Vendredi 17 décembre, un peu avant l'heure de mon atelier d'écriture, j'embarque dans ma voiture et je vais chercher mon courrier. Les casiers rouges sur le côté de la rue. En ouvrant ma boîte postale, je vois une clé avec une chaîne au bout de laquelle pend un rectangle plastifié bleu. Je la prends en soupirant, car je sais malheureusement ce qu'elle veut dire. Dans une case postale plus grande, il y a sûrement une enveloppe brune contenant mon manuscrit refusé. Un autre...
Eh bien oui! Telle ne fut pas ma non-surprise de voir l'enveloppe. Je la glisse sous le bras ainsi que les autres, puis j'insère la clé dans la fente supérieure et je me rassis dans ma voiture. Je n'ouvre pas l'enveloppe, pas tout de suite. Une fois arrivée à la boutique Au Café d'Art (c'est là où je donne mes ateliers), je regarde l'heure. Il me reste encore dix minutes avant le début du cours. Bon, je l'ouvre, sinon je n'arrêterai pas de penser à ça durant l'atelier. Je lis la lettre de refus, je suis déçue, profondément. Et triste aussi. Tout ce travail pour ça... Je bloque les émotions qui tentent de monter, puis je sors. Je veux me consacrer à mon rôle d'animatrice, sans que cette dure nouvelle affecte mon travail. Je réussis, l'atelier se déroule bien. Je me sens même heureuse après parce que j'ai partagé ma passion.
Je retourne à la maison, avec l'enveloppe ouverte et mes émotions soudain débloquées. Toute la soirée, je pleure! Quelle pleurnicheuse, me direz-vous? Oui, je vous répondrai. Je suis triste, car j'avais confiance en cette maison d'édition, mais elle m'a tourné le dos. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois qu'elle me tourne le dos. Elle l'a déjà fait pour d'autres manuscrits. Là, je pense que j'ai compris...
Les jours suivants sont pénibles. Je dois gérer mes émotions qui arrivent par vagues et qui me traversent le corps, tel un raz-de-marée. Je sens beaucoup de colère, de hargne, de désespoir. Je perds même temporairement le goût d'écrire... Ce refus soulève une autre souffrance, une vieille que je traîne depuis l'enfance. Le sentiment de rejet. Eh oui, je dois vivre avec ce petit problème qui, soit dit en passant, me fait énormément évoluer.
Toute cette histoire, donc, me fait comprendre qu'il me faut m'endurcir, que je dois croire en moi plus que les autres puissent le faire.
Oui, je sais, le plus important c'est le chemin et non la destination. J'ai même écrit un billet là-dessus. La vie s'est arrangée pour que je mette en pratique ce que j'ai prêché. Ah! Mais, entre vous et moi, trois refus en moins de deux semaines, c'est dur à encaisser, non?
Tant pis pour cette maison d'édition, que je me dis. Celle qui a écrit Harry Potter n'a-t-elle pas essuyé plusieurs refus avant que son manuscrit soit finalement accepté? Imaginez ceux qui l'avaient refusé. Ils doivent s'en mordre les doigts aujourd'hui! Elle fait des millions, voire des milliards avec sa série.
Tant pis pour cette maison d'édition. Tant pis...
Aujourd'hui, j'ai écrit une nouvelle lettre de présentation. Après les fêtes, j'enverrai mon manuscrit à d'autres maisons d'édition. C'est ça, ma vie d'écrivaine. Je ne dois pas lâcher. Je dois reprendre confiance en moi. Ce n'est pas parce qu'une maison d'édition décide de ne pas publier mon manuscrit qu'il est bon à jeter aux poubelles. C'est juste que mon histoire ne leur convient pas pour XYZ raisons. Il y a sûrement sur Terre un lectorat pour cette histoire, je ne l'ai pas écrite pour rien, elle existe, car elle a quelque chose à dire à quelqu'un. Il me faut juste trouver le bon éditeur pour elle, et je vais le trouver.
Voilà.
Merci d'être là et de me lire.
À bientôt,
Annie xxx...
Chère Annie,
RépondreSupprimerCe n'est pas ce qu'on appelle un cadeau de Noël. Quoique... si, comme je le pense, tu sais en tirer profit... Enfin, tant que l'avenir reste devant nous! Bon courage!
