Voici un dialogue entre deux personnages qui s'entendent bien.
Romain glissait un doigt sur la joue de Mélina.
— Que dirais-tu si on allait manger au Vietnamien, ce soir ?
Elle sourit.
— Oui, bonne idée, je vais apporter un vin rouge.
Romain la prit par la taille.
— Achète du vin sicilien, c'est le meilleur.
Elle effleura ses lèvres puis lui demanda :
— Comme celui que nous avions bu chez ta tante Jasmine ?
— Oui, je crois qu'à la SAQ du centre-ville, ils en vendent encore.
— Très bien, à quelle heure viens-tu me chercher ?
Il se dégagea d'elle pour prendre sa valise. Elle en fit autant de son côté. Et, main dans la main, ils sortirent du bureau.
— À la même heure que d'habitude, chérie, répondit-il enfin.
Comment vous sentez-vous, suite à ce dialogue ? Êtes-vous intrigués ? Voulez-vous savoir la suite ? Je présume que non, car, dans ce passage, pas grand-chose ne se passe. Le lecteur apprend juste qu'ils vont aller manger au Vietnamien, que ce couple semble heureux. Aucune tension, ici. Oui, la bonne entente existe, et on peut en mettre dans un récit, car il n'y a pas que le malheur dans la vie, mais honnêtement, ce n'est pas cela qui fera tourner les pages de votre livre par vos lecteurs.
Voici le même dialogue, avec quelques modifications.
Romain glissait un doigt sur la joue de Mélina.
— Que dirais-tu si on allait manger au Vietnamien, ce soir ?
Un horrible frisson la saisit. Elle trembla en affichant son plus beau sourire.
— Oui, oui, bien sûr, pourquoi pas?
Elle recula et prit sa valise sur le bureau. Romain fronça les sourcils.
— Tu adores cette cuisine, non ?
Elle lissa nerveusement sa mèche bleue derrière l'oreille.
— Oui, je te l'ai dit, c'est une bonne idée ! Allez, on y va...
Elle ramassa ses lunettes.
— Non, dit-il.
Il saisit son bras avec douceur et l'attira contre lui, puis il planta ses yeux dans les siens. Elle soupira. Ses iris verts la scrutaient, profondément.
— Quoi encore ? fit-elle, agacée. Tu veux manger, oui ou non ?
— Ça ne va pas, toi... Tu es bizarre.
Elle pouffa de rire en se dégageant de son étreinte. Son bras picotait là où il l'avait saisie. Elle se frotta.
— Mélina, qu'est-ce que tu as ? D'habitude, tu sautes de joie quand je t'invite au Viet.
— Je saute de joie, aussi, regarde.
Elle sautillait vers la porte, et tourna brusquement la poignée.
— Allez, viens, dit-elle sans le regarder. La soupe au cari nous attend.
Puis elle disparut dans le couloir.
Là, êtes-vous intrigués ? Aimeriez-vous connaître la suite ? OUI... Pourquoi ? Parce que nous ressentons une tension dans ce dialogue. Mélina cache quelque chose. Et nous voulons savoir quoi. De plus, son bras picotait là où Romain l'avait saisie. Pourquoi ? Ne l'avait-il pas pris avec douceur ? Et pourquoi faisait-elle de l'ironie ? En fait, Mélina n'exprimait pas ses vrais sentiments, et on veut en comprendre les raisons. Nous sommes donc poussés à tourner les pages pour connaître la suite.
Dans ce dialogue, il se passe quelque chose, il y a ce qu'on appelle une tension dramatique.
Si, comme auteur, vous voulez intriguer vos lecteurs, augmentez la tension pas juste dans vos dialogues, mais aussi dans vos scènes d'action, de description et celles où vos personnages réfléchissent.
Ce truc fonctionne.
Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire