Les pages

mercredi 25 août 2010

Je suis entre deux romans

Depuis que j'ai envoyé mon manuscrit, j'écris. Des nouvelles. C'est un genre littéraire qui me plaît, il me permet de laisser le trop-plein de ma créativité s'écouler hors de moi. Des fictions courtes, un événement, peu de personnages, un ou deux, peut-être trois, une émotion forte, une atmosphère. Avant de commencer à écrire chaque nouvelle, je m'arrête, je respire calmement et je me laisse imprégner par ce qui vient, et souvent c'est une atmosphère, puis je plonge, je regarde. Ça bouge, un personnage. Qu'est-ce qu'il fait? Puis je le vois, et j'écris, je suis là, avec lui, je le ressens et c'est prenant, mais oh combien libérateur...

Ressentir! Quelle bénédiction!

Mon hypersensibilité, qui était mal interprétée par les adultes durant mon enfance parce que je la gérais terriblement mal, est maintenant un outil incomparable pour ressentir mes personnages. Je n'ai plus à m'en couper, à la rejeter comme je l'ai fait si longtemps... Elle fait partie de moi et me sert.

Ressentir! Quelle bénédiction!

Alors, entre deux romans, j'écris des nouvelles. Et le thème qui ressort est la mort. La mort sous tous ses angles. (titre provisoire de mon recueil) On dirait que ce sujet m'habite. Il était aussi présent dans mes romans Adeline, porteuse de l'améthyste et La brûlure d'Adeline. Pourtant, j'aime la vie...

Mais la mort ce n'est pas négatif, ce n'est qu'un passage... 

J'ai aussi réalisé l'omniprésence de l'amour dans mes nouvelles : l'amour entre un homme et une femme, l'amour entre une mère et son enfant, le manque d'amour et ses conséquences, l'amour inconditionnel, le don de soi. Le thème de l'amour et celui de la mort se côtoient, s'allient, se marient. L'un ne va pas sans l'autre. 

Peut-être parce que je suis une amoureuse... de la vie, de mes chats, de mon conjoint Pierre, de nos fils Rafaël et Benjamin, mais aussi des mots, de mes personnages et de leurs intrigues, des mystères, de ce monde que je porte en moi et qui ne demande qu'à vivre sur papier et dans la tête de mes lecteurs.

Alors, entre deux romans, j'écris... et je lis... Écrire une nouvelle et se faire publier par Mireille Pochard. Ce livre est une mine d'or pour tous ceux et celles qui veulent apprendre comment écrire une nouvelle. Dès la page 5, l'auteur y va de ses conseils stimulants : « Jetez-vous à l'eau et ayez confiance en vous! Ne vous souciez ni de l'orthographe ni de la syntaxe, le premier jet doit être un feu d'artifice. (...) Ne réfléchissez pas avant d'écrire, cela ferait fuir vos idées! (...) Écrivez rapidement, à la truelle : vous hésitez entre plusieurs termes? Écrivez-les tous, vous choisirez plus tard! Essayez d'écrire au plus près de vous-même et de ce que vous avez à dire, et surtout ne cherchez pas à faire beau : faites vrai et simple! » 
Puis elle traite de tous les genres de nouvelle : photographiques, épistolaires, « contraste », autobiographique, nouvelle-instant (ma préférée)...
Les chutes, en voulez-vous, en v'là! Une nouvelle se construit entre autres sur le doute. Le doute sur l'identité de l'un des protagonistes, sur la personnalité de l'un des personnages, sur le lieu, le cadre, le temps, l'objet... La nouvelle se construit aussi sur le quiproquo, le malentendu, le retournement de situation, la fausse piste... Il y a la double chute, la contre-chute, la chute ouverte. Toutes ces techniques sont merveilleusement élaborées dans le livre de Mireille Pochard, que je vous suggère fortement. Ce bouquin est très, très, très intéressant! 

Alors, entre deux romans, comme vous le voyez, j'écris et je lis. 

Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...

vendredi 20 août 2010

Dernière partie de l'entrevue virtuelle avec Faly Stachak



Les livres de Faly et le monde de l’édition


Roman en chantier : Parmi tous vos projets, duquel êtes-vous le plus fier? Pourquoi?

Faly Stachak : Peut-être « Écrire, un plaisir à la portée de tous », c’est un best seller, je le savais, je n’en ai jamais douté, mais je ne ressens pas de la fierté. Dans la fierté, il y a de la vanité. Je n’en éprouve pas, j’ai confiance en moi, je sais ce que j’ai donné, je suis contente, contente qu’il soit utilisé. C’est toute ma vie de livres, et une facette de ma vie tout court que j’ai mis là-dedans. Je crois qu’un livre marche, quel qu’il soit, quand on y a mis toute la part d’amour, sans rien attendre au fond. L’écriture est don. Je suis heureuse que chacun puisse y trouver de quoi se nourrir. Quand je le prends, je ne le connais plus, on ne connaît plus les livres qu’on a écrits. Je le feuillette, comme en inconnu, et je me dis : « c’est toi qui a fait ça, cette masse de mots qui ont du sens et qui voyagent? » Et je n’en reviens pas, du courage qu’il m’a fallu, de la foi. Quand on écrit, c’est toujours difficile. Après, ça parait tout simple; incroyable.


La fierté, oui, parce que l’égo est là, ce sera pour la fiction publiée. J’ai écrit des « choses », mais je n’en suis pas satisfaite, ce n’est pas là maturité. Quand ce sera, très bientôt j’espère, j’aurais alors maîtrisé toutes les formes d’écriture. Exercer ce pouvoir-là qui m’a été donné. Ça fait un peu prétentieux et objectif militaire! Mais c’est mon exigence, et surtout mon métier!

Roman en chantier : Lequel de vos personnages vous a-t-il fait le plus évoluer? Expliquez en quoi il vous a fait grandir.


Faly Stachak : Il est trop tôt encore pour en parler. Ce qui est certain, ce qui me surprend toujours, c’est comme on peut sonder l’âme humaine avec les personnages, comprendre toujours plus, n’en finir jamais de s’étonner.

