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samedi 18 septembre 2010

L'imagination: quelle méprise !

Le Petit Robert définit l'imagination comme suit :
1. Faculté que possède l'esprit de se représenter des images; connaissances, expérience sensible.
2. Faculté d'évoquer les images des objets qu'on a déjà perçus.
3. Faculté de former des images d'objets qu'on n'a pas perçus ou de faire des combinaisons nouvelles d'images (imagination créatrice).

La définition qui m'intéresse est la troisième, car les deux premières font référence à notre vie de tous les jours. « Former des images d'objets qu'on n'a pas perçus », des objets qui, autrement dit, n'existent pas dans notre monde physique, mais qui existe ailleurs puisque nous les percevons... Ailleurs? Mais où? La plupart des gens croient que lorsqu'on crée quelque chose, que ce soit un dessin, une chanson, une mélodie, une invention technologique, un personnage, une créature imaginaire, un poème, une pièce de théâtre, une histoire, une solution a un problème..., et bien, ils croient qu'ils l'ont trouvée dans leur tête, qu'ils l'ont créée, qu'ils l'ont INVENTÉE!
Depuis notre enfance qu'on nous dit que tout ce qu'on peut voir dans notre tête ce sont des images, ou des idées, que nous avons créées. Je vous préviens : tenez bien vos culottes, car c'est faux!! C'EST FAUX! On n'invente rien. Oui, je sais, j'entends déjà certains d'entre vous me dire : « On la connaît la chanson : tout à déjà été raconté, tout a déjà été dit... » Ce n'est pas de ça que je veux parler.

Imaginez que le monde dans lequel nous vivons n'est pas le seul, qu'il existerait autour de nous d'autres dimensions. « Bon, la voilà partie dans la science-fiction! » Non, moi, c'est ce que je crois, c'est ma vision personnelle. Quand je visualise une vache bleue avec des cornes et une queue de cheval, je la vois, elle existe. « Elle existe dans ta tête, Annie! C'est toi qui viens de l'inventer... » Non, c'est FAUX. Je ne viens pas de l'inventer. Ce n'est pas ça, l'action intérieure. C'est là qu'on se goure tous, qu'on nage en pleine méprise. Je ne l'ai pas imaginée, j'ai simplement mis mon attention sur elle. J'ai braqué mon oeil intérieur sur une réalité qui existe dans une autre dimension. Voilà ce qui est arrivé, pour vrai de vrai! 

Moi, je crois qu'on se trompe quand on dit que les choses qu'on voie dans notre tête, c'est nous qui les avons imaginées. Ce n'est pas ça qui se passe.

Suis-je la seule à penser de même?

Apparemment non. Stephen King l'a très bien expliqué dans son livre Écriture : « Les histoires ne sont pas des T-shirts souvenirs ou des jeux électroniques. Ce sont des reliques issues d'un monde préexistant, encore inconnu. Le travail de l'écrivain consiste à utiliser les outils de sa boîte à outils pour les extraire du sol, aussi intégralement que possible, en les laissant aussi intacts que possible. »
Et Christian Tétreault, dans les premières pages de son livre Je m'appelle Marie, avec la voix de sa fille, nous écrit ceci : « Papa prend des notes. C'est ce qu'il fait depuis toujours. Il prend des notes. Les gens autour de lui (ses patrons, ceux et celles qui lui confient des mandats d'écriture, ses collègues, les gens qui l'écoutent et le lisent) pensent qu'il crée. Il ne crée rien, il prend des notes. Il est en perpétuelle dictée. Toute sa vie, il s'est installé devant son clavier et a enchaîné les mots comme une sténodactylo. C'est son esprit qui ramène ces mots de la zone. Lui, il les inscrit dans le même ordre sans trop se poser de questions, il prend des notes, c'est tout. »

Selon ces deux auteurs, il existerait un monde invisible où l'écrivain a accès. King l'appelle un monde préexistant et Tétreault, la zone...

Donc, si je comprends bien la vision de King et celle de Tétreault, nous ne créons pas, nous manifestons, nous rapportons sous forme d'histoires ce que nous avons vu dans la zone ou dans ce monde préexistant. Ce qui vient confirmer ma pensée que le monde dans lequel nous vivons et les autres que nous ne voyons pas sont en fait des mondes FINIS, c'est-à-dire complétés en soi. Tout y est donc déjà créé! Et les êtres dotés d'une forte sensibilité et d'une vision intérieure claire ont cette facilité à contacter la zone...  

Bon... Prenez le temps de respirer, d'aller marcher. Peut-être que ce que je vous dis vous dérange. Et c'est normal. C'est une vision différente et elle est loin d'être orthodoxe. Et sachez que ce n'est pas LA VÉRITÉ, c'est MA vérité. Alors, prenez ce qui fait votre affaire et le reste, balancez-le aux oubliettes. 

