lundi 14 juin 2010

Description expérientielle: caractérisez votre récit. Partie 1


J'ai mis la main sur un livre vraiment extraordinaire, écrit par Ray Rhamey. Le titre : Flogging the Quill, Crafting a Novel that Sells. J'aimerais vous partager une partie de ce livre qui a été traduite, avec l'autorisation de l'auteur, par ma nièce Julie Côté, pour mes ateliers d'écriture. C'est le chapitre concernant la description expérientielle.

Le voici :

« Le lecteur d'un roman veut ressentir l'effet du roman sur lui ; il veut être enlevé du monde dans lequel il vit. Il veut sentir, voir et faire des choses qu'il ne ferait jamais, il veut vivre le monde du roman.

C'est là votre devoir : créer cette expérience. Il ne s'agit pas de raconter une histoire, mais de créer une réaction précise dans l'esprit de votre lecteur, de rendre même les invraisemblances réelles dans sa tête. Les personnages sont la clé et le coeur de la création, de cette expérience pour le lecteur.

Ceci fait référence au vieux dicton “show, don't tell”. Raconter, c'est transmettre une information, comme on le fait dans un journal quotidien. Un roman devrait transmettre l'expérience d'un personnage. (Note : Les mots raconter et montrer seront mis en italique lorsque nous ferons référence à l'aspect artisanal de la création du récit.)

La description est un élément clé de chaque roman, de chaque scène. Les scènes doivent être situées (décrites) de manière à ce que le lecteur connaisse le contexte dans lequel le personnage se trouve. L'action doit également y être montrée, bien évidemment. Dans un roman, les descriptions ne doivent pas être de simples “photographies” de ce que le personnage voit. Bien que ce procédé soit souvent utilisé, il faut toujours garder en tête qu'un ensemble de “photographies” ne crée pas une expérience. Les “photographies” racontent, fournissent de l'information; elles ne transmettent pas d'émotions ni ne créent pas l'expérience que nous recherchons dans un récit.

La meilleure description qui soit provient du personnage, forgée à partir de son point de vue à lui, de ses émotions, ses besoins, ses croyances et ses désirs.

C'est ce qui caractérise.

Décrivez à partir de l'intérieur, pas de l'extérieur

Voici une description tirée d'un extrait où l'auteur aurait pu procéder à une caractérisation, mais ne l'a pas fait. Dans ce passage, l'auteur décrit Jimmy et sa copine de la manière suivante :

“Jimmy était maigre comme un clou (high-school skinny), si mince et encore en croissance, comme le prouvaient ses muscles tendus et ses tendons apparents. Il n'était pas grand, seulement 5 pieds et 7, mais comme sa copine ne mesurait que 5 pieds et 3, ils avaient tous les deux l'air du couple parfait.”

J'ai bien aimé l'utilisation de l'expression “high-school skinny”, mais ces quelques lignes prouvent clairement la maladresse de l'auteur en matière de description.

Le segment de phrase “ils avaient tous les deux l'air du couple parfait” provient clairement d'un autre point de vue, car Jimmy ne peut possiblement pas voir ce dont lui et sa copine ont l'air ensemble. Il s'agit donc ici d'un cas primaire de “raconter”

Je sais qu'il peut être difficile de décrire un personnage selon son point de vue à lui, surtout si vous voulez éviter la vieille technique consistant à regarder dans un miroir — laquelle il vaut mieux la laisser aux oubliettes tellement elle est usée! —, mais il existe d'autres façons de procéder. Par exemple :

“Jimmy craignait que Kathy le trouve trop maigre. Sa mère lui disait que c'était normal, que c'était parce qu'il grandissait encore, d'où ses tendons apparents et ses muscles définis. Mais de ne mesurer que 5 pieds 7 ne le dérangeait pas — Kathy ne mesurait pas plus que 5 pieds 3, ce qui faisait penser à Jimmy qu'ils formaient un couple parfait.”

Comme vous pouvez le voir, ce passage fournit non seulement une “photographie” d'eux, mais caractérise Jimmy selon ce qu'il ressent à l'intérieur, et non pas selon ce que l'on voit à l'extérieur — ce qui représenterait le point de vue de l'auteur, pas celui du personnage. Le lecteur ne quitte pas l'esprit du personnage, il y plonge plus en profondeur. »

Dans le prochain article, vous pourrez lire la suite de ce chapitre où il sera question de la description expérientielle d'un lieu et de celle de l'action.
Si cet extrait vous a plu et que vous aimiez en savoir plus, voici le lien pour vous procurer ce merveilleux livre : Flogging the Quill

À bientôt,

Annie xxx

1 commentaire:

  1. Il semble vraiment intéressant ce livre, ça me le prend!!
    Merci Annie de partager toutes tes trouvailles avec nous!
    Isabelle

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