Roman en chantierPour qui écrivez-vous? Les adultes? Les enfants? Les adolescents?


Faly Stachak : Pour tout le monde. Actuellement, je suis sur quatre livres à la fois : en réécriture d’un grand conte qui a été monté en théâtre d’ombres, il y a plusieurs années de cela. L’écriture est à peine différente de celle employée pour les adultes, c’est le ton qui change, la proximité du narrateur et du lecteur. Un bon livre, vous le savez, n’a pas de frontière (ce qui ne veut pas dire qu’il sera bon!).

Je travaille aussi la suite d’« Écrire », mais cette fois, à l’usage des enfants. La demande m’en a été faite souvent. Je m’amuse plutôt, mais c’est long! Mon éditrice m’a demandé de le finir pour fin octobre – au début c’était fin septembre –, j’ai signé le contrat début juillet… À chaque fois, je déborde largement, mais bon, je veux me donner du temps pour que le lecteur soit content. J’ai un grand respect pour le travail, ce respect-là, c’est celui que le lecteur attend. C’est affaire de générosité l’écriture. À chaque fois, j’attaque avec l’impression de facilité, et puis je déchante. Tout prend du temps! Je cherche des propositions d’écriture partout, j’adore inventer, je lis beaucoup, dès que je peux, je soumets mon travail aux enfants, c’est eux qui vont choisir, qui notent : « excellent, très bien, bien, moyen, bof, nul ». Les « moyens, bof et nul », je les vire.

Pour inventer des propositions, je me mets dans la tête d’un enfant, je n’en reviens pas de la crudité, j’essaie aussi d’adopter cette façon de voir le monde, cette logique spécifique à l’enfant. Des raisonnements mathématiques, très purs, purs dans le sens du bon sens, de l’imparable, d’un mot ou d’une idée pour une autre, et ça colle.

Il y a le roman aussi, il ne me quitte jamais. Le thème, « l’impossible retour » à travers l’histoire singulière de quatre hommes, d’une même descendance.

Et puis, un projet de livre sur des expériences singulières et exemplaires en matière d’entrepreneuriat, avec un grand photographe. Vous voyez, dilettante! Je ne devrais faire que le roman… Mais tout m’enthousiasme au fond, et il faut bien vivre!

Roman en chantier : Combien de livres avez-vous écrits en tout?


Faly Stachak : J’ai publié quatre ouvrages.


Roman en chantier : Le titre de votre plus récente parution.


Faly Stachak : « Écrire pour la jeunesse »

Roman en chantier : À quelles maisons d’édition vos livres ont-ils été publiés?


Faly Stachak : Editions Eyrolles principalement. J’adore mon éditrice et j’ai une très grande liberté.

Les lectures de Faly

Roman en chantier : Que lisez-vous?

Faly Stachak : De tout, je pense, enfin, pas les romans français de St germain des prés, qui m’ennuient par leur problématique égocentrique!

Roman en chantier : Quels sont les auteurs qui vous inspirent le plus?

Faly Stachak : J’adore les épopées : Proust, quand je veux me sentir intelligente, quand je dois me mettre au boulot, me recentrer, c’est lui que je convoque, et avec lui, Bach. Mais j’adore Cervantes, Homère, Sophocle…

Les conseils de Faly

Roman en chantier : Selon vous, quelles sont les principales qualités pour devenir un auteur qui publie?

Faly Stachak : Vous me l’avez rappelé, chère Annie, et je ne le sais que trop, la discipline. Tout est affaire de travail, le reste, est fantasme!

Roman en chantier : Quel serait le meilleur conseil que vous donneriez à un jeune écrivain désireux de percer dans ce métier?

Faly Stachak : La réponse précédente! Ce qui nous est le plus essentiel, c’est souvent avec cela que l’on joue… Voilà le grand danger, de toutes nos vies d’Homme!

Roman en chantier : Merci infiniment, Faly, pour votre générosité. Nous vous souhaitons tout le succès du monde pour vos livres et dans tous vos projets.


Si vous voulez en connaître plus sur Faly Stachak, visitez ce LIEN. Et si vous voulez vous procurer ses livres, vous pouvez commander ICI.

Je vous remercie d'être là et de me lire... de nous lire!
Annie xxx...

mardi 17 août 2010

Lettre à mon amie Isabelle

Voici une lettre que j'ai écrite aujourd'hui et que j'ai envoyée par courriel à ma très chère amie Isabelle qui a accepté avec joie que je la publie sur le blogue.

« Salut Isabelle.

J’espère que tu vas bien.

Il faut que je te le dise tout de suite, le livre de Sénécal, Le passager, est débile… Je suis complètement accro ! Mais il a tout de même réussi à me faire arrêter la lecture parce que j’étais trop en $%? &?%$ après Étienne pour avoir agi comme il a fait! C’est trop débile! La tension dramatique est étouffante. J’ai l’impression de manquer d’air quand je lis cette histoire. J’ai hâte de voir où tout ce merdier dans lequel Étienne s’est fourré va le mener.

Aujourd’hui, j’ai écrit la moitié d’une nouvelle nouvelle littéraire. Ça m’a fait un bien énorme, Isabelle. J’ignore encore pourquoi je m’abstiens si longtemps avant de replonger dans une atmosphère et d’écrire ce que je vois, ce que je ressens, ce que j’entends… J’attends toujours à l’extrême limite de ma tolérance, ce moment où je ne ressens plus le goût de vivre, pour comprendre qu’il faille m’asseoir et écrire. Je ne suis vraiment pas gentille avec moi. Ce mal d'amour que je traîne... Un jour, je vais développer cette habitude d’écrire de nouvelles histoires tous les jours. Un jour, je saurai m'aimer adéquatement. Ce jour va arriver...