Quand j'écris un premier jet d'une histoire, c'est comme si j'avais une fenêtre ouverte en permanence vers ces mondes. La page blanche ne me fait jamais peur. En tout cas, pas jusqu'à maintenant. Au contraire, elle est comme une invitation à me pencher sur elle, à y verser toutes ces histoires qui veulent sortir... 

Ce qui reste encore un mystère pour moi est la manière de rapporter, c'est-à-dire le mécanisme de l'esprit qui sous-tend cette action. Certains extraient des reliques, comme Stephen King, d'autres prennent des notes, comme Christian Tétreault. Il y a, à mon avis, autant de façons d'aller chercher ce qui existe dans ces autres mondes que d'artistes sur Terre. L'artiste est un être sensible. Et cette sensibilité est son outil pour contacter le monde invisible, la zone...

Aux sceptiques qui me lisent, expliquez-moi comment les grands musiciens, tel Mozart, ont été capables de composer leurs oeuvres avec autant de facilité. Les écrivains prolifiques, comment font-ils? Et ceux qui écrivent de la science-fiction ou des romans de fantasy avec des mondes qu'ils créent de A à Z, où vont-ils chercher leurs idées? Et les histoires pour enfants, ces contes fantastiques où l'action se déroule dans un monde imaginaire, où l'auteur prend-il son décor? Les génies, ceux qui ont fait avancer la science ou la technologie, comment ont-ils procédé pour trouver leur idée?

Autour de l'acte de créer subsiste un réel mystère. Chacun a sa propre explication. Vous venez de lire la mienne qui est, je l'avoue, très incomplète. Il me manque encore beaucoup de morceaux... 

Peut-être que finalement je me pose trop de questions, que je devrais plutôt accepter le fait que j'ai une imagination débordante et que tout ce que je viens d'écrire, dans ce billet, pourrait être le fruit de cette imagination! Peut-être...

Et vous, comment expliquez-vous le mystère qui entoure l'acte de créer?


Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...

6 commentaires:

  1. C'est vraiment intéressant cette réflexion et ça porte à réfléchir. Merci de l'avoir partagée.

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  2. J'étais incertaine, Audrey, j'avais peur. On ne sait jamais comment les gens vont percevoir ce qu'on écrit, surtout quand on parle de ce qui nous touche vraiment. Merci de ton commentaire, il me rassure. :o)

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  3. Ainsi, les écrivains (et tous ceux qui créent) sont ceux qui ont la faculté d'aller puiser dans cette zone?

    C'est une idée fort intéressante.

    Terry Pratchett parlait d'une pluie d'inspiration cosmique. Que nous étions tous bombardés occasionnellement de petites gouttelettes d'inspiration. Que ces gouttes se diluaient dans le crâne de la plupart des gens dès que des questions plus pressantes se faisaient sentir («hum... qu'est-ce qu'il y a pour dîner?»).

    L'écrivain, donc, est celui qui n'arrive pas à se débarrasser de ces idées (ou celui dont le frido est vide! haha!).

    En fait, ta théorie ressemble à celle de Platon. Je ne suis pas un expert sur la question, mais ça me fait beaucoup penser au «monde des idées» dont il fait mention.

    En ce qui me concerne, j'avais davantage l'idée d'un monde intérieur. D'un quelque chose qui jaillit depuis l'inconscient. Que les idées de bases, les images fortes, celles qui suscitent des émotions, sont toutes à l'intérieur. Que mon travail consiste à trouver le chemin pour libérer tout ça.

    Collaborer avec l'inconscient pour faire surgir l'idée de base (parfois, il est suffisamment aimable pour se manifester de lui-même), puis la modeler sans relâche, l'amener ailleurs, plus loin, sans travestir l'émotion de départ.

    Mais nos visions ne sont pas incompatibles. Nous utilisons probablement des mots différents pour décrire la même réalité, le même phénomène.

    Billet et sujet très passionnant, Annie :)

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  4. @ Pat.: Merci pour ton commentaire.

    Tu n'as pas tort, Patrice, dans ce que tu as écrit, car la porte pour accéder à ce monde se trouve justement à l'intérieur de nous.
    Peut-être que l'insconscient fait partie de cette porte ? C'est, je t'avoue, ce qui me reste encore à clarifier...

    L'important, finalement, c'est que chaque écrivain trouve sa propre façon de décrire son processus créatif, ou d'extraction, ou de manifestation. Et d'être bien avec ! Voilà.

    Encore merci pour tes bons mots!:o)

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  5. je charchais un moyen de trouver de l'imagination pou ecrire et maintenant je pense que c'est bon, ces eplication estait tres enrichissante, j'espere que mon roman en profitera!!!!!!

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  6. @ Anonyme : Je vous le souhaite de tout coeur ! Et bonne écriture... :o)

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