mercredi 3 août 2011

Retrouver son coeur d'enfant

Plusieurs jours avant mon départ pour l'atelier d'écriture d'Élisabeth Vonarburg, j'ai écrit un texte. J'ai décidé de le partager avec vous sur ce blogue.  



J’ai besoin de m’arrêter, de regarder au-dedans de moi, de recontacter ce que je suis. De respirer. De tomber dans l’instant présent.
Parfois, je suis aux prises avec une agitation mentale. Je me déconnecte de ma réalité et je m’éparpille dans toutes sortes de tâches familiales et de divertissements. Je me déconnecte si facilement… 
C’est mon défi ! Apprendre à me retrouver, à retrouver le flot, cette énergie qui m’habite, à ne plus la mettre de côté. Trois jours… Sans écrire. Et me voilà assaillie par des pensées noires et destructrices.
Puis des doutes… Pourquoi est-ce que j’écris ? Qu’est-ce que j’ai à communiquer aux autres ?
Pourquoi est-ce si difficile pour moi d’accepter mon côté créateur et lui accorder l’espace d’être et de s’exprimer ? Lui, il veut jouer, il veut inventer, il veut s’amuser…

Écrire est un acte complexe.

Plus je lis sur l’écriture et plus j’écris, plus je réalise que moins j’en savais, mieux c’était. Car au début, j’écrivais d’instinct, sans trop savoir ce que je faisais. La part de mon inconscient était 100 % présente. Je connectais avec ma réalité et j’ouvrais les vannes. Les mots affluaient. Maintenant que je sais un peu plus ce que je fais en écrivant, il y a mon critique intérieur qui se fait aller la grande gueule : « Mais non, Annie, ce n’est pas ça qu’ils disent de faire dans tes livres! », « Quand ils vont te lire, les autres, ceux qui savent, ils vont trouver ça moche. », « Qu’est-ce que tu racontes, là ? Ça a déjà été écrit. Tu n’es pas originale… » et blablabla… Sa voix plus forte. Le contrôle plus puissant. La peur…
Solution : retrouver son cœur d’enfant.
Pourtant, je suis une enfant, nous sommes tous des enfants, et nous aimons jouer. Jouer avec la vie, avec les mots, avec les sens et les émotions… On joue pour communiquer. On joue pour aimer. On joue parce que créer, c’est jouer. Il faut se laisser aller.
Le défi est de retrouver cette candeur des premiers temps, cette richesse de l’enfance, tout en possédant la connaissance, le savoir… Car cela fait partie de l’art d’écrire une histoire.
Pour me reconnecter avec ce que je suis, je dois retrouver l’enfant en moi.
Faisons un test. Admettons que je lance à mon enfant intérieur le mot : « ciseau ». Il l’attrape et se met à découper des feuilles de papier de toutes sortes de couleur. Il découpe des ronds rouges, des triangles jaunes, des carrés verts. Ciseau, ça coupe, ça peut blesser, ça peut tuer…
Une image. Une femme étendue sur le plancher, le ventre ensanglanté. À sa droite, baignant dans une flaque rouge, un ciseau argenté.
Une autre image. Des cerfs-volants qui planent bien haut dans le ciel, au-dessus des falaises qui surplombent l’océan. Des cris d’enfants. De joie. De terreurs…
Zoom sur la falaise. Dans les hautes herbes, un corps inerte avec une paire de ciseaux plantée entre les deux yeux…
Ouache…
Je regarde trop de séries policières ces temps-ci. À Série +. Une vraie accro. En famille, c’est tripant. CSI Miami. Sans laisser de trace. L. A. Enquêtes Prioritaires. CSI Les Experts. Castle. Vous voyez le genre.
Essayons une autre image. Dans un autre lieu que celui de notre chère planète Terre. Un monde imaginaire. Une autre planète.
Ciseau, ciseau… Que pourrais-tu bien faire entre les mains (ou plutôt les pinces) d’un Ramilasou, habitant de la planète Rami, située à des années-lumière (Ça fait pas mal cliché, cette expression, il me semble qu’on l’a si souvent entendue, non ?) de la Terre. Admettons que ce Ramilasou a un nom. Les autres l’appellent Tradd.
Donc, Tradd, un Ramilasou de grande taille, avec ses deux mètres 75,  ses quatre longs bras, découvrent dans son vaisseau, près de la commande de téléportation, un instrument métallique très pointue. Il le saisit avec le bout de ses pinces, le manipule dans tous les sens, le respire avec ses trois nez. Pas des nez (nez ne se met jamais au pluriel, le saviez-vous?) d’humains, mais des espèces de trous, cinq en tout pour un nez. Donc son visage compte quinze trous. Tradd respire l’instrument avec son nez droit. Une image se forme alors dans sa tête. Un homme manipule le même objet. Le cerveau de Tradd s’active, l’énergie circule entre les synapses, le Ramilasou traite l’information : cet homme est un Terrien, an 2011 du troisième cycle.  L’image bouge. L’homme hurle, ses yeux lancent des flammes (un autre cliché), Tradd tressaillit. Les ondes de ce Terrien sont violentes, elles font mal et faussent, il a perdu sa lumière. Puis Tradd, toujours attentif à la scène qui se joue dans sa tête, voit l’humain courir vers une femme, il la rattrape, lui crie après et lui plante la pointe des ciseaux entre les deux yeux. La femme tombe dans les hautes herbes. Au-dessus d’elle, des cerfs-volants multicolores qui jouent avec le vent. Des cris d’enfants, au loin. De joie. L’homme se met à courir vers le précipice et saute dans le vide, vers les rochers, tout en bas. Tradd serre ses pinces, l’objet métallique plie sous la force extraordinaire du Ramilasou. Il ne comprend pas, lui qui ne vit que pour servir les autres, que pour aimer, que pour chanter la musique lumineuse. Cette violence humaine… Elle détonne. Elle fausse avec les falaises, les mouettes qui volent paisiblement, la mer qui s’échoue sur les rochers tout en bas… Cette mélodie manque de lumière. Tradd échappe l’objet métallique déformé.
Cette chose a enlevé la vie…
Et vous, si je vous lançais une paire de ciseaux, que feriez-vous avec ? Que ferait l’enfant en vous avec ?
Allez, trouvez-le, et créez une histoire…
Merci d’être là et de me lire.
Annie xxx

