lundi 9 août 2010

Les points de vue, quelle affaire ! (4ème partie)

Je tiens d'abord à remercier les auteurs suivants : Mathieu Fortin pour son article auteur vs narrateur et Audrey Parily pour son billet titré inspiration, imagination, création, qui viennent, tous deux, compléter ce que j'écris sur les différents PDV d'un narrateur.
Aujourd'hui, explorons le PDV le plus froid, le plus distant, le plus descriptif d'entre tous, car il n'est que cela, description : celle des dialogues, des mimiques et des gestes des personnages, de leur passé, de leur avenir, et celle du décor, comme le fait le narrateur omniscient. Mais contrairement à lui, jamais il n'entre dans la tête et le coeur des personnages. JAMAIS.
Je vous présente le NARRATEUR OBJECTIF.  
Pour comprendre ce type de narrateur, imaginez-vous être une caméra qui suit les personnages en filmant chacun de leurs gestes. Vous (dans la peau de ce narrateur) êtes totalement à l'extérieur d'eux et ne voyez que les faits, « rien que les faits, monsieur  ». Le plus grand défi de ce PDV est de rendre l'émotion des personnages en décrivant leurs actions, leurs traits, leur langage corporel. C'est une narration cinématographique, car c'est l'image qui prime et que vous placez en premier plan devant vos lecteurs, leur donnant ainsi toute latitude pour interpréter l'émotion des personnages. Vous ne dites rien. RIEN ! Mais simplement décrire ce qu'on voit, ce que le lecteur voit.  

Pour illustrer ce type de narrateur, je vais reprendre l'exemple du narrateur omniscient (le billet du 26 juillet) en enlevant tous les passages où ce dernier décrit les pensées et les émotions des personnages. 

Ce matin-là, un soleil de plomb réchauffe la ville, le temps est radieux, les fleurs épanouies et les odeurs d'herbe coupées embaument l'air de la rue Traverse. Des cris joyeux d'enfants jouant sur le trottoir accompagnent le chant des chardonnerets qui bondissent d'un sapin à l'autre. La vie est tranquille sur cette rue alors qu'à l'autre bout de la ville, des ambulanciers tentent par tous les moyens d'extraire deux corps aux membres déboîtés d'une Volvo accidentée. Le calme de la rue Traverse est cependant rompu par la venue d'une voiture de police qui se gare devant la maison jaune aux volets orange brûlé. Une maison coquette cerclée par une haie de jeunes cèdres.
L'agent Luc Malouin ôte ses lunettes fumées et soupire. Il fixe la rue devant lui en glissant sa grosse main dans ses cheveux courts, puis il sort de la voiture.
Pendant qu'il marche à pas lent vers l'entrée de la maison, à l'intérieur, Murielle, trente ans, cheveux bruns, yeux verts, vérifie à toute vitesse la terre des plantes de la cuisine. Dix minutes plus tôt, elle vidait les poubelles et comptait les valises. Elle prend maintenant une feuille de papier qui traînait sur le comptoir et coche la dernière ligne de la liste, sourire aux lèvres.
— Voilà, tout est fait !
Puis son visage s'assombrit. Elle fronce les sourcils et demeure silencieuse, un moment. Elle relève subitement la tête, les yeux écarquillés.
— Marcus ? dit-elle.
—...
— Marcus ? Où es-tu ?
Aucune réponse. Elle se rend au salon et soupire d'impatience en voyant son fils de 6 ans toujours assis par terre, entouré de ses montagnes de Légos, près de la chienne Alice endormie.
— Qu'est-ce que tu fais ?
Elle se penche vers lui.
— On part bientôt et tu joues encore. Pourquoi ? Tu n'as pas hâte de plonger tes pieds dans l'océan ?
Marcus ne répond pas et ne sourit pas non plus, il s'applique à la construction d'une tour entièrement rouge. Murielle perd légèrement son équilibre, mais réussit à ne pas tomber.
— Serre tes choses, mon grand, dit-elle d'une voix secouée. Et réveille Alice pour qu'elle soit prête...
Ding Dong !
Alors qu'elle se relève pour aller répondre, l'agent Luc Malouin essuie ses mains moites sur son pantalon, de l'autre côté de la porte. Une porte jaune serin. Et plus loin, dans la ville, le corps ensanglanté d'un homme de quarante ans et celui désarticulé d'une fillette gisent sur des civières.
Murielle ouvre.
— Madame Dutamoine ? commence-t-il.
— Oui, c'est moi.
Il la regarde avec sollicitude et lui prend délicatement les mains.
— J'ai le regret de vous annoncer, murmure-t-il, que votre mari et votre fille ont eu un grave accident de voiture. Vous devriez me suivre.
Murielle demeure immobile, le regard vide. Elle tremble de plus en plus. L'agent Luc Malouin se passe une main sur la mâchoire, le regard fuyant. Murielle plonge alors ses yeux humides dans les siens.
— Ils sont morts ?
Il baisse la tête et souffle :
— Suivez-moi, s'il vous plaît.
Elle se précipite dans le salon.
— Marcus, dit-elle d'une voix sèche, il faut partir, amène Aline.

Avec ce type de narration, la distance est grande entre le narrateur et ses personnages. Il est donc plus difficile pour le lecteur de s'identifier et de s'attacher aux personnages. C'est une narration froide ne décrivant que les aspects extérieurs de l'histoire. En aucun cas ne sont révélés les pensées, les sentiments des personnages, leur attitude, leurs préoccupations, leurs obsessions, leurs désirs ou leur projet. 
Si vous souhaitez créer une aura d'intrigue autour d'un personnage ou d'une situation, vous pouvez décider de recourir à la narration objective. Hernest Hemigway et Stephen King l'ont déjà fait et ils l'ont très bien réussi ! 

Voilà, ce billet termine la série d'articles sur les PDV.

Faites-moi savoir si le contenu de cette série vous a été utile, vous seriez gentil(le)s, MERCI !

Et merci d'être là et de me lire !
Annie xxx...

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