Et les nouvelles littéraires, c’est bien, c’est court, ça me permet de laisser le trop-plein de ma créativité s’écouler hors de moi. J’ai tout cela en moi, comme toi, chère Isabelle. Tu as tout ça en toi, et tu n’as aucune raison d’avoir peur que tes histoires se ressemblent… Mais parfois lorsqu’un doute ou une peur se pointe, c’est le signe que l’écrivain intérieur, celui vivant en soi, tente de nous communiquer quelque chose sur notre écriture. Y aurait-il, là, matière à réflexion? Est-ce que tes épreuves dans ton histoire fantastique ont le même genre d’intrigue, le même genre de défi chaque fois? Est-ce que la résolution se fait toujours de la même façon? J’ignore les réponses, Isabelle. Je dis ça, parce que moi, quand ça arrive, c’est mon intuition qui me parle, qui me guide vers un aspect de mon écriture à retravailler.

Mon chum est en vacance! On a passé une superbe journée à la maison, aujourd’hui. On a lu dehors, ensemble sur la galerie en avant : lui, sur son iPad, moi, Sénécal. J’ai fait un peu de lessive, le dîner, le souper, j’ai écrit dehors. Ça m’a fait du bien… J’ai hâte de poursuivre cette nouvelle. Quand on laisse notre créativité prendre le dessus, elle guide le ton de l’histoire, l’atmosphère, le style, le genre. Toutes les nouvelles que j’ai écrites jusqu’à maintenant sont complètement différentes l’une de l’autre, ayant chacune leur propre ton, leur propre style, leur propre atmosphère… Quand tu laisses ta créativité te guider, il sort des choses extraordinaires que, toi-même, tu n’aurais jamais pensées. C’est la découverte, l’aventure… Et c’est tout à fait merveilleux! C’est magique… Je suis, tu es, nous sommes des magiciennes, Isabelle. Nous avons le pouvoir de créer des histoires. Tout ça est en nous et attend juste que nous ouvrions les vannes de notre créativité pour laisser nos personnages vivre sur le papier, sur l’écran, dans des livres que des millions de mains ouvriront, que des millions d’yeux liront, et dont les histoires émouvront des millions de cœurs. (Wow, je suis en feu! C’est fou que ce qu’une séance d’écriture peut me faire… Cela me revigore totalement!)

Isabelle, me permets-tu de publier cette lettre sur mon blogue? Je crois que son contenu pourrait aider d’autres écrivains.

J’espère que je t’ai « boostée » à bloc! En tout cas, si je t’ai donné le goût de replonger dans l’une de tes histoires pour la poursuivre, alors tant mieux!

Je t’embrasse et te souhaite une semaine remplie d’inspiration et de plongées vertigineuses, à en perdre le souffle, dans ton monde imaginaire…

Je t’aime, chère écrivaine!

Annie xxx… »

Merci d'être là et de me lire... de nous lire !
Annie xxx...

lundi 16 août 2010

Entrevue virtuelle avec FALY STACHAK - 2ème partie

Voici la seconde partie de l'entrevue avec Faly Stachak. Elle nous entretient cette fois de son processus créatif.

Le processus créatif de Faly Stachak

FALY STACHAK : S’il s’agit d’essai ou de livres de techniques d’écriture, d’inventer des propositions, je travaille beaucoup au lit, avec des piles de livres, je lis, je note, j’invente, j’y pense sans cesse, tout est proposition d’écriture, vous savez bien. Bien sûr, j’alterne avec l’ordi, le propre, mais j’adore la recherche.

Pour la fiction, c’est un autre processus, des premiers jets plutôt, beaucoup de réécriture, l’ennui, c’est que je suis déformée professionnellement. Je peux avoir dix incipit pour la même histoire, et je sais que tous peuvent fonctionner ! Tout de même, comme tout le monde, c’est quand je me sens décollée, que je pleure ou je ris sur la page, que je sais alors que je tiens là quelque chose d’acceptable. Dans les ateliers que j’anime, j’en anime très très peu désormais, je suis réputée pour être très exigeante. Cette exigence, je me l’applique. Je sais aussi que l’on écrit le livre qu’on rêve le plus souvent, et pas celui qui est. Ce décalage, là, ce peut être terrible !

ROMAN EN CHANTIER : Comment visualisez-vous votre manière de créer? (Par exemple Mireille Pochard, dans son livre Écrire une nouvelle et se faire publier, explique que lorsqu’elle écrit, elle visualise une pelote, elle imagine que tout est déjà à l’intérieur d’elle, qu’elle ne crée rien, qu’il suffit de dévider… Ce qui n’exclut pas quelques nœuds qu’il faut défaire pour avancer !) Qu’en est-il avec vous?

FALY STACHAK : Je ne visualise aucune manière de créer. Je suis. Elle est (l’écriture, la création et tout ce qui va avec). Nous sommes parfois en phase, parfois en décalage. Mais jamais loin l’une de l’autre. Elle est « cette inconnue que l’on porte en soi », pour reprendre Duras. Cette inconnue avec laquelle j’ai grandi, je grandis, avec laquelle je mourrai. Juste souhaiter que nous nous soyons beaucoup rencontrées avant qu’il ne soit trop tard !

ROMAN EN CHANTIER : Comment naissent vos histoires? Est-ce le personnage qui arrive en premier, l’intrigue, la situation, une atmosphère, un décor? Est-ce vous qui décidez de l’histoire ou bien vos personnages?

FALY STACHAK : Tantôt l’un, tantôt l’autre, tout est texte, tout part de tout, comme une respiration.
C’est ma respiration.

ROMAN EN CHANTIER : Comment procédez-vous pour vous immerger dans la conscience de vos personnages et réussir à les ressentir de l’intérieur?

FALY STACHAK : Ceux qui écrivent sont des intuitifs, des observateurs – même si l’égo semble dominer bien souvent, des sensibles, des empathiques. Il suffit d’aimer, d’approcher, d’écouter… Je n’ai pas encore assez l’expérience de la fiction pour en parler plus avant, mais une amie, écrivaine confirmée, écrit en ce moment l’histoire d’un étrangleur. Certes, à la troisième personne, mais elle est cet étrangleur. Il faut oser, si l’on ose, et notre inconnue de tout à l’heure réapparait, un petit cordon à la main, silencieuse… C’est vertigineux comme on peut être quelqu’un d’autre, me semble-t-il… Il faut oser se faire peur ! Ce n’est pas original tout ça… Mais fascinant. On ne sait jamais qui on va rencontrer en soi. Ce mystère, c’est un peu celui que l’on éprouve quand on va faire l’amour pour la première fois, et toutes les fois après, avec un inconnu. On ne peut jamais savoir quelle sera sa sexualité, profonde, j’entends ses gestes, ses fantasmes, tout ce qui échappe de soi alors. De même qu’on ne fait jamais deux fois l’amour pareil, même si on l’a fait des centaines de fois avec la même personne.

