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mercredi 9 février 2011

Pour évoquer l'émotion...

Voici une traduction libre d’une section d’un article lu dans la revue Writer’s Digest (le numéro du mois de février). Des auteurs y partagent certains trucs sur l’écriture. Il y en a 25 en tout! Celui que j’ai choisi est le 20e. Il a été rédigé par David Morrell.

Le voici.

« Hemingway mentionnait la “séquence de mouvement et de fait” d’une histoire. James M. Cain discutait de “l’algèbre des contes : a + b + c + d = x”. Ces auteurs désiraient en fait parler de la séquence d’incidents dans une histoire, qui, si elle est adéquatement organisée et dramatisée de façon vivante, créera un stimulus qui obligera le lecteur à ressentir l’émotion que l’auteur tente de créer. Parler simplement des émotions n’incitera pas un lecteur à les ressentir. Par exemple, la phrase : “Il est triste.” n’évoquera aucune tristesse chez lui. Il devrait plutôt vivre la situation dans l’histoire, expérimenter ce que le personnage expérimente. Grâce à la séquence “de mouvements et des faits”, l’écrivain peut causer une émotion chez son personnage, mais aussi chez le lecteur.

Les écrivains obtiennent cet effet en faisant appel aux cinq sens dans leurs descriptions et dans leurs scènes, les rendant ainsi multidimensionnelles. Ne mettre que les détails de la vue produit presque toujours un effet “sans relief” ou plat. Dans l’étape des réécritures, prenez quelques minutes pour vous assurer que chaque scène contient au moins un détail d’un autre sens. Le lecteur ne pourra faire autrement que de plonger dans l’histoire et de la ressentir, au lieu de simplement se la faire dire. » David Morrell

En pratique, qu’est-ce que ça veut dire?

Ceci.

Voici un exemple d’une scène où seul le sens de la vue est utilisé.

Anne-Sophie se pencha pour examiner la poupée détrempée. Elle gisait à ses pieds, la tête effilochée, les bras arrachés, la jupette bleue étant recouverte de boue. Son cœur se serra quand elle vit qu’on avait fait un X sur son visage avec un crayon noir. Elle inspecta de plus près ses petites jambes et les souliers miniatures. Ils avaient jauni. Comment était-ce possible? Anne-Sophie eut un doute. Sa Jimmilie avait-elle fait pipi?

Voici maintenant l’exemple où je fais appel à d’autres sens que celui de la vue.

Anne-Sophie se pencha pour examiner la poupée détrempée. Elle gisait à ses pieds, la tête effilochée, les bras arrachés, la jupette bleue étant recouverte de boue. Son cœur se serra quand elle vit qu’on avait fait un X sur son visage avec un crayon noir. Du bout de son doigt, elle toucha le tissu et le retira aussitôt, en frissonnant. Sa Jimmilie était glacée! Elle inspecta de plus près ses petites jambes et les souliers miniatures. Ils avaient jauni. Comment était-ce possible? Anne-Sophie eut un doute. Elle approcha son nez et renifla à petits coups, comme un chat. Elle grimaça en plaquant une main contre sa bouche. Sa Jimmilie avait fait pipi ? Elle sentait l’urine!

Quels autres sens ai-je ajoutés dans le deuxième exemple? Quel effet ceux-ci ont-ils eu sur vous en tant que lecteur? Quelle émotion est évoquée dans ce passage?

Allez, faites-moi plaisir, racontez-moi…

Merci à l’avance pour vos commentaires.

Annie xxx…

14 commentaires:

  1. J'aime vraiment beaucoup tes billets. Merci de te donner la peine de nous offrir ces petits cours avec exemples concrets à l'appui.
    Et aussi de nous (me, en tout cas)traduire ce que tu lis en anglais.

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  2. @ Claude : De rien, c'est un plaisir. En l'écrivant, j'apprends tout autant, tu sais. C'est une pierre deux coups. ;-) Merci d'être passée sur le blogue. A+

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  3. Je suis d'accord avec ClaudeL, ton blogue est une mine de renseignements pour tout auteur, qu'il soit novice ou vétéran. J'en suis devenue une accro :)

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  4. Ce conseil est très précieux, Annie!
    J'y porterai une attention particulière pendant l'écriture de mon roman.

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  5. @ Pat : Super !
    Je suis bien contente que tu aies laissé un commentaire. Tu te faisais silencieux ces temps-ci. Bonne écriture ! ;-)

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  6. Je te visite régulièrement, même si je ne te laisse pas souvent de message (manque de temps, ne serait-ce que aller chercher le courrier!) ;)
    Judicieux conseil que celui de varier l'usage des sens. Ça nous donne le sentiment 'd'y être'.
    Merci.

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  7. @ Sylvie : Justement ! Plus on utilise les sens, plus le lecteur s'immerge dans l'histoire. La scène devient alors vivante ! Merci pour ton commentaire ! A+

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  8. Le touché et l'odorat :) J'dirais que l'émotion c'est la stupeur et de la peur.

    Mais le frissonnement... c'est quel sens? touché? c'est un ressentis... éclaires-moi, stp!

    Le sens que je trouve le plus difficile à décrire c'est le touché vs les textures, et toi?

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  9. @ Jane : Bravo ! C'est en effet ces deux sens-là.
    Le frissonnement, dans ce passage, est l'effet du touché, parce que la poupée était glacée.

    Tu as vu juste quant aux émotions : la stupeur et la peur.

    Ce bout de texte pourrait se trouver facilement dans une histoire d'horreur...

    Merci pour ton commentaire, Jane. Et au plaisir de te relire ! ;-)

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  10. Toujours intéressant de lire tes chroniques ! TU as un bon Hemingway à me suggérer ?

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  11. @ Michel : Merci pour ton commentaire et d'être passé sur le blogue.

    Si j'ai cité Hemingway, c'est parce que l'auteur de l'article dont j'ai fait une traduction libre l'avait cité. Je suis désolée de ne pas pouvoir te répondre, car je n'ai lu aucun Hemingway... ;(

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  12. Justement dans les ateliers d'écriture que je suis depuis quelques années, la personne en charge nous incite toujours à utiliser nos 5 sens.


    Merci beaucoup pour tes précieux conseils.

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  13. @ Fanfan : Tout le plaisir est pour moi. Et je te remercie d'être passée sur le blogue.
    Au plaisir de te lire à nouveau. :-)

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