jeudi 29 juillet 2010

ENTREVUE virtuelle avec MATHIEU FORTIN (2ème partie)

Voici la dernière partie de notre entrevue avec l'écrivain MATHIEU FORTIN.


Les livres de Mathieu et le monde de l’édition

Roman en chantier Parmi tous vos projets, duquel êtes-vous le plus fier? Pourquoi?

Mathieu Fortin : La saga Entités, toujours en cours d’écriture. Le manuscrit soumis était un très mauvais manuscrit, mais j’ai beaucoup travaillé, avec ma directrice littéraire, et j’ai appris énormément sur la réécriture et l’idéation du premier tome. C’est un projet qui, même s’il n’a pas encore trouvé son public, est le plus ambitieux truc que j’ai écrit jusqu’à maintenant : des tomes assez volumineux, une saga avec des dizaines de personnages, des technologies psychiques, des monstres à profusion, un monde parallèle, le tout dans un contexte le plus réaliste possible. La saga devrait comporter 7 romans, mais la suite ne fera qu’effleurer l’univers ainsi développé. J’ai bien l’intention d’aller explorer ensuite d’autres périodes du même univers, dans le passé. J’adore la façon dont des auteures comme Marion Zimmer Bradley et Anne McCaffrey ont développé leurs univers de Ténébreuse et Pern, en publiant des romans qui traitent de différentes périodes historiques de leur univers. On peut, comme lecteur, lire alors dans l’ordre de publication ou dans l’ordre chronologique de l’histoire, ce qui peut apporter des perspectives et des jeux intéressants.

Roman en chantier Lequel de vos personnages vous a-t-il fait le plus évoluer? Expliquez en quoi il vous a fait grandir.

Mathieu Fortin : Je ne sais honnêtement pas quoi répondre à cette question. J’aime particulièrement certains personnages, comme Adrien, dans Le loup du sanatorium, un jeune homme qui n’a jamais su comment parler avec ses amis de sa malédiction (c’est un loup-garou) et qui a une relation d’amour/haine avec son père qui est décédé alors qu’Adrien apprenait qu’il pouvait se transformer. L’enfant qu’il était et l’homme qu’il est devenu sont marqués par cet événement, qui tourne autour d’un thème que j’aime beaucoup, celui de la relation parent/enfant (surtout maintenant que j’ai moi-même un petit bébé). Le personnage de Urian, dans la saga Entités, qui ne sait pas comment parler avec son père colérique pour que ce dernier comprenne qu’il doit céder la place et prendre sa retraite, touche au même thème. J’ai aussi aimé travailler avec deux personnages, Sébastien (dans Le mâle idéal) et Vincent (dans Le Serrurier), qui se questionnent sur le désir et l’amour. Sébastien, qui fait le choix de tromper sa femme et comprend qu’il est trop tard pour reculer lorsque c’est fait. Je l’ai approché par le biais du fantastique, mais la morale demeure la même : certains choix sont irréversibles. Vincent, lui, peut choisir, mais il représente les choix qu’on regrette, car on les fait en étant dans un état de confusion émotionnelle. J’aime beaucoup ces quatre personnages, qui sont des aspects des questionnements et des réflexions que j’ai eu besoin de faire dans la vie. Comme quoi la littérature, qu’elle soit générale ou de genre, puise quand même dans l’autobiographie!


Roman en chantier : Pour qui écrivez-vous? Les adultes? Les enfants? Les adolescents?

Mathieu Fortin  : Pour les lecteurs! Mes romans pour ados, même mes romans pour les 9-12 ans, peuvent plaire aux adultes, car mes intrigues sont quand même toujours un peu tordues et complexes. J’écris en principe pour les « jeunes adultes », la catégorie des 15-25 qui cherche des histoires qui bougent et des romans d’aventures remplies d’émotions fortes. Ceux qui cherchent le sens profond de la vie devront regarder ailleurs, car je n’ai pas peur de dire que je fais dans la littérature de divertissement et non pas dans la « grande » (et emmerdante) littérature générale.


Roman en chantier : Combien de livres avez-vous écrits en tout?

Mathieu Fortin  : Aucune idée. Une trentaine, peut-être. Si on inclut les petits romans pour les 8-10 ans, peut-être plus. Je n’ai pas un registre précis parce que plusieurs trucs ne seront jamais publiés, car ils ont été produits alors que j’étais trop jeune.


Roman en chantier : Le titre de votre plus récente parution.

Mathieu Fortin : Le Serrurier, éditions Coups de tête. Un thriller fantastique se déroulant à deux époques, dans deux endroits : Florence, en 1696, et Trois-Rivières, en 2006.

Roman en chantier : À quelles maisons d’édition vos livres ont-ils été publiés?

Mathieu Fortin : J’ai publié jusqu’à maintenant aux éditions Les Six Brumes (1 titre + 1 à venir), les éditions Z’ailées (3 titres + 1 à venir), les éditions Coups de tête (2 titres) et les éditions Trampoline (la saga Entités dont 1 titre est paru et le second sort en novembre). J’ai un contrat signé avec une autre maison pour une trilogie de fantasy qui devrait paraître probablement en 2012.

Les lectures de Mathieu

Roman en chantier : Que lisez-vous? Quels sont les auteurs qui vous inspirent le plus?

