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samedi 8 mai 2010
Relation personnages/auteur
Sur la photo ci-jointe, il y a mon fils, Rafaël, âgé de 15 ans, et son chat, Kypoo. Depuis que Kypoo est à la maison, une belle complicité s'est établie entre eux, un beau lien d'amour basé sur le respect et l'écoute. Et cela m'a fait me questionner sur les liens que développe un écrivain avec ses personnages. Moi, par exemple. Suis-je une écrivaine qui contrôle ou suis-je celle qui laisse agir, parler et penser mes personnages comme ils le désirent, qui les respecte et les écoute ?
Je l'avoue, lors de l'écriture du premier jet d'Adeline, porteuse de l'améthyste, j'avais une idée en tête : je voulais que mon personnage principal en arrive à adhérer à certaines valeurs, celles qui m'étaient chères à mon coeur. Je l'ai donc forcé, sans m'en rendre compte, à agir en accord avec mes convictions. Mais en cours de réécriture, j'ai vite compris qu'Adeline, quoiqu’elle puisse avoir certains de mes traits, était une personne bien différente de moi. Elle est très rationnelle, alors que je suis très intuitive. Elle est pratico-pratique, alors que je suis rêveuse. Elle est très attachée à sa relation avec Jacob, je le suis aussi avec Pierre, mon conjoint, mais pas au point d'en avoir mal au ventre comme elle... (C'est ce qui arrive entre autres dans La brûlure d'Adeline) C'est ce qui nous diffère. Elle voit sa relation avec Jacob comme une jeune femme de 18 ans la voit, tandis que moi je perçois la mienne comme une femme de 42 ans. Nous ne partageons pas le même point de vue.
Elle n'est pas moi, et je la respecte. Je respecte qui elle est, et je la laisse être. C'est ça, l'amour, non ? Accorder tout l'espace à autrui pour lui permettre d'être au meilleur de lui-même. Et surtout, ne pas le juger. Qui suis-je pour imposer mes visions à mes personnages ? Certains répondront : « Tu es l'auteure, tu as tous les droits ! » Oui, je suis bien d'accord. Mais je préfère plutôt être témoin de leur évolution et de leur changement, qui devraient toujours se faire en accord avec leurs valeurs et leur nature profonde.
Martha Engber, dans son livre Growing Great Characters From the Ground Up, explique que la libre volonté accordée aux personnages est ce qui les rend imprévisibles, donc intéressants, excitants et bien vivants. Plus loin, elle ajoute que le personnage, lorsque nous lui permettons d'agir en accord avec sa nature, s'engage dans une chaîne d'actions crédibles, qui conduit inévitablement vers un conflit crédible, plus connu sous le nom d'intrigue. Ici, l'intrigue est basée sur le personnage et ses conflits.
Pour en arriver à bien connaître son personnage et ses conflits, il faut d'abord le développer. Le temps de le faire dépend de chaque écrivain. Certains le font avant l'écriture du premier jet, comme Elizabeth Georges nous l'explique dans son livre Mes secrets d'écrivain Écrire un roman, ça s'apprend !. D'autres, tel Stephen King, le font en cours d'écriture du premier jet et durant les nombreuses réécritures. Tôt ou tard, il faut y réfléchir, car le personnage est le coeur et l'Âme de votre intrigue.
Quant à moi, le développement d'Adeline s'est fait durant les nombreuses réécritures. Par des interviews, des dialogues internes avec elle et par plusieurs autres techniques, j'ai pu mieux la connaître et établir avec elle une relation basée sur le respect et sur l'amour, à l'image de celle que Rafaël entretient avec son chat Kypoo.
Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...
Quel billet intéressant,Annie! C'est vrai qu'il est difficile au début de laisser nos personnages être eux-mêmes.Respect et amour, voilà le type de relation que nous devons établir avec notre personnage!
RépondreSupprimerMerci Isabelle. Qui, sur Terre, aime se faire diriger ? On préfère tous avoir notre liberté de choix et d'actions, non ? Il en est de même avec nos personnages...
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