4 commentaires:

  1. Voilà probablement l'un des plus grands défis que nous avons à surmonter... Gardez l'enthousiasme du débutant, préserver cette énergie créative, cette spontanéité.

    Il faut quitter cette mentalité «Plus j'en sais, plus c'est compliqué» pour «Tant pis, j'en saurai encore plus demain, c'est tout».

    L'écriture est un cheminement Annie. Tu le sais. Fais-toi confiance un peu. Il n'y a que toi, en ce moment, qui te retiens, qui t'empêche, qui te presse contre le sol. Toi et cette idée que tu te fais du regard des autres.

    Écris ce qui te passionne. Joue avec les mots. Et quand ton texte sera terminé, eh bien réécris avec passion. Retravaille avec détermination. Regarde en avant, fais taire la voix de ton critique intérieur -ta voix!-, et fonce.

    Accepte aussi que l'énergie qui te propulse est cyclique. Les «downs» suivent les périodes d'inspiration, et vice versa. Accepte le doute, mais apprend à lui montrer la porte quand c'est le temps d'écrire et de plonger dans ton univers.

    M'enfin... Voilà.

    Écris Annie. Et fais-nous lire.

    Moi j'aime toujours te lire.

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  2. Cher Patrice...

    Comme tes mots me font du bien !

    Sais-tu quoi ? Je vais y arriver...

    Et je suis d'accord avec toi, mon pire ennemi, c'est moi-même. Je le sais, pourtant, depuis longtemps... Grrrrr...

    Je vais y arriver !! Oui, oui !! :-)

    Merci pour tes sages paroles, Patrice. Je soupçonne la présence d'une vieille âme à l'intérieur de ton corps.

    Merci d'être là, cher ami... Et continue d'être toi-même !! :-))

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  3. "Plus je lis sur l’écriture et plus j’écris, plus je réalise que moins j’en savais, mieux c’était."
    Cette idée me trotte souvent dans la tête aussi. Je suis contente de voir que je ne suis pas seule à avoir cette impression.

    Et j'aime bien le conseil de Pat : "Accepte aussi que l'énergie qui te propulse est cyclique. Les «downs» suivent les périodes d'inspiration, et vice versa." Très sage ce Pat.

    Moi je m'y remets sérieusement. Fini les vacances!

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  4. Super, Isabelle ! Je te souhaite de très belles séances d'écriture, inspirantes et riches. Et ne lâche pas surtout ! :-)xxx

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