Mathieu Fortin : Un peu de tout. Je suis tombé dans la bit-lit pour adultes dernièrement, un genre de fantasy urbaine mettant en vedette des filles, des garous et des vampires. Ce n’est pas tant pour les histoires « de filles » que pour les ambiances développées par les écrivaines comme Richelle Mead, Patricia Briggs, Ilona Andrews… Je me suis aperçu que j’écrivais ce genre de fantasy urbaine et je sais maintenant comment mener à bien les deux manuscrits que j’ai et qui mettent en scène ce genre de belles créatures paranormales et qui dorment dans mon ordi depuis 2005.
Sinon, du fantastique, de l’horreur, mais des trucs qui bougent. J’ai délaissé le fantastique uniquement basé sur l’ambiance et le style d’écriture parce que ça m’ennuie trop souvent, sauf quand l’intrigue est réellement bien montée.
J’ai un faible pour la fantasy historique à la Gavriel Kay et la science-fantasy comme la pratique MZ Bradley et Anne McCaffrey. J’aime beaucoup la SF intelligente mais sensible, comme celle de Daniel Sernine ou de Francine Pelletier, et la versatilité d’un Joël Champetier. J’aime beaucoup les auteurs qui ont une voix, comme Edouard H. Bond, Véronique Marcotte, Matthieu Simard, Emcee Gee et quelques autres « jeunes auteurs » québécois de littérature plus générale (mais pas de la classe emmerdante).
Côté jeunesse, j’aime beaucoup ce que fait Michel J. Lévesque et j’ai découvert Yanik Comeau ce printemps, dans une série que j’aime beaucoup.

Les conseils de Mathieu 

Roman en chantier : Selon vous, quelles sont les principales qualités pour devenir un auteur qui publie?

Mathieu Fortin : Apprendre à réécrire et à comprendre comment rendre un récit plus profond et intéressant. Cependant, la publication n’est pas un gage de qualité littéraire. Publier signifie qu’on a convaincu UN lecteur de la valeur de notre projet, ce qui ne signifie pas que le projet ait une valeur pour le lectorat. Mais les qualités essentielles sont persévérance, humilité, patience, travail, ténacité.

Roman en chantier : Quel serait le meilleur conseil que vous donneriez à un jeune écrivain désireux de percer dans ce métier?

Mathieu Fortin : Se trouver un bon emploi qui paie bien et qui permet de se dégager du temps et de l’énergie pour écrire. Car c’est malheureusement la meilleure façon d’écrire sans crever de faim.

Roman en chantier : Merci Mathieu ! Ce fut un plaisir de « parler » avec toi...

Ceux et celles qui aimeraient connaître encore plus Mathieu Fortin, vous pouvez suivre son blogue Les archives du Sanatorium. Vous avez juste à cliquer ICI.

Vous êtes intéressés par son dernier roman, Le Serrurier, cliquez sur Librairie Morin, vous l'y retrouverez. Et bonne lecture !

Je vous remercie d'être là et de me lire.
À bientôt,
Annie xxx...

lundi 26 juillet 2010

Denières mises à jour du blog

À lire :

— Nouvelles définitions dans « Le jargon de l'écrivain »
— Ma critique d'Amour et Jules dans « Mes lectures du moment »
— Nouvelles trouvailles, petits trésors littéraires, dans « Mes trouvailles »

Merci d'être là et de me lire,

Annie :o) xxx...

Les points de vue, quelle affaire ! (2ème partie)


Le narrateur omniscient est celui qui connaît tout de tout dans votre histoire. Imaginez-le assis près d'un feu en train de raconter son récit, nous faisant ressentir l'histoire qui se déroule derrière les personnages en même temps qu'il nous révèle ce qui se passe dans leur tête et dans leur coeur.

Pour vous illustrer ce qu'est un narrateur omniscient, reprenons la situation de Murielle qui apprend par un policier venu cogner à sa porte que son mari François et sa fille aînée Joudie sont morts dans un accident de voiture. (voir billet du 21 juillet)


2) PDV à la troisième personne (narrateur omniscient) :