ROMAN EN CHANTIER : Utilisez-vous un plan pour écrire? Ou au contraire, écrivez-vous votre premier jet en vous fiant à ce qui vient tout simplement, à votre inspiration? Comment procédez-vous?

FALY STACHAK : Le plan, le premier jet, tout dépend du sujet. J’ai commencé à faire des plans récemment, je crois que je pourrais ne pas en avoir besoin, qu’ils peuvent s’avérer des dispositifs contraires à l’abandon, trop rationnels, comme si l’on étudiait une carte sans oser se lancer à l’aventure, les yeux bandés.

ROMAN EN CHANTIER : Jusqu’à quel point la part de votre inconscient est-elle présente dans votre écriture? (Y faites-vous confiance? Comment travaillez-vous avec lui? Durant le premier jet? Dans la réécriture? À chacune des étapes de la création de votre histoire? Comment le visualisez-vous? Une fée avec une baguette magique? Un maître écrivain assis sagement à son bureau au sommet d’une montagne? Comment qualifiez-vous votre relation avec votre inconscient? Etc.)

FALY STACHAK : Je ne sais pas répondre à cela. C’est la vie même.

ROMAN EN CHANTIER : Quels sont vos trucs pour annihiler l’effort de votre critique intérieur à saboter votre écriture? (Quand vous êtes bloqués, que faites-vous pour vous en sortir?)

FALY STACHAK : Je m’en veux. Beaucoup. Parce qu’il n’y a aucune raison objective ! Le temps passe, je joue à cache-cache, et puis je plonge, et merveille, vrai, je sais nager !

La suite dans un prochain billet...

Merci d'être là et de me lire... de nous lire !
Annie xxx...

vendredi 13 août 2010

Entrevue virtuelle avec FALY STACHAK - 1ère partie


Pour la deuxième entrevue virtuelle sur Roman en chanter, j'ai l'immense plaisir de vous présenter une femme généreuse, vivante, dynamique, enthousiaste, créative...
FALY STACHAK
Nous nous sommes connues sur Facebook et entretenons, depuis, une correspondance, à intervalles irréguliers, très bénéfique, autant pour l'une que pour l'autre. J'ai découvert une amie avec qui j'ai beaucoup d'affinités. Elle est auteure de trois livres, deux sur l'écriture (Écrire — Un plaisir à la portée de tous et Écrire pour la jeunesse) et un sur les femmes qu'elle a écrit en collaboration avec Denise Vogeleisen (50 ans : La plus belle vie des femmes). 
Faly a accepté avec plaisir de jouer le jeu de l'entrevue virtuelle et je l'en remercie de tout coeur.
Comme Faly est très généreuse dans ses réponses, l'entrevue se fera en trois parties.
Alors, pour la première partie,  écoutons-la nous parler d'elle et de sa relation avec l'écriture.

 La relation de Faly avec l'écriture


ROMAN EN CHANTIER :  À quel moment dans votre vie s’est manifesté votre désir d’écrire et à quel moment avez-vous commencé à écrire ?

FALY STACHAK : J’ai toujours écrit, du plus loin que je me souvienne. Comme tous ceux qui ont l’écriture en eux, je remplissais des cahiers de brouillon d’histoires sentimentales ou fantastiques (thèmes de filles !). Il parait, mais cela non plus n’est pas original, que je m’écris, que je déroule ma vie comme un roman, comme plusieurs romans. J’écris dans ma tête sans cesse, plus que sur le papier… Si l’on pouvait brancher un ordi sur ses pensées, combien de livres aurions-nous écrits déjà, vous et moi ! Car voilà, j’aime tant la vie que me poser sur la page est toujours une torture, et puis, lorsque j’y suis — je suis, mais comme c’est banal tout ça, le temps n’existe plus. Comme tous ceux que l’écriture taraude, j’ai bien sûr des dizaines de carnets, voire quelques cahiers… mais pour l’instant, je ne suis qu’une « professionnelle » de l’écriture. Si écrire est avoir achevé et publié une fiction, ce que je crois, alors, je n’ai pas encore fait toutes mes preuves, mais j’y travaille !


ROMAN EN CHANTIER : Est-ce que l’écriture est un besoin pour vous? Si oui, pourquoi?

FALY STACHAK : Tous les écrivains disent que c’est vital, un besoin, etc. Je ne sais pas répondre à cette question, pour moi, c’est ce que je sais faire de mieux, — ce qui ne veut pas dire que je le fais génialement bien ! —, c’est mon métier, l’écriture fait partie de ma vie, intrinsèquement. Je n’imagine pas ne pas écrire, mais je n’imagine pas non plus ne faire qu’écrire.

Sauf que je sens en moi depuis toujours cet extraordinaire pouvoir, et que, où que je sois, je ne serai jamais perdue, du papier, un stylo : l’univers !

ROMAN EN CHANTIER : Écrivez-vous à temps plein? Ou en parallèle avec un autre métier?

FALY STACHAK : Je suis auteur, pas écrivain. J’ai été conceptrice-rédactrice (j’ai notamment un peu travaillé avec Arte et d’autres « produits » connus mais moins prestigieux…) j’ai enseigné ou j’enseigne des pratiques d’écriture, écriture médiatique, écrits d’images documentaires, écrits professionnels, techniques de la fiction… de l’université à la prison, du cadre supérieur à la personne handicapée mentale, j’adore la pédagogie, j’adore transmettre cette faculté incroyable que nous avons tous, quel que soit notre niveau, écrire-lire… fabriquer du verbe, du sens, des sens. Cela m’émerveille, véritablement.


