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lundi 12 juillet 2010

Petits trucs sur le dialogue


A) Ne dites pas avec « avec » :


Si, comme auteur, vous avez bien fait votre boulot avant une scène de dialogue, vous n'aurez pas à expliquer l'émotion de la personne qui parle.

Voici un exemple où l'on en dit trop :

Martin frappa la table d'un violent coup de poing.
— Quoi ! cria-t-il avec colère. Tu l'as laissé partir !

Le lecteur sait déjà qu'il est en colère parce qu'il l'a vu frapper la table. Le « avec colère » est inutile. On aurait pu écrire :

Martin frappa la table d'un violent coup de poing
— Quoi ! Tu l'as laissé partir !

On n'a pas besoin non plus d'écrire le « cria-t-il », car c'est assez évident qu'il est dans tout ses états, et que sa voix ne sera pas qu'un simple murmure...

L'important est de montrer l'émotion du personnage, de la faire vivre par vos lecteurs, et non de la dire ou de l'expliquer.

B) Évitez les incises :

Voici un dialogue alourdi par la surenchère d'incises.

— Je n'ai plus d'argent, annonça-t-elle.
— Comment ça ? demanda-t-il.
— On me l'a volé, répondit-elle.

Pourquoi écrire « demanda-t-il » suite à une question ? Le lecteur sait déjà que ce personnage pose une question. C'est de la redondance. Le « répondit-elle » est inutile, lui aussi, puisque la réplique qui suit habituellement une question est nécessairement une réponse.

— Je n'ai plus d'argent, annonça-t-elle.
— Comment ça ?
— On me l'a volé.

C) Incluez les gestes de vos personnages :

Dans le dialogue précédent, les lecteurs ne voient pas les personnages agir. Pourtant, dans la vraie vie, lorsqu'on parle, on bouge, on fait quelque chose, par exemple tripoter un crayon, regarder autour de soi, faire la cuisine, classer des dossiers ou marcher dans un parc. La gestuelle des personnages pendant un dialogue doit servir. Elle peut entre autres montrer aux lecteurs les émotions et les pensées du personnage ou ce qu'il tente de ne pas dire.

Anna s'avança timidement vers son père qui lisait le journal dans la cuisine. Ça sentait bon. Il avait fait des oeufs, du bacon et du café. Pour elle. Comme à tous les samedis matins. Et il l'attendait, une tasse à la main. La table était mise avec, au centre, la photo de sa mère. Sa mère... Son ventre se durcit.
— Je n'ai plus d'argent, annonça-t-elle.
Son père avala de travers sa gorgée.
— Comment ça ?
Elle prit place à côté de lui, évitant son regard qui tombait sur elle. Anna avait honte, elle ne voulait pas qu'il lise dans ses yeux, qu'il comprenne...
— On me l'a volé.
Il soupira en lui servant une portion d'oeufs brouillés. Sa fille venait de lui mentir, encore une fois. Il contempla un moment sa femme qui lui souriait sur la photo, et se sentit totalement désemparé.

Voilà, c'était les quelques petits trucs sur le dialogue que je désirais partager avec vous. J'espère qu'ils vous seront utiles.

Merci d'être là et de me lire.

À bientôt,

Annie :o) xxx

1 commentaire:

  1. Très intéressant, Annie! Quelques petits détails peuvent faire toute une différence! Merci :D

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