ses poumons le lui permirent, tentant du même coup de cracher le poison. POURQUOI MARC!!!

Lorsqu’elle releva la tête, ses joues étaient inondées de désespoir. Elle se laissa glisser sur le sol où elle se recroquevilla, secouée d’incontrôlables sanglots. Elle frappa et frappa encore le plancher de ses poings, ignorant la douleur qui irradiait ses mains. Pendant de longues minutes, elle hurla sa souffrance et son mal-être. Puis l’épuisement fit son œuvre et installa en elle un calme amer. Cependant, rien ne put endormir son chagrin.

Je n’ai jamais perdu mon conjoint, ni un membre de ma famille ou encore un ami proche. J’ai, par contre, vécu des expériences qui m'ont confrontée à de profondes inquiétudes et à une angoisse intense. Je n’ai eu qu’à repenser à ces tristes événements pour faire ressurgir mes souvenirs tant émotionnels que physiques. Ce n’est pas un processus toujours facile à appliquer, je dirais même qu'il est plutôt souffrant, mais combien libérateur! En fait, c'est une thérapie en soi.

Je me serais volontiers passée de certaines des épreuves que la vie a mises sur mon chemin et je mentirais en disant que je suis heureuse qu’elles me soient arrivées. Mais, voilà, je les ai vécues et elles font désormais partie de moi. Aussi bien en profiter!

Bonne écriture!

Isabelle

mercredi 1 septembre 2010

Écriture et guérison

En juillet 2008, nous avons perdu notre chat Pasha. Il partageait notre vie depuis janvier 2000. Huit ans! Et son décès m'a profondément bouleversée, puisque ce chat m'a aidée à traverser des moments difficiles : épuisement professionnel et problèmes de santé chronique, tant émotionnelle que physique. Souvent, quand je me sentais déprimée, ou très mal dans ma peau, Pasha venait me rejoindre, montait sur mes genoux ou s'assoyait derrière moi sur ma chaise et se mettait à ronronner. Simplement. Sa présence me réconfortait. Chère petite créature de Dieu... Sa perte fut éprouvante. Car je perdais un ami. Je l'ai pleuré longtemps. Les semaines passaient, et cette tristesse ne me quittait pas. Dès que je repensais à lui, la boule dans ma gorge se reformait et d'autres larmes s'écoulaient de mes yeux. Puis un jour, je me suis dit qu'il fallait que je tourne la page, que je guérisse de la perte de mon chat adoré que je croyais invincible (jamais il n'était malade...). 

Je me suis donc assise dehors avec mon portable et j'ai écrit durant tout un après-midi. J'ai inventé une histoire d'une fille qui avait perdu son chat et j'y ai mis toutes les émotions que j'avais vécues, tous les détails de mon expérience. J'ai évacué. Cette tristesse devait sortir de moi, car elle m'empêchait d'être heureuse. J'étais encore trop attachée à mon chat, à sa présence lumineuse et réconfortante dans ma vie. Je m'ennuyais de lui. Je voulais qu'il revienne... Les pertes font mal, vous savez, c'est comme une coupure, tranchante, nette, définitive. Pourtant, je sais qu'il n'est pas mort : l'âme, elle, continue de vivre, quelque part dans un autre monde, ou dans un autre corps, peut-être d'un chat, d'un chien, d'un dauphin... ou d'un être humain! Mais ma relation avec Pasha, elle, dans ce monde-ci, était définitivement terminée... J'ai tout écrit. 

Puis j'ai guéri. Les jours qui ont suivi, lorsque je repensais à mon chat, je n'avais plus envie de pleurer, ma tristesse s'était envolée... L'émotion était sortie de moi, j'en étais libérée. 

Le médium de l'écriture peut servir différents buts : d'abord à guérir, en insufflant dans nos personnages les émotions tenaces et dérangeantes qui nous empêchent d'être heureux, puis aussi à faire passer de beaux moments aux lecteurs, en les instruisant, en les émouvant, les faisant rire, pleurer, en élevant leur conscience par notre prose, notre poésie, notre amour pour raconter des histoires.  

Et vous, vous est-il déjà arrivé de guérir grâce à l'écriture? J'aimerais vous entendre... vous lire!

Merci d'être là et de me lire.
À bientôt,
Annie xxx...  

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