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jeudi 3 février 2011

La technique de l'entrevue

Emily Hanlon explique dans son livre The Art of Fiction Writing or How to Fall Down the Rabbit Hole Without Really Trying, une technique que je trouve extraordinaire. En tout cas, pour le genre d’écrivaine que je suis, elle fonctionne très bien. Je l’utilise pour mieux comprendre mes personnages, pour qu’ils ne soient pas uniquement des êtres de papier à une seule dimension. Cette technique m’aide à mieux les ressentir de l’intérieur. Elle m’aide à contrer cette fâcheuse habitude que j’ai d’avoir une vision purement mentale de ce qu’ils sont, évitant tout contact avec mes émotions.

Voici comment Emily nous décrit sa technique :

(traduction libre)

Cette technique d’interviewer le personnage peut-être très utile. Le secret de son succès consiste à être assez relaxe, libéré suffisamment de son critique intérieur, pour couler avec le flot créatif et laisser naître tout ce qui peut ou doit être né. Peut-être voudriez-vous prendre du temps pour visualiser le personnage dans votre œil intérieur. Vous n’avez absolument pas besoin de voir l’aspect physique du personnage; à la place, ouvrez-vous à sa présence et permettez à son énergie de vous animer, de vous habiter. Utilisez cette technique avec un personnage qui provient de l’un de vos écrits ou avec l'un que vous n’avez jamais encore imaginé. Ne doutez ni des questions ni des réponses qui surgiront naturellement.

Voici certaines questions vous aidant à démarrer votre entrevue. On ne vous en donne que quelques-unes; laissez le reste de l’entretien jaillir naturellement des interactions entre vous et le personnage. Faites-vous une idée de lui ou d'elle dès son apparition. Sentez son énergie, entendez sa voix, laissez l’entrevue prendre ses propres directions, sa propre vie. Coulez dans le flot.

Questions de départ :

— Quel est ton nom?

— Quel âge as-tu?

— Où est-ce que tu es né(e)?

— Où habites-tu maintenant?

— Êtes-vous marié(e)?

— Avez-vous des enfants?

— Quel genre de travail faites-vous dans la vie?

— Dites-moi pourquoi tu es ici.

La dernière question est celle que je préfère. J’en ai posé une semblable à mon personnage Sandrinelle, héroïne de la nouvelle que je suis en train d’écrire pour l’atelier d’Élisabeth Vonarburg. Je lui ai demandé pourquoi elle voulait que je parle d’elle. Et sa réponse fut l'idée qui se cachait derrière mon histoire et que je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus…

On peut aussi utiliser cette technique quand on ne sait plus comment un de nos personnages doit réagir dans une situation donnée. C’est ce que j’ai fait avec mon personnage Jacob, dans mon roman La Brûlure d’Adeline. Il m’a répondu et j’ai pu continuer l’écriture de mon histoire.

Cette technique m'aide vraiment à creuser dans mes personnages...

En écoutant attentivement les réponses des personnages, on peut mieux cerner leur voix particulière, c’est-à-dire leur façon de parler, leur jargon, la structure de leurs phrases…

Je vous le dis, l’entrevue est un outil incomparable pour l’écrivain. Essayez-le et racontez-moi votre expérience, en laissant un commentaire, ci-dessous.

Si vous connaissez d’autres techniques aidant l’écrivain à mieux habiter ses personnages, techniques que vous avez déjà expérimentées de préférence, je vous invite à nous les partager en laissant un commentaire, ci-dessous, afin que tout un chacun puisse en bénéficier.

Merci d’être là et de me lire.

À bientôt,

Annie xxx…

10 commentaires:

  1. Je l'ai essayée, mais ça a mal tourné ;)

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  2. Très intéressant, Annie ! Mais dans mon cas, c'est l'inverse qui se passe. :) Mes personnages s'imposent à moi et certains se font même un malin plaisir de se réinventer sans cesse. Avec de la patience, je réussis toujours à les apprivoiser.

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  3. @ Pat : Désolée, Pat. Mais, je suis curieuse, qu'est-ce qui a mal tourné ?

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  4. @ Pat : Je viens de lire ton texte sur ton blogue. Je comprends ce que tu as voulu dire. Mais, à mon avis, l'entrevue a plutôt bien tourné. Annika est extrêmement vivante en toi. Tu as cette capacité à laisser l'espace à tes persos et à les ressentir de l'intérieur. Alors que moi, je me débats toujours avec mon fichu CONTRÔLE...

    Cette Annika, quel carcatère ! Tu as super bien réussi à nous la rendre : on la voit et la sent très bien.

    Tu as écrit un texte troublant... Il y a de la tension dramatique, de l'intensité, de l'émotion... Je te lève mon chapau ! :))

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  5. @ Francine : Ce doit être trippant de sentir un personnage s'imposer à soi, non ? Merci d'être passée sur le blogue, c'est gentil. :-)

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  6. Merci Annie.

    Je me plie à ton verdict: malgré la chute finale(!), l'entrevue est un succès.

    C'est ce que je voulais accomplir, imaginer ma rencontre avec le personnage. Et encore, j'ai censuré un tantinet. Elle en a encore gros sur le coeur...!

    Tu sais, le contrôle «excessif», j'en souffre aussi parfois. Comme à l'automne, quand j'essayais de faire gober à Annika une histoire dont elle ne voulait rien savoir.

    Aujourd'hui, je lui laisse la place et, même si elle râle un peu, elle est belle et bien vivante ;)

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  7. Bonjour Annie. Je vais tenter l'expérience. Il y a présentement un problème avec mon personnage principal. Je ne le laisserai pas m'échapper.
    Billet très intéressant. Encore un fois.

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  8. @ Céline : Merci pout tes bons mots.

    Si ça peut t'être utile, tant mieux. Et si tu le veux bien, tu pourrais aussi nous laisser un petit mot, ici, nous racontant ton expérience avec cette technique.

    MERCI !! :-)

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  9. Désolée de répondre avec quelques jours de retard. D'accord. Je vous laisserai un mot racontant mon expérience.

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  10. @ Céline : Super ! Et bonne entrevue ! ;)

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