Mais ce n’est pas là « mon écriture ». Celle que j’évoque tout de suite, la fiction. Elle, c’est mon intime, ma maison enchantée, que j’abandonne trop souvent, mais que je sais présente et dans laquelle je peux entrer à tout moment. Et vivre. Autrement. Écrire de la fiction, c’est comme un rendez-vous d’amour — c’est mon amie Nathalie écrivain qui dit ça, et elle a tant raison ! – Mais ce rendez-vous, je le diffère, jusqu’à ce que ce que je ne me supporte plus, comme si écrire, passer à l’acte, allait tuer le désir ! Pourtant, quand j’y suis – ce verbe « être » ici est d’importance — je voudrais vivre avec elle toujours, sans souci du monde, en suspension.

ROMAN EN CHANTIER : Quelle est votre routine d’écriture? (Écrivez-vous le matin, l’après-midi, le soir ou pendant la nuit? Combien d’heures par jour? De quoi vous entourez-vous pour écrire? De photos? De plantes? De toutous? De vos chats? Écrivez-vous à la maison ou dans les cafés, dans les parcs ou en plein cœur de la nature? Avez-vous un espace juste pour vous? Si oui, à quoi ressemble-t-il? Etc.)

FALY STACHAK : Pour la fiction, quand l’amoureuse se fait pressante, exigeante, quand elle me répète que c’est elle et moi l’essentiel, que je le sais, que je bouche mes oreilles, mais qu’elle me crie de l’intérieur, alors j’y vais ! J’écris le matin, le plus tôt que je peux, ce qui est déjà tard – oh mes amies qui écrivaient dès 5h du matin, et ne dormaient que 3 ! — J’écris alors plusieurs heures, toute la journée, je voudrais ne jamais arrêter, que l’on me nourrisse avec une sonde (ce n’est pas tout à fait vrai, j’adore manger !) et qu’on me couche… pour juste recommencer le lendemain.

Pour le reste, ouvrages de techniques littéraires ou essais, c’est très variable, — mais je n’ai pas une grande production ! — je m’y « mets » plutôt toute la journée. Et puis la vie me rattrape. Pour un essai sur les femmes, je suis allée vivre chez ma mère, c’est symbolique… Je me suis adorée ! Enfin, disciplinée ! 7h-3h du matin ! En trois semaines, le livre était bouclé. Mais je laisse généralement traîner et m’y prends à la dernière minute… En répondant à toutes ces questions, je réalise que j’agis vraiment en dilettante ! Sauf que je suis perfectionniste, ce qui me sauve ! Merci papa de nous avoir martelé cette citation de Guillaume d’Orange : « il ne suffit pas d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». Vous suivez ?

Pour écrire, j’ai besoin d’être enfermée, plutôt loin de tout, de mes repères, dans un endroit lumineux, accueillant, dépouillé. En rupture avec le quotidien (quotidien que je connais peu ceci dit), écrire ailleurs, dans un no man’s land. C’est tellement vrai que je viens de déménager à l’instant l’ordi ! Je suis maintenant assise dans une véranda, à quelques mètres de la rivière, je peux comme la toucher si je tends le bras, deux labradors couchés à mes pieds. Mise en scène parfaite !

ROMAN EN CHANTIER : Quelle partie dans la création d’une histoire préférez-vous? La gestation, le premier jet, le développement des personnages, la réécriture, etc. ? Pourquoi?

FALY STACHAK : J’aime tout ! Chaque passage est une autre facette de l’écriture, de soi-même, un autre travail. Jamais ennuyant. Si le premier jet porte et transporte, la réécriture peut-être jubilatoire.

ROMAN EN CHANTIER : Si vous aviez à utiliser une métaphore pour décrire le type d’écrivain que vous êtes, quelle serait-elle?

FALY STACHAK : Comme je l’ai dit plus haut, je ne me sentirais un écrivain à part entière que lorsque j’aurais publié au moins trois fictions. Lorsque je ne ferais plus que ça. Jusqu’à présent, je me sens dilettante, avec des facilités sans doute, — ce qui peut être un handicap —, mais dilettante quand même, et cela me navre ! J’aime tant aussi la vie en chair, en vent, en mer, en terre, en rencontres ! Je suis tout autant portée dans la vie que sur la page. C’est un choix, difficile, très, à chaque fois, me poser, écrire. Mais alors, quel bonheur !


Je me fais penser parfois, moi qui aide tant de personnes à accoucher sur la page, à l’auteur d’un best-seller sur le métier de future maman… Elle n’a jamais eu d’enfant, pas même adopté ! Allez, je vous rassure, vous savez comme ce que l’on écrit dépend du moment : dans deux jours, je m’enferme trois semaines en Bretagne, j’ai accepté mon rendez-vous d’amour…

ROMAN EN CHANTIER : Comment qualifiez-vous votre relation avec l’écriture?

FALY STACHAK : Névrotique ! C’est le premier mot qui me vient ! Elle est tout pour moi, et nous jouons à cache-cache. Parfois, c’est moi qui compte, parfois c’est elle, on se cherche, longtemps, on se trouve enfin, on passe du temps l’une et l’autre ensemble et puis je change de jeu. Jusqu’à la prochaine partie.

mardi 10 août 2010

Motivascope, l'art de réussir !

Mon amie Isabelle, collaboratrice à Roman en chantier, est de retour avec un superbe billet sur la motivation. Lisez ce qui suit avec intérêt, car ça nous concerne tous ! 

Il y a quelques mois, alors que je consultais un livre de Suzanne Richard, Motivascope , je suis tombée sur un passage qui m’a fait beaucoup réfléchir. Voici ce qu’il disait :
« Si je te disais aujourd’hui que c’est possible, que tu peux réaliser ton plus grand rêve, celui qui te tient le plus à cœur et qui te rendrait tellement heureux… Si je te disais que c’est assuré que tu vas réussir et l’obtenir… Si je te disais que tu n’as qu’à continuer de fournir tes efforts et que ta réussite est garantie, que ferais-tu? Oserais-tu foncer? Oserais-tu t’investir au maximum? » Motivascope 12 mois d’abondance, p.27

La lecture de ce simple paragraphe m’a donné des ailes! J’ai eu l’impression que c'était réalisable! Que la réussite était là, au bout de mes doigts! Si j’avais la certitude que mon manuscrit serait accepté par une maison d’édition et que les lecteurs l’apprécieraient, est-ce que je foncerais? Bien évidemment! Je m’empresserais de terminer mes réécritures, je travaillerais d’arrache-pied pour le finaliser et pour le rendre le plus beau possible!