Passe de joyeuses fêtes! Au plaisir de se croiser en 2011.
x
Je sais ce que c'est, comme plusieurs autres sûrement. On croit tellement que ça sera la bonne cette fois. As-tu eu des commentaires du comité de lecture au moins? Probablement pas, tu en aurais parlé. Parce que sinon, comment améliorer le roman.
RépondreSupprimerOui, je crois aussi que la présentation est importante.
N'hésite pas à te faire aider, fais lire ton manuscrit.
Et essaie encore et encore.
Fais-toi connaître autrement: ateliers, association d'auteurs. Je ne peux même pas te dire que la joie sera d'autant plus grande que furent les déceptions, mais persévère.
Et relis ton manuscrit, des fois avec le recul, tu peux encore l'améliorer.
Et c'était subtil les trois dernières lettres de l'alphabet!!! Y'en a d'autres!
RépondreSupprimer@ Jacques : Merci pour tes bons mots et d'être passée sur le blogue. :-)
RépondreSupprimer@ ClaudeL : Oui, j'ai eu des commentaires de la directrice des éditions. Elle a dit que « mon texte comporte des qualités indéniables (propos semblables déjà lus dans une autre de ses lettres de refus) et on sent une évolution de votre écriture. Cependant, votre ouvrage comporte trop de détails, de situations répétitives qui créent des longueurs et nuisent au rythme du récit. La psychologie des personnages pourrait aussi être retravaillée pour gagner en profondeur et en maturité (ça aussi, elle l'a déjà écrit dans une autre lettre de refus pour un autre manuscrit). »
RépondreSupprimerJe prends ce qu'elle dit avec un grain de sel, pas du tout certaine qu'elle ait raison.
En ce moment, d'autres lecteurs lisent mon manuscrit pour voir si justement ce qu'elle a écrit est vrai.
Et non, ce n'est pas les éditions XYZ, mais une autre. ;-)Désolée...
Et j'imagine que ta lettre de refus n'avait pas d'explications détaillées ... C'est encore plus difficile..
RépondreSupprimerDe réécrire ta lettre de présentation et de te préparer à retransmettre ailleurs est le geste qu'il faut poser. Aussi comme dit Claude, relire son manuscrit avec un recul ne peut qu'être bénéfique.
2011 apportera son lot de surprises..égayantes :)
Un refus n'est jamais facile, quelle que soit l'art. Il faut savoir rebondir cela-dit, et persévérer (oui je sais, c'est facile à dire, mais n'empêche) . Bon courage en tout cas, il en faut!
RépondreSupprimerTu vis tes émotions à fond, la meilleure des manières de les sublimer au moment où tu t'en sens prête et je suis certaine que tu ne tardes pas. Tu as trop le bonheur à coeur et dans le coeur pour qu'il en soit autrement.
RépondreSupprimerUne affinité entre éditeur et message n'est pas évident à trouver. C'est le raisonnable qui parle mais les motifs de l'émotif se nourrissent de notre enfance. Le rejet. J'ai envoyé un manuscrit pour enfant à une quinzaine de maison d'édition et j'ai eu quinze refus en un an. Je suis arrivée à mieux le prendre, à le sortir de mes entrailles de souvenirs d'enfant, en me disant que mon manuscrit n'est pas moi du tout. De voir ce manuscrit comme une maison, ou une sculpture, que l'oeuvre n'est pas l'artiste. Ça m'a aidé.
Je te souhaite de trouver cette affinité en 2011. C'était pas pour 2010, c'est tout.
Joyeux temps de fêtes à toi et les tiens.
Très émouvant témoignage. Je te félicite de t'en être sortie la tête haute. C'est toujours dure de l'apprendre sur le coup, et c'est presque impossible de passer par-dessus toute de suite. Il faut laisser les émotions sortirent.
RépondreSupprimerEt puis, je sais qu'au Québec, le milieu de l'édition semble petit, mais il y a beaucoup, beaucoup de maisons d'éditions, beaucoup d'endroits possibles pour envoyer un de nos travaux. Et même, on peut voir ailleurs. (En France, par exemple). C'est pas impossible. La Terre est grande. Et il y a toujours des personnes qui ont les mêmes intérêts que nous. Nous ne sommes pas seuls. Pas si seuls qu'on le croit parfois.