Ce matin-là, un soleil de plomb réchauffe la ville, le temps est radieux, les fleurs épanouies et les odeurs d'herbe coupées embaument l'air de la rue Traverse. Des cris joyeux d'enfants jouant sur le trottoir accompagnent le chant des chardonnerets qui bondissent d'un sapin à l'autre. La vie est tranquille sur cette rue alors qu'à l'autre bout de la ville, des ambulanciers tentent par tous les moyens d'extraire deux corps aux membres déboîtés d'une Volvo accidentée. Le calme de la rue Traverse est cependant rompu par la venue d'une voiture de police qui se gare devant la maison jaune aux volets orange brûlé. Une maison coquette cerclée par une haie de jeunes cèdres.
L'agent Luc Malouin ôte ses lunettes fumées et soupire. Il appréhende ce qu'il va faire. Il redoute surtout les cris et les pleurs... Il fixe la rue devant lui en glissant sa grosse main dans ses cheveux courts, puis il sort de la voiture.
Pendant qu'il marche à pas lent vers l'entrée de la maison, à l'intérieur, Murielle, trente ans, cheveux bruns, yeux verts, vérifie fébrilement la terre des plantes de la cuisine. Dix minutes plus tôt, elle vidait les poubelles et comptait les valises. Tout devait être prêt avant leur départ. Un voyage à la mer. La mer... Depuis le temps que j'en rêve. Y être en famille ! Puis elle fouille nerveusement ses poches. Voyons, où je l'ai mise ? Elle se retourne. Sa liste est là, sur le comptoir. Elle la prend et la scrute. Après un moment, elle sourit : tout est coché. Elle jette un oeil sur l'horloge : 13 h 25. Que font-ils ? Ils devraient être là depuis au moins dix minutes. François, son mari et sa fille Joudie sont partis acheter une trousse de premiers soins, ce qui manquait pour compléter leur bagage.
— Marcus ? dit-elle.
—...
— Marcus ? Où es-tu ?
Aucune réponse. Elle se rend au salon et soupire d'impatience en voyant son fils de 6 ans toujours assis par terre, entouré de ses montagnes de Légos, près de la chienne Alice endormie.
— Qu'est-ce que tu fais ?
Elle se penche vers lui.
— On part bientôt et tu joues encore. Pourquoi ? Tu n'as pas hâte de plonger tes pieds dans l'océan ?
Marcus ne répond pas et ne sourit pas non plus, il s'applique à la construction d'une tour entièrement rouge. Un frisson saisit Murielle.
— Serre tes choses, mon grand, dit-elle d'une voix secouée. Et réveille Alice pour qu'elle soit prête...
Ding Dong !
Alors qu'elle se relève pour aller répondre, l'agent Luc Malouin essuie ses mains moites sur son pantalon, de l'autre côté de la porte. Une porte jaune serin. Et plus loin, dans la ville, le corps ensanglanté d'un homme de quarante ans et celui désarticulé d'une fillette gisent sur des civières.
Murielle ouvre.
— Madame Dutamoine ? commence-t-il.
— Oui, c'est moi.
Il la regarde avec sollicitude et lui prend délicatement les mains.
— J'ai le regret de vous annoncer, murmure-t-il, que votre mari et votre fille ont eu un grave accident de voiture. Vous devriez me suivre.
Murielle demeure immobile, le regard vide. Elle tremble. L'agent Luc Malouin aimerait tout lui dire, mais une fois de plus, il est incapable de révéler la vérité. Incapable...
Murielle plonge alors ses yeux humides dans les siens.
— Ils sont morts ?
Il baisse la tête et souffle :
— Suivez-moi, s'il vous plaît.
Elle se précipite dans le salon.
— Marcus, dit-elle d'une voix sèche, il faut partir, amène Aline.

On utilise ce PDV quand on veut montrer la vie intérieure de plusieurs personnages, et quand on veut montrer une vue globale de l'action, comme la vision d'un oiseau survolant la ville et ayant une vue panoramique de ce qui se passe. Ce narrateur peut efficacement se promener d'un personnage à un autre, d'une place à une autre, comme il convient à l'action. Cette narration aide à faire des transitions tout en douceur entre différents événements qui se déroulent simultanément (pendant que Luc marchait, Murielle vérifiait...). Vous avez une plus grande latitude dans la présentation de l'action et des descriptions, dans une scène, parce que vous n'êtes pas confiné à la perception d'un personnage ou plus.

Pour apprendre ce type de narration, lisez la série Charles Le Téméraire d'Yves Beauchemin, notamment le premier tome de cette série (qui, selon moi, est le meilleur, soit dit en passant).
Je vous le rappelle. La scène écrite ci-haut est un premier jet, avec toutes ses faiblesses. Elle se veut simplement un exemple d'une histoire racontée par un narrateur omniscient. Merci de votre indulgence.

La suite dans les prochains billets.

Merci d'être là et de me lire.

Annie :o) xxx...

vendredi 23 juillet 2010

ENTREVUE virtuelle avec MATHIEU FORTIN (1ère partie)



Ce billet est le premier d'une série fort intéressante, qui vous fera connaître des écrivains d'ici et d'ailleurs. Pour les entrevues, Isabelle et moi avons préparé une liste de questions traitant de sujets qui nous passionnent sur l'écriture. Les thèmes abordés seront la relation de l'auteur avec l'écriture, son processus créatif, ses livres et le monde de l'édition, ses lectures et, pour terminer, ses conseils destinés à ceux et celles qui aimeraient un jour devenir auteurs.



C'est avec un immense plaisir que je vous présente MATHIEU FORTIN, auteur de sept romans, résidant à Nicolet. Mathieu a accepté de jouer le jeu de l'entrevue virtuelle ! Et nous lui en sommes extrêmement reconnaissantes. MERCI MATHIEU !

La relation de Mathieu avec l'écriture


Roman en chantier : À quel moment dans votre vie s'est manifesté votre désir d'écrire et à quel moment avez-vous commencé à écrire ?

Mathieu Fortin : J'ai le souvenir d'avoir répondu, en première secondaire, à la question « Quels sont tes loisirs ? » par « je lis et j'écris ». Je sais que lorsque j'étais au primaire, j'ai découvert, dans un vieux coffre dans le sous-sol chez mes parents, les journaux étudiants où mon père avait commis quelques articles (sous pseudonyme... ce n'était peut-être pas lui, mais c'est ce qu'il m'a dit!) et je m'étais alors dit que s'il avait écrit, je le ferais aussi. J'étais très enthousiasmé par l'idée d'avoir deux passions héritées de mes parents : l'écriture pour mon père et la lecture pour ma mère. Depuis que j'ai commencé à écrire de petites histoires, je n'ai jamais arrêté et l'écriture a pris de plus en plus de place dans ma vie, jusqu'à devenir un métier. J'étais ado et j'ai reçu une machine à écrire qui permettait de sauvegarder les textes sur une disquette, et c'est ainsi que ça a vraiment débuté.

Roman en chantier : Et maintenant, est-ce que l'écriture est devenue un besoin pour vous ? Si oui, dites-nous pourquoi ?

Mathieu Fortin : Oui, un besoin. Parce que les projets s'accumulent dans ma tête, sinon. J'écris parce que j'ai envie que ces histoires, ces personnages et leurs relations vivent en dehors des dédales obscurs de mon esprit.

Roman en chantier : Écrivez-vous à temps plein ? Ou en parallèle avec un autre métier ?

Mathieu Fortin : Écrire à temps plein serait tellement merveilleux ! Heureusement, j'ai la chance d'avoir un emploi dans le domaine culturel qui est stimulant. Comme ma copine est déjà pigiste (elle est graphiste en édition et illustratrice), nous avons fait le choix, pour le moment, que j'écrive à temps partiel, même si, en nombre d'heures, on pourrait dire que oui, j'écris à temps plein !

Roman en chantier : Quelle est votre routine d'écriture (Écrivez-vous le matin, l'après-midi, le soir ou pendant la nuit ? Combien d'heures par jour ? De quoi vous entourez-vous pour écrire ? De photos ? De plantes ? De toutous ? De vos chats ? Écrivez-vous à la maison ou dans les cafés, dans les parcs ou en plein coeur de la nature ? Avez-vous un espace juste pour vous ? Si oui, à quoi ressemble-t-il ? Etc.)

Mathieu Fortin : J'aime écrire dans des cafés, mais aussi sur mon balcon, le soir ou tôt le matin. Cependant, avec le petit bébé que nous avons à la maison, je profite de chaque moment, peu importe où et quand, pour travailler dans mes divers projets. Je n'ai pas de rituels précis : j'écris, c'est tout.

Roman en chantier : Quelle partie dans la création d'une histoire préférée vous ? La gestation, le premier jet, le développement des personnages, la réécriture, etc. ? Expliquez-nous pourquoi ?

Mathieu Fortin : Mon moment préféré, c'est quand les éléments se mettent en place et que hop ! On a trouvé exactement la bonne twiste pour mener l'histoire jusqu'au bout et bien manipuler le lecteur. Je ne travaille pas avec un plan très précis, car je suis incapable de trop prévoir, ça gâche mon plaisir d'écriture. Je préfère partir avec quelques idées, des personnages et voir où ça va me mener et comment je vais faire pour intégrer des idées qui naissent en chemin dans le schème général.

Roman en chantier : Si vous aviez à utiliser une métaphore pour décrire le type d'écrivain que vous êtes, quelle serait-elle ?

Mathieu Fortin : Je ne sais pas vraiment ce que je dirais... Travaillant, c'est certain, et j'aime provoquer les lecteurs avec des émotions fortes. J'aimerais que mes lecteurs ressentent les mêmes sentiments d'émerveillement et d'excitation qu'ils peuvent ressentir en regardant des films.

Roman en chantier : Comment qualifiez-vous votre relation avec l'écriture ?

Mathieu Fartin : Amour et haine, parfois angoisse. L'écriture me procure l'amour et parfois la haine, et la publication m'apporte l'angoisse de savoir que les livres seront lancés dans le vaste monde.


Le processus créatif de Mathieu


Roman en chantier : Comment visualisez-vous votre manière de créer ? (Par exemple Mireille Pochard, dans son livre Écrire une nouvelle et se faire publier, explique que lorsqu'elle écrit, elle visualise une pelote, elle imagine que tout est déjà à l'intérieur d'elle, qu'elle ne crée rien, qu'il suffit de dévider... Ce qui n'exclut pas quelques noeuds qu'il faut défaire pour avancer !) Qu'en est-il avec vous ?

Mathieu Fortin : « J'ai vu un ange caché dans la pierre et j'ai gossé pour le libérer ». Je ne sais pas de qui est cette phrase, mais elle représente bien ce que j'ai l'impression de faire : mes idées et mes personnages m'amènent à des situations et je travaille à partir de ça pour trouver jusqu'où aller, en enlevant ce qui cache des révélations et les revirements. Il faut seulement s'assurer, dans ce cas-là, d'enlever les bons morceaux aux bons moments et ne pas avoir peur de creuser plus loin pour aller jusqu'à la forme qui se cache tout en dessous.

Roman en chantier : Comment naissent vos histoires ? Est-ce le personnage qui arrive en premier, l'intrigue, la situation, une atmosphère, un décor ? Est-ce vous qui décidez de l'histoire ou vos personnages ? Utilisez-vous un plan pour écrire ? Ou au contraire, écrivez-vous votre premier jet en vous fiant à ce qui vient tout simplement, à votre inspiration ? Comment procédez-vous ?