Dès le moment où je l’ai lu ces phrases, je me suis mise à travailler comme si j’étais assurée de la réussite de mon roman. J'y ai consacré plus d'heures, j'ai abandonné des activités moins importantes pour moi, je me suis inscrite à des ateliers d’écriture et j'ai fait de mon manuscrit une de mes priorités.
Mon projet a beaucoup progressé depuis ce temps. Je suis très fière de ce que j’ai accompli jusqu’à maintenant. Et lorsque je sens un ralentissement, je me répète cette citation et l’excitation m’envahit à nouveau, me donnant la volonté de continuer.

Je pense que nous pouvons facilement appliquer cette notion dans notre quotidien. Pourquoi ne pas faire de tout ce que nous entreprenons des réussites? Le succès d'un projet dépend bien souvent de l’énergie que nous y consacrons!

La série Motivascope de Suzanne Richard est constituée de 3 volumes. Ce sont des guides pratiques qui se divisent en 12 chapitres, un pour chaque mois de l’année, abordant différents sujets. Selon l'auteure, nous sommes tous responsables de notre bonheur et de notre réussite, autant sur le plan amoureux, familial, social et professionnel. Elle nous offre des outils simples et efficaces pour maximiser notre succès. Elle nous propose un mode de vie qui profitera à nous-mêmes ainsi qu’à notre entourage.

Bonne lecture!
Isabelle

lundi 9 août 2010

Les points de vue, quelle affaire ! (4ème partie)

Je tiens d'abord à remercier les auteurs suivants : Mathieu Fortin pour son article auteur vs narrateur et Audrey Parily pour son billet titré inspiration, imagination, création, qui viennent, tous deux, compléter ce que j'écris sur les différents PDV d'un narrateur.
Aujourd'hui, explorons le PDV le plus froid, le plus distant, le plus descriptif d'entre tous, car il n'est que cela, description : celle des dialogues, des mimiques et des gestes des personnages, de leur passé, de leur avenir, et celle du décor, comme le fait le narrateur omniscient. Mais contrairement à lui, jamais il n'entre dans la tête et le coeur des personnages. JAMAIS.
Je vous présente le NARRATEUR OBJECTIF.  
Pour comprendre ce type de narrateur, imaginez-vous être une caméra qui suit les personnages en filmant chacun de leurs gestes. Vous (dans la peau de ce narrateur) êtes totalement à l'extérieur d'eux et ne voyez que les faits, « rien que les faits, monsieur  ». Le plus grand défi de ce PDV est de rendre l'émotion des personnages en décrivant leurs actions, leurs traits, leur langage corporel. C'est une narration cinématographique, car c'est l'image qui prime et que vous placez en premier plan devant vos lecteurs, leur donnant ainsi toute latitude pour interpréter l'émotion des personnages. Vous ne dites rien. RIEN ! Mais simplement décrire ce qu'on voit, ce que le lecteur voit.  

Pour illustrer ce type de narrateur, je vais reprendre l'exemple du narrateur omniscient (le billet du 26 juillet) en enlevant tous les passages où ce dernier décrit les pensées et les émotions des personnages. 

Ce matin-là, un soleil de plomb réchauffe la ville, le temps est radieux, les fleurs épanouies et les odeurs d'herbe coupées embaument l'air de la rue Traverse. Des cris joyeux d'enfants jouant sur le trottoir accompagnent le chant des chardonnerets qui bondissent d'un sapin à l'autre. La vie est tranquille sur cette rue alors qu'à l'autre bout de la ville, des ambulanciers tentent par tous les moyens d'extraire deux corps aux membres déboîtés d'une Volvo accidentée. Le calme de la rue Traverse est cependant rompu par la venue d'une voiture de police qui se gare devant la maison jaune aux volets orange brûlé. Une maison coquette cerclée par une haie de jeunes cèdres.
L'agent Luc Malouin ôte ses lunettes fumées et soupire. Il fixe la rue devant lui en glissant sa grosse main dans ses cheveux courts, puis il sort de la voiture.
Pendant qu'il marche à pas lent vers l'entrée de la maison, à l'intérieur, Murielle, trente ans, cheveux bruns, yeux verts, vérifie à toute vitesse la terre des plantes de la cuisine. Dix minutes plus tôt, elle vidait les poubelles et comptait les valises. Elle prend maintenant une feuille de papier qui traînait sur le comptoir et coche la dernière ligne de la liste, sourire aux lèvres.
— Voilà, tout est fait !
Puis son visage s'assombrit. Elle fronce les sourcils et demeure silencieuse, un moment. Elle relève subitement la tête, les yeux écarquillés.
— Marcus ? dit-elle.
—...
— Marcus ? Où es-tu ?
Aucune réponse. Elle se rend au salon et soupire d'impatience en voyant son fils de 6 ans toujours assis par terre, entouré de ses montagnes de Légos, près de la chienne Alice endormie.
— Qu'est-ce que tu fais ?
Elle se penche vers lui.
— On part bientôt et tu joues encore. Pourquoi ? Tu n'as pas hâte de plonger tes pieds dans l'océan ?
Marcus ne répond pas et ne sourit pas non plus, il s'applique à la construction d'une tour entièrement rouge. Murielle perd légèrement son équilibre, mais réussit à ne pas tomber.
— Serre tes choses, mon grand, dit-elle d'une voix secouée. Et réveille Alice pour qu'elle soit prête...
Ding Dong !
Alors qu'elle se relève pour aller répondre, l'agent Luc Malouin essuie ses mains moites sur son pantalon, de l'autre côté de la porte. Une porte jaune serin. Et plus loin, dans la ville, le corps ensanglanté d'un homme de quarante ans et celui désarticulé d'une fillette gisent sur des civières.
Murielle ouvre.
— Madame Dutamoine ? commence-t-il.
— Oui, c'est moi.
Il la regarde avec sollicitude et lui prend délicatement les mains.
— J'ai le regret de vous annoncer, murmure-t-il, que votre mari et votre fille ont eu un grave accident de voiture. Vous devriez me suivre.
Murielle demeure immobile, le regard vide. Elle tremble de plus en plus. L'agent Luc Malouin se passe une main sur la mâchoire, le regard fuyant. Murielle plonge alors ses yeux humides dans les siens.
— Ils sont morts ?
Il baisse la tête et souffle :
— Suivez-moi, s'il vous plaît.
Elle se précipite dans le salon.
— Marcus, dit-elle d'une voix sèche, il faut partir, amène Aline.