Bon courage, tiens le coup. Nous, visiteurs de ton blogue, sommes là pour t'épauler.
Bonne persévérance!
Tout a déjà été dit pour t'aider à passer à travers ce moment alors je rajouterai juste : courage ma belle, je t'envoie des tas d'ondes positives pour l'avenir xxx
RépondreSupprimerCe qui valait pour Gen vaut pour toi!
RépondreSupprimer"Vos pages couvertures sont originales, votre police de caractère reste audacieuse et vous déployez un effort soutenu pour chacun des résumés de vos quatrième afin de maintenir l’acheteur en haleine, la main proche de son porte-monnaie. Mais à bien y penser, je ne vous enverrai pas mon manuscrit, même si vous m’avez transmis une enveloppe pré-adressée et suffisamment affranchie. C’est comme ça, c’est tout…»
@ tous : Wow ! Quelle belle communauté de blogueurs et de blogueuses !! MERCI pour tous ces mots d'encouragement. Vous me réchauffer le coeur et me redonnez courage. C'est vraiment apprécié !
RépondreSupprimerJe ne lâcherai pas, soyez-en assurés ! Vous m'avez remonté le moral.
Merci, merci, merci...
xxx...
Bravo pour ton attitude gagnante! Surtout, continue de croire en toi :)
RépondreSupprimerJ'ajoute ma voix à celle des autres. Ne te décourage pas devant les refus. Il suffit d'un seul oui... ;)
RépondreSupprimerIl ne faut pas lâcher! Beaucoup d'appelés, peu d'élus, le pire serait de tout abandonner.
RépondreSupprimerBonne chance et profite des fêtes pour faire le vide.
@ Isabelle : Ouaip !! ;-)
RépondreSupprimer@ Karuna : Merci beaucoup... :o)
@ Benoit : Je n'abandonnerai pas, car écrire, c'est moi... Merci pour tes bons mots. :o)
@Annie : Comme je trouve la lettre seule moins chiante que de recevoir mon manuscrit (surtout quand il a pas l'air d'avoir été lu), je founis plus d'enveloppe de retour. Me semble que c'est moins crève-coeur.
RépondreSupprimerBon courage!
Les refus font partie de l'expérience d'auteure. Donne-toi le temps de l'encaisser. Puis retravaille ton manuscrit si tu le crois nécessaire, mais ne perds pas confiance.
RépondreSupprimerSi se faire publier était trop facile, ça deviendrait ennuyant...:) Joyeuses fêtes!
Je viens de découvrir votre blog et cela me fait me sentir moins seule dans mon univers, car je suis moi aussi auteure et il n'est pas évident de trouver dans son entourage des personnes qui peuvent vraiment comprendre ce que l'on vit.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne vos refus d'éditeurs, je voudrais vous dire que je comprends ce que vous vivez et que vous avez tout mon soutien. J'ai écris un premier roman qui a été refusé plusieurs fois, puis une réponse positive est venue un jour et mon rêve de publier s'est réalisé. Alors ne lâchez pas!
Et je me dis aussi à moi-même de ne pas lâcher, car je me retrouvai bientôt dans votre situation. Mon éditeur actuel m'a apporté beaucoup de déceptions malheureusement. Je devrai donc partir à la recherche d'un nouvel éditeur pour mon prochain roman. Je me sens donc concernée de près par ce que vous vivez.
Quoi qu'il en soit, bonne chance! :-)
@ Gen : Merci. :o)
RépondreSupprimer@ Silvia : Oui, en effet. Je crois que c'est un métier où il faut développer notre persévérance, notre patience, notre confiance en soi... Tu as raison, et merci pour tes mots d'encouragement. :o)
@ Anonyme : Merci d'être passée sur le blogue. Et merci pour votre empathie. Trouver des gens qui vivent la même situation que soi et qui comprennent ce que l'on vit fait beaucoup de bien. Comme vous dites, nous ne sommes pas seules... Et j'ajouterais que nous ne sommes jamais seules ! Au plaisir de vous relire. :o)