Mathieu Fortin : Souvent, c'est une situation où une phrase, ou le désir d'utiliser une anecdote, une situation où un flash, une idée brève mais très précise, qui me vient en tête. En réfléchissant, je trouve des situations connexes, des personnages intéressants et j'écris un premier jet en sachant habituellement assez vaguement vers où je m'en vais. C'est en cours de route que je m'arrête pour faire le plan et réfléchir sur la suite des choses. Je travaille aussi souvent avec un « post-plan » : je schématise après avoir écrit beaucoup et je trouve des angles ou les différentes voies que je vais explorer dans la deuxième version, qui sera le matériel avec lequel je pourrai réellement travailler pour arriver au manuscrit publiable.

Roman en chantier : Vraiment intéressante, cette façon de faire ! Mais comment procédez-vous pour vous immerger dans la conscience de vos personnages et réussir à les ressentir de l'intérieur ?

Mathieu Fortin : Très simple : je relis les derniers paragraphes et je prends un temps d'arrêt.

Roman en chantier : Jusqu'à quel point la part de votre inconscient est-elle présente dans votre écriture ? (Y faites-vous confiance ? Comment travaillez-vous avec lui ? Durant le premier jet ? À chacune des étapes de la création de votre histoire ? Comment le visualisez-vous ? Une fée avec une baguette magique? Un maître écrivain assis sagement à son bureau au sommet d'une montagne ? Comment qualifiez-vous votre relation avec votre inconscient ? Etc.)

Mathieu Fortin : Je fais toujours confiance aux idées qui apparaissent pendant que j'écris, mais je suis très peu « mystique » face à l'écriture. Les idées naissent, on les questionne, elles font naître de nouvelles idées et on brasse le tout pour en sortir la meilleure histoire possible. C'est plutôt cartésien comme approche : pas de bougies, de sacrifices d'animaux ou d'ambiance romantico-clichée. C'est moi, mes idées, mes doigts, mon clavier. S'il se glisse parfois des trucs de mon enfance ou des événements qui m'ont marqué, je les vois plus tard, lorsque je relis ou que des lecteurs me parlent de mes romans.

Roman en chantier : Quels sont vos trucs pour annihiler l'effort de votre critique intérieur à saboter votre écriture ? (Quandvous êtes bloqués, que faites-vous pour vous en sortir ?)

Mathieu Fortin : J'attends. La solution vient toujours. Ou j'écris une scène située plus loin, quitte à la jeter à la poubelle si elle ne sert pas, finalement. J'ai souvent une approche par scènes, comme lorsqu'on écrit des scénarios pour la télé ou le cinéma. Les scènes peuvent parfois être déplacées pour augmenter la tension ou changer la progression dramatique, ce qui me permet d'écrire, parfois, dans le désordre. Ce qui fait qu'il est rare que je sois bloqué, parce que j'ai toujours d'autres scènes sur lesquelles réfléchir ou avancer.
Voilà, ceci termine la première partie de notre entretien avec l'auteur MATHIEU FORTIN.
La seconde partie viendra dans un prochain billet.
Merci d’être là et de nous lire !
Annie xxx...

mercredi 21 juillet 2010

Les points de vue, quelle affaire ! (1ère partie)


J'ai envie de vous parler des points de vue (PDV) narratifs.

Savez-vous ce que c'est ? Il en existe plusieurs. Les voici.

1) PDV à la première personne : c'est quand l'histoire est racontée au « Je », c'est-à-dire quand le narrateur de l'histoire est un personnage (principal ou secondaire) de l'histoire.

2) PDV à la troisième personne : c'est quand l'histoire est racontée au « Il », c'est-à-dire par un narrateur extérieur à l'histoire. Dans cette catégorie, il existe quatre sous catégories. Les voici.

a) Narrateur omniscient : il est partout, sachant tout de tout, plongeant dans la conscience de tous ses personnages, connaissant leur passé, leur futur, comme un Dieu Tout Puissant !

b) Narrateur omniscient limité : jouissant des qualités du narrateur omniscient, celui-ci, par contre, n'entre dans la conscience que d'un ou deux personnages, comme dans les histoires d'amour (le héros et l'héroïne).

c) Narrateur subjectif fixe : ce narrateur raconte l'histoire du point de vue de son personnage principal comme celui à la première personne. En fait, si vous prenez un récit narré au « Je » et que vous le transposez au « Il », vous obtenez une narration subjective fixe. Dans cette sous catégorie, il existe deux options : narrateur subjectif fixe et narrateur subjectif multiple. Dans ce dernier, habituellement chaque chapitre du livre est raconté du point de vue d'un personnage différent, comme dans les livres d'Élizabeth Georges ou de John Le Carré.

d) Narrateur objectif : ce narrateur n'entre JAMAIS dans la conscience des personnages, il est totalement à l'extérieur de l'histoire, il ne décrit que ce qu'il voit et entend : les gestes, les mimiques et les paroles des personnages, les décors avec leurs couleurs, leurs senteurs et leurs bruits... Il peut connaître l'avenir et le passé des personnages, mais « en aucun moment il ne révèle leurs pensées et leurs sentiments, leur attitude, leurs préoccupations, leurs obsessions, leurs désirs ou leurs projets. Tout ce qui participe du fonctionnement interne des personnages est résolument exclu de la narration (...) Ce narrateur écrit d'une manière journalistique, comme un reporteur. » Mes secrets d'écrivain d'Élizabeth Georges.