Avec ce type de narration, la distance est grande entre le narrateur et ses personnages. Il est donc plus difficile pour le lecteur de s'identifier et de s'attacher aux personnages. C'est une narration froide ne décrivant que les aspects extérieurs de l'histoire. En aucun cas ne sont révélés les pensées, les sentiments des personnages, leur attitude, leurs préoccupations, leurs obsessions, leurs désirs ou leur projet. 
Si vous souhaitez créer une aura d'intrigue autour d'un personnage ou d'une situation, vous pouvez décider de recourir à la narration objective. Hernest Hemigway et Stephen King l'ont déjà fait et ils l'ont très bien réussi ! 

Voilà, ce billet termine la série d'articles sur les PDV.

Faites-moi savoir si le contenu de cette série vous a été utile, vous seriez gentil(le)s, MERCI !

Et merci d'être là et de me lire !
Annie xxx...

jeudi 5 août 2010

Les points de vue, quelle affaire ! (3ème partie)

Là, j'ai envie de partager avec vous le point de vue (PDV) que j'affectionne le plus : celui du personnage principal mais raconté par un narrateur à la troisième personne. On le nomme (dans le livre The Power of Point of View, d'Alicia Rasley) le PDV subjectif fixe.
Comme je l'ai mentionné dans le billet du 21 juillet (Les points de vue, quelle affaire ! (1re partie)), pour écrire avec ce PDV, nous n'avons qu'à écrire avec un narrateur à la 1re personne puis à réécrire notre texte en changeant simplement les « je » pour des « i l » ou des « elle », selon le cas, et en utilisant, à petites doses, le prénom du personnage là où le narrateur, selon le ressenti de l'auteur, se distance de lui, mais pas trop, à peine, comme s'il se plaçait juste au-dessus de lui. 

Dans mon cas, ce sera des « elle » et le prénom de mon personnage, Murielle.

Allons-y avec l'exemple pour illustrer le tout !

Bon, tout est prêt. Les valises, le chien, la maison, les poubelles, les plantes... Elle n'a rien oublié, là. Murielle fouille nerveusement dans ses poches. Voyons, où est-ce que je l'ai mise ? Puis elle la voit, sur le comptoir, sa liste. Elle la prend et la scrute. Non, tout est coché ! Hoooo ! Je suis toute énervée ! Elle a tellement hâte de partir ! Enfin, la mer ! La mer... Depuis le temps qu'elle en rêve. Y être en famille ! Elle espère que François et Joudie vont arriver bientôt. Ils partent dans moins d'une heure. Où est Marcus ?

— Marcus !
— Je suis dans le salon.
A-t-il commencé à ranger ses jouets, comme elle le lui avait dit ? Elle l'espère. Mais une fois dans le salon, Murielle soupire d'impatience.
— Marcus ! Qu'est-ce que tu fais ?
Elle s'accroupit devant lui et sa montagne de Légos.
— On part bientôt et tu joues encore. Pourquoi ? Tu n'as pas hâte d'aller voir l'océan ?
Sans répondre, son fils s'applique à la construction d'une tour entièrement rouge ! Des blocs ROUGES... Un frisson la saisit.
— Sers tes choses, mon grand, OK ? Et réveille Alice pour qu'elle soit prête...
Ding Dong !
Ah non ! Pas des colporteurs ou des témoins de Jéhova ! Elle n'a vraiment pas le temps pour ça. Murielle va ouvrir la porte et ouf ! ce n'est pas eux, mais un policier à l'air si grave qu'on dirait qu'il vient de perdre sa femme.
— Madame Dutamoine ?
— Oui, c'est moi.
L'homme lui prend la main avec douceur. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Sa main la glace, elle n'aime pas ça. Ses yeux plongent dans son regard et elle a soudain peur. Peur des mots qui sortiraient de sa bouche...
— J'ai le regret de vous annoncer, commence-t-il avec une voix si faible qu'elle l'entend à peine.
Et pourtant chaque mot semble hurler dans sa tête, comme si elle savait...
—... que votre mari et votre fille ont eu un grave accident de voiture. Vous devriez me suivre.
Murielle le regarde, ce qu'il n'a pas dit résonne trop fort en elle. Un silence bruyant, comme des marteaux géants frappant sur des murs de taule. Sur son coeur, son âme...
Les yeux de l'officier sont trop éloquents...
— Ils sont morts ?
Il baisse la tête. 
— Suivez-moi, s'il vous plaît.
Soudain, un froid immense l'envahit, un vide.
— Marcus, crie-t-elle à son fils. Il faut partir, amène Alice.


On utilise ce PDV pour montrer les émotions du personnage principal et tout ce qui se passe dans sa tête. Le narrateur se distance légèrement du personnage lorsqu'il doit décrire ses gestes. Pour le reste, tout est vu à travers les yeux du personnage, son environnement et les gens autour de lui. Pour écrire avec ce PDV, il faut être capable de sentir la voix du personnage, ce qui demande une grande expertise de la part de l'auteur. Élizabeth Georges nous explique, dans son livre Mes secrets d'écrivain, sa façon de faire pour cerner la voix de ses personnages. Elle a une méthode très détaillée, parfaite pour ceux et celles qui aiment travailler avec le cerveau gauche. Mais pas pour moi qui suis plutôt cerveau droit...
Pour avoir lu quelques-uns de ses bouquins, je dois vous avouer qu'elle excelle avec ce PDV.  Lisez, par exemple, Le rouge du pêché, son dernier roman paru aux éditions Presses de la cité, en 2008, et vous verrez : on ressent la différence des voix entre les personnages. C'est hallucinant !  
 
