lundi 6 décembre 2010

Entrevue virtuelle avec ALAIN M. BERGERON - Partie 1


Ce mois-ci, nous avons l'honneur d'accueillir en entrevue virtuelle monsieur Alain M. Bergeron, auteur jeunesse prolifique, renommé, finaliste au Prix palmarès Communication-Jeunesse (2002, 2003, 2004), finaliste au Prix du Gouverneur Général (2005), lauréat du Prix Monsieur Christie (2003). Les jeunes, mais aussi les grands, raffolent de ses livres...  

Nous tenons à le remercier d'avoir bien voulu jouer le jeu de l'entrevue virtuelle sur Roman en chantier. Fidèle à lui-même, Alain a répondu avec une très grande générosité et beaucoup d'humour !       

Je vous invite chaleureusement à lire ses mots sur sa relation avec l'écriture.


La relation d'Alain avec l’écriture

 
Roman en chantier : À quel moment dans votre vie s’est manifesté votre désir d’écrire et à quel moment avez-vous commencé à écrire ?

Alain : Le moment déclencheur de ma vie pour l’écriture, c’est lorsque j’ai eu mon garçon (1989). Je voulais lui laisser quelque chose de moi. N’étant pas du genre à construire des cabanes dans les arbres (dangereux pour lui… et pour moi à la fabriquer), je me suis dit que je pourrais essayer de lui écrire des histoires, ayant toujours adoré la lecture. J’ai gagné des prix avec ces récits, qui se sont transformés en livres. Voilà. Tout simplement. Par contre, j’avais déjà tâté l’écriture dans une vie antérieure alors que je jouais de la musique (on fait tous des erreurs dans notre parcours) et j’y faisais le récit d’un groupe de jeunes musiciens désireux de devenir les prochains Beatles… (25 ans après, j’ai utilisé cette trame pour écrire le livre «Les Tempêtes», chez Soulières Éditeur, 2004).

Roman en chantier : Est-ce que l’écriture est un besoin pour vous? Si oui, pourquoi?

Alain : Voilà une question à laquelle je ne m’étais même pas arrêté au cours des vingt dernières années… Je viens de réaliser que oui, j’adore écrire. Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est de créer une histoire : y réfléchir, prendre des notes, faire des recherches, trouver des gags, des rebondissements, mettre au monde des personnages, des univers, etc. Ça, c’est vraiment ma tasse de thé. L’écriture, c’est ce qui permet de déposer tout ça sur papier.

Roman en chantier : Écrivez-vous à temps plein? Ou en parallèle avec un autre métier?

Alain : J’ai commencé à écrire en 1989. Parallèlement, j’avais un travail de journaliste. Donc pour me changer les idées de mon boulot, le soir à la maison ou les week-ends, j’écrivais… J’ai fait les deux jusqu’à l’automne 2005. J’ai alors pris la décision de laisser mon emploi « sûr » de journaliste pour me consacrer exclusivement à l’écriture jeunesse. Je n’ai jamais, jamais, jamais (vous l’ai-je dit?) regretté mon choix. C’est un privilège immense de pouvoir gagner sa vie en faisant ce que l’on aime par-dessus tout. Je l’apprécie chaque jour !

Roman en chantier : Quelle est votre routine d’écriture? (Écrivez-vous le matin, l’après-midi, le soir ou pendant la nuit? Combien d’heures par jour? De quoi vous entourez-vous pour