Maintenant, laissez-moi vous illustrer chacun de ces PDV avec la situation suivante.

Une femme, qu'on va appeler Murielle, apprend par un policier venu cogner à sa porte que son mari François et sa fille ainée Joudie sont morts dans un accident de voiture. L'action se déroule dans la matinée, sous un soleil radieux, en plein coeur d'un été chaud. Dans la maison, il y a la vieille chienne Alice qui dort dans le salon à côté du petit Marcus, âgé de six ans, qui joue avec ses Légos.

1) PDV à la première personne :

Bon, tout est prêt. Les valises, le chien, la maison, les poubelles, les plantes... Je n'ai rien oublié, là. Je fouille nerveusement dans mes poches. Voyons, où est-ce que je l'ai mise ? Puis je la vois, sur le comptoir, ma liste. Je la prends et la scrute. Non, tout est coché ! Hoooo ! Je suis toute énervée ! J'ai tellement hâte de partir ! Enfin, la mer ! La mer... Depuis le temps que j'en rêve. Y être en famille ! J'espère que François et Joudie vont arriver bientôt. On part dans moins d'une heure. Où est Marcus ?
— Marcus !
— Je suis dans le salon.
J'espère qu'il a commencé à ranger ses jouets. Je lui ai pourtant dit de le faire. Une fois dans le salon, je soupire d'impatience.
— Marcus ! Qu'est-ce que tu fais ?
Je m'accroupis près de lui et de sa montagne de Légos.
— On part bientôt et tu joues encore. Pourquoi ? Tu n'as pas hâte d'aller voir l'océan ?
Sans répondre, mon fils s'applique à la construction d'une tour entièrement rouge ! Des blocs ROUGES... Un frisson me saisit.
— Sers tes choses, mon grand, OK ? Et réveille Alice pour qu'elle soit prête...
Ding Dong !
Ah non ! J'espère que ce n'est pas des colporteurs ou des témoins de Jéhova, je n'ai vraiment pas le temps pour ça. Je vais ouvrir la porte et ouf ! ce n'est pas eux, mais un policier à l'air si grave qu'on dirait qu'il vient de perdre sa femme.
— Madame Dutamoine ?
— Oui, c'est moi.
L'homme me prend la main avec douceur. Mais qu'est-ce qu'il lui prend ? Sa main me glace, je n'aime pas ça. Ses yeux plongent dans mon regard et j'ai peur. Peur des mots qui sortiraient de sa bouche...
— J'ai le regret de vous annoncer, commence-t-il avec une voix si faible que je l'entends à peine.
Et pourtant chaque mot semble hurler dans ma tête, comme si je savais...
—... que votre mari et votre fille ont eu un grave accident de voiture. Vous devriez me suivre.
Je le regarde, ce qu'il n'a pas dit résonne trop fort en moi. Un silence bruyant, comme des marteaux géants frappant sur des murs de taule. Sur mon coeur, mon âme...
Les yeux de l'officier sont trop éloquents...
— Ils sont morts ?
Il baisse la tête, incapable de me répondre.
— Suivez-moi, s'il vous plaît.
Soudain, un froid immense m'envahit, un vide.
— Marcus, que je crie à mon fils. Il faut partir, amène Alice.


On utilise ce PDV pour faire entendre au lecteur une voix, celle du personnage, et pour montrer les émotions de ce dernier, ses pensées, son attitude, ses désirs... On est en plein coeur de la conscience du protagoniste. On est totalement dedans ! C'est le PDV le plus intime, le plus près du personnage. Si le but de l'histoire (et de l'auteur) est de montrer l'évolution d'un personnage dans ses émotions, ses pensées et ses attitudes, le PDV à la 1re personne est à privilégier.

Prenez note que le passage décrit ci-dessus est un premier jet, il n'est pas parfait... Merci de votre indulgence. Il se veut simplement un exemple de ce que c'est qu'une narration à la première personne.

La suite dans les prochains billets.

Merci d'être là et de me lire,
Annie xxx...

lundi 19 juillet 2010

PRÉFACES Les auteurs avant les livres


Nouveau blogue de Marie-Julie Gagnon.

Super captivant, stimulant, innovateur... La prémisse de ce blogue : « les premiers pas d'un auteur jusqu'à la publication de sa première oeuvre (même s'il en a publié 50!). » Son objectif est de « faire connaître les artistes d'ici (et d'ailleurs quand l'occasion se présentera) en mettant l'accent sur le processus créatif, mais aussi d'inspirer les écrivains en herbe. » N'est-ce pas intéressant ?

Marie-Julie le fait par la réalisation de courtes vidéos. L'auteur en vedette pour son premier clip est Patrick Dion, qui a lancé son premier roman, Fol allié, en février dernier. Elle nous présente cet auteur d'une manière rafraîchissante, innovatrice et humoristique ! Le montage, avec une bande sonore musicale rythmée, est dynamique et accrocheur. Je vous avoue que suite à ce visionnement, j'avais le goût de me précipiter vers une librairie pour me procurer le premier livre de monsieur Dion !! Je me promets de le faire...

Je lève mon chapeau à Marie-Julie pour cette belle initiative et l'en remercie de tout coeur.

Merci d'être là et de me lire.