Ce PDV me fascine et j'ai encore bien des choses à apprendre sur lui. J'espère un jour pouvoir le maîtriser... (OUI! Je vais y arriver !! Il faut être positive dans la vie !)
 
Le prochain billet sur les PDV traitera du PDV objectif.
 
Merci d'être là et de me lire.
À bientôt,
Annie xxx...

mardi 3 août 2010

Que faire, maintenant ?

Quelle direction prendre ?
Un petit mot pour vous informer que j'ai enfin terminé les nombreuses réécritures de mon roman. Mon côté perfectionniste m'ordonnait de poursuivre parce qu'il restait, selon lui, encore des choses à retravailler, mais l'écrivaine en moi me certifiait que j'en avais assez fait. De toute façon, il y aura toujours quelque chose de plus à peaufiner sur un manuscrit. L'important, selon moi, pour un écrivain, est d'en arriver à une satisfaction intérieure du travail accompli. Et pour La brûlure d'Adeline, j'ai éprouvé ce sentiment. J'ai mené cette histoire aussi loin que j'en étais capable, assez pour qu'elle soit publiable. Je crois... Donc, hier, j'ai fait imprimer les 293 pages du manuscrit, j'ai terminé ma lettre de présentation, j'ai préparé mon enveloppe, et j'ai posté le tout.

Maintenant, l'attente...

Que fait un écrivain pendant ce temps-là ? Il écrit... Il planche sur d'autres projets. Et moi, des projets, j'en ai plusieurs ! C'est ça, le problème ! Heureux problème, me direz-vous ? Oui, c'est un problème de choix. Car dans mes fichiers dorment trois histoires pour adolescents, des premiers jets qui attendent que je daigne poser un regard amoureux sur eux pour les rendre à maturité et leur permettre de vivre leur propre vie dans le monde de l'édition. 
J'ai aussi écrit cinq nouvelles. Les petites ont, elles aussi, besoin de mon attention. Et il y a la suite de La brûlure d'Adeline, dont j'ai commencé à écrire le premier¸jet, une quarantaine de pages. À cela s'ajoute un conte fantastique pour les 10-12 ans, dont les personnages principaux sont des animaux, et qui se déroule dans un monde imaginaire. Mes deux garçons aimeraient bien que je commence les réécritures de cette aventure, car ils aiment cette histoire. Ce n'est pas fini ! Il y a les deux petites histoires pour album, qui pourrissent dans mon classeur...

Que dois-je faire ? Sur lequel de ces bébés littéraires dois-je me pencher ? 

J'aurais besoin de vos conseils. Que feriez-vous à ma place ? Imaginez-vous être dans la peau d'une écrivaine qui a un besoin vital de créer, de plonger dans l'imaginaire et d'en extraire de nouvelles histoires, et ce, tous les jours, sinon, ça refoule en dedans. Conséquences : des pensées anarchiques, manque de concentration et perte du goût de vivre. Cette écrivaine doit aussi avancer ses autres projets, les premiers jets à relire, à réécrire, à re-relire, à ré-récrire..., pour ensuite les envoyer dans une maison d'édition. Un dernier point. Cette auteure a un défaut, elle pense plus aux autres qu'à elle-même.

(L'un de ses rêves est de trouver un jour un éditeur ou une éditrice qui a confiance en elle, en sa capacité de mener à terme de belles histoires, qui a le goût de s'engager avec elle pour plusieurs projets littéraires, pas juste un. Ainsi, elle pourrait ouvrir les vannes de son réservoir inconscient ou imaginaire, et laisser le flot de sa créativité littéraire jaillir hors d'elle en toute liberté, avec la certitude que ce qu'elle écrit va être publié.  Un jour, ce rêve va se réaliser, elle sait que cet éditeur ou éditrice existe et elle le trouvera. D'ici là, elle doit faire ses preuves...)

Alors, si vous étiez cette écrivaine, que feriez-vous ?  

Merci de me répondre, j'ai hâte de vous lire !

Annie xxx...  

lundi 2 août 2010

La GUERRIÈRE en moi !

Je lance la flèche de ma destinée
Je suis abonnée, depuis quelques années, à la revue Writer's Digest. Et le numéro de ce mois-ci est tout à fait stimulant. J'aimerais partager avec vous un petit trésor d'inspiration pour les écrivains, que j'ai trouvé au bas de l'une des pages de ce magazine. En anglais, c'est écrit : « Have an attitude of gratitude ». En mes mots, voici ce que ça dit :
« La seule personne qui soit capable de juger l'effort et le travail que vous faites est vous. C'est pourquoi l'une des jobs les plus importantes à faire, comme écrivain, est la célébration de vos succès, autant les grands que les petits, de vos échecs (si la notion d'échec existe vraiment dans ce métier...), de votre volonté à prendre des risques, de votre habilité à respecter vos engagements, de votre capacité à travailler avec la peur quand elle surgit — toute l'affaire ! Quand vous commencez à vous sentir authentiquement responsable de vous (et reconnaissant envers vos propres efforts et accomplissements), tout est possible. » 
Cela m'a fait réfléchir sur l'importance que j'accorde aux paroles des autres sur moi-même et sur mon travail. Oui, je suis prête à recevoir des critiques constructives. De ce côté-là de l'affaire, il n'y a pas de problème. Mais je laisse désormais de côté tous les propos désobligeants et non constructifs exprimés par des personnes qui croient avoir une opinion juste sur ce qui arrive dans la vie des autres, et qui se croient au-dessus d'eux, supérieures... Je n'ai pas de temps à perdre avec eux ! La vie est trop belle pour s'arrêter et ruminer et se rabaisser et se... Bref, vous comprenez ?
J'ai un rêve ! Et je vais le réaliser ! Aucun obstacle ne viendra à bout de ma destinée, celle que je forme avec mon coeur et toute mon âme ! JE SUIS DÉTERMINÉE À RÉUSSIR !

Merci d'être là et de me lire,
Annie xxx...