Annie :o)

jeudi 15 juillet 2010

La tension dramatique dans les dialogues


Voici un dialogue entre deux personnages qui s'entendent bien.

Romain glissait un doigt sur la joue de Mélina.
— Que dirais-tu si on allait manger au Vietnamien, ce soir ?
Elle sourit.
— Oui, bonne idée, je vais apporter un vin rouge.
Romain la prit par la taille.
— Achète du vin sicilien, c'est le meilleur.
Elle effleura ses lèvres puis lui demanda :
— Comme celui que nous avions bu chez ta tante Jasmine ?
— Oui, je crois qu'à la SAQ du centre-ville, ils en vendent encore.
— Très bien, à quelle heure viens-tu me chercher ?
Il se dégagea d'elle pour prendre sa valise. Elle en fit autant de son côté. Et, main dans la main, ils sortirent du bureau.
— À la même heure que d'habitude, chérie, répondit-il enfin.

Comment vous sentez-vous, suite à ce dialogue ? Êtes-vous intrigués ? Voulez-vous savoir la suite ? Je présume que non, car, dans ce passage, pas grand-chose ne se passe. Le lecteur apprend juste qu'ils vont aller manger au Vietnamien, que ce couple semble heureux. Aucune tension, ici. Oui, la bonne entente existe, et on peut en mettre dans un récit, car il n'y a pas que le malheur dans la vie, mais honnêtement, ce n'est pas cela qui fera tourner les pages de votre livre par vos lecteurs.

Voici le même dialogue, avec quelques modifications.

Romain glissait un doigt sur la joue de Mélina.
— Que dirais-tu si on allait manger au Vietnamien, ce soir ?
Un horrible frisson la saisit. Elle trembla en affichant son plus beau sourire.
— Oui, oui, bien sûr, pourquoi pas?
Elle recula et prit sa valise sur le bureau. Romain fronça les sourcils.
— Tu adores cette cuisine, non ?
Elle lissa nerveusement sa mèche bleue derrière l'oreille.
— Oui, je te l'ai dit, c'est une bonne idée ! Allez, on y va...
Elle ramassa ses lunettes.
— Non, dit-il.
Il saisit son bras avec douceur et l'attira contre lui, puis il planta ses yeux dans les siens. Elle soupira. Ses iris verts la scrutaient, profondément.
— Quoi encore ? fit-elle, agacée. Tu veux manger, oui ou non ?
— Ça ne va pas, toi... Tu es bizarre.
Elle pouffa de rire en se dégageant de son étreinte. Son bras picotait là où il l'avait saisie. Elle se frotta.
— Mélina, qu'est-ce que tu as ? D'habitude, tu sautes de joie quand je t'invite au Viet.
— Je saute de joie, aussi, regarde.
Elle sautillait vers la porte, et tourna brusquement la poignée.
— Allez, viens, dit-elle sans le regarder. La soupe au cari nous attend.
Puis elle disparut dans le couloir.

Là, êtes-vous intrigués ? Aimeriez-vous connaître la suite ? OUI... Pourquoi ? Parce que nous ressentons une tension dans ce dialogue. Mélina cache quelque chose. Et nous voulons savoir quoi. De plus, son bras picotait là où Romain l'avait saisie. Pourquoi ? Ne l'avait-il pas pris avec douceur ? Et pourquoi faisait-elle de l'ironie ? En fait, Mélina n'exprimait pas ses vrais sentiments, et on veut en comprendre les raisons. Nous sommes donc poussés à tourner les pages pour connaître la suite.

Dans ce dialogue, il se passe quelque chose, il y a ce qu'on appelle une tension dramatique.

Si, comme auteur, vous voulez intriguer vos lecteurs, augmentez la tension pas juste dans vos dialogues, mais aussi dans vos scènes d'action, de description et celles où vos personnages réfléchissent.
Ce truc fonctionne.

Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...

mardi 13 juillet 2010

Le style ou l'histoire ?


Qu'est-ce qui importe le plus, selon vous ?

J'ai déjà lu, il y a quelques années, une auteure qui avait un style recherché, une façon particulière et étonnante de dire les choses, avec de belles phrases, un rythme et des métaphores, mais dont l'histoire ne m'a pas du tout accrochée. D'ailleurs, j'ai abandonné ma lecture, même si cette personne avait gagné un prix littéraire pour ce livre. Et cela m'a fait me questionner sur ce que les lecteurs recherchent finalement quand ils choisissent un livre.

UNE BONNE HISTOIRE ! Selon moi.

Je crois plus que jamais que les gens d'aujourd'hui désirent être transportés dans un autre monde, un autre univers, avec des personnages touchants, vibrants, drôles et authentiques, dont la vie les malmène, les teste dans leurs limites, leurs faiblesses, et les « brasse » un peu, les sortant de leur zone de confort afin qu'ils se surpassent.

Imaginez, si en plus cette histoire est racontée avec un style élégant, rafraîchissant, innovateur, cela serait purement génial !

Mais... ce ne sont pas tous les personnages qui décident d'aller au-delà de soi. Certains souffrent et ne voient pas d'issus au « brassage » de la vie. Comme Céleste dans Mademoiselle Personne, un roman écrit par Marie-Christine Bernard. Ce livre, cette histoire, ce style, je n'ai pas de mots pour les décrire. Je les ai vécus, voilà. On ne peut que les vivre. Pour la description de cette incroyable histoire, visitez Le Passe-Mot, Venise l'a faite d'une manière si divine !

Alors, ça existe, une excellente histoire alliée à un style époustouflant ! J'en suis ravie. Je dois tout de même vous avouer qu'en lisant le premier chapitre, j'ai éprouvé un pincement de jalousie. J'aurais aimé écrire aussi bien que Madame Bernard. Je me suis trouvée terne en relisant par la suite certains passages de La brûlure d'Adeline, mais je me suis vite raisonnée. Chaque auteur a son propre style et sa propre façon de dire et de voir la vie. Je n'en suis qu'à mon deuxième bébé littéraire. Je suis en train d'apprendre. Apprendre à retrouver l'écrivaine en moi, son souffle, son style, son expression, sa fluidité d'images et d'émotions... Je suis au début de ma carrière !

Alors, si vous avez le goût de lire une fichue bonne histoire d'amour, avec un style qui se vit, qui nous transporte sur les grèves gaspésiennes, avec ses odeurs, ses couleurs, sa musique, lisez Mademoiselle Personne, roman que j'ai dévoré en trois jours. Comme auteure, j'ai beaucoup appris sur la force évocatrice et la puissance des mots.
Je vous souhaite une enrichissante lecture et un très beau voyage au coeur de la Gaspésie !

Merci d'être là et de me lire.

Annie xxx...

lundi 12 juillet 2010

Petits trucs sur le dialogue


A) Ne dites pas avec « avec » :


Si, comme auteur, vous avez bien fait votre boulot avant une scène de dialogue, vous n'aurez pas à expliquer l'émotion de la personne qui parle.

Voici un exemple où l'on en dit trop :

Martin frappa la table d'un violent coup de poing.
— Quoi ! cria-t-il avec colère. Tu l'as laissé partir !

Le lecteur sait déjà qu'il est en colère parce qu'il l'a vu frapper la table. Le « avec colère » est inutile. On aurait pu écrire :

Martin frappa la table d'un violent coup de poing
— Quoi ! Tu l'as laissé partir !

On n'a pas besoin non plus d'écrire le « cria-t-il », car c'est assez évident qu'il est dans tout ses états, et que sa voix ne sera pas qu'un simple murmure...

L'important est de montrer l'émotion du personnage, de la faire vivre par vos lecteurs, et non de la dire ou de l'expliquer.

B) Évitez les incises :

Voici un dialogue alourdi par la surenchère d'incises.

— Je n'ai plus d'argent, annonça-t-elle.
— Comment ça ? demanda-t-il.
— On me l'a volé, répondit-elle.

Pourquoi écrire « demanda-t-il » suite à une question ? Le lecteur sait déjà que ce personnage pose une question. C'est de la redondance. Le « répondit-elle » est inutile, lui aussi, puisque la réplique qui suit habituellement une question est nécessairement une réponse.

— Je n'ai plus d'argent, annonça-t-elle.
— Comment ça ?
— On me l'a volé.

C) Incluez les gestes de vos personnages :

Dans le dialogue précédent, les lecteurs ne voient pas les personnages agir. Pourtant, dans la vraie vie, lorsqu'on parle, on bouge, on fait quelque chose, par exemple tripoter un crayon, regarder autour de soi, faire la cuisine, classer des dossiers ou marcher dans un parc. La gestuelle des personnages pendant un dialogue doit servir. Elle peut entre autres montrer aux lecteurs les émotions et les pensées du personnage ou ce qu'il tente de ne pas dire.

Anna s'avança timidement vers son père qui lisait le journal dans la cuisine. Ça sentait bon. Il avait fait des oeufs, du bacon et du café. Pour elle. Comme à tous les samedis matins. Et il l'attendait, une tasse à la main. La table était mise avec, au centre, la photo de sa mère. Sa mère... Son ventre se durcit.
— Je n'ai plus d'argent, annonça-t-elle.
Son père avala de travers sa gorgée.
— Comment ça ?
Elle prit place à côté de lui, évitant son regard qui tombait sur elle. Anna avait honte, elle ne voulait pas qu'il lise dans ses yeux, qu'il comprenne...
— On me l'a volé.
Il soupira en lui servant une portion d'oeufs brouillés. Sa fille venait de lui mentir, encore une fois. Il contempla un moment sa femme qui lui souriait sur la photo, et se sentit totalement désemparé.

Voilà, c'était les quelques petits trucs sur le dialogue que je désirais partager avec vous. J'espère qu'ils vous seront utiles.

Merci d'être là et de me lire.

À bientôt,

Annie :o) xxx

lundi 5 juillet 2010

Proposition d'écriture du mois de juillet


La proposition d'écriture du mois de juillet vous attend. Sortez votre coeur d'enfant et partez à la découverte du merveilleux. Imaginez une grosse roche. Dessous, un magnifique papillon aux ailes dorées, qui ne bouge plus. Pourquoi? Rentrez dans la peau, les émotions et les pensées d'une fillette de huit ans et vivez la situation de son point de vue. Voilà ce que je vous offre, pour ce mois-ci!

Amusez-vous, exprimez-vous, laissez-vous aller, libérez votre créativité...

C'est la vie qui jaillit du bout de votre crayon!

Bonne écriture!

Annie :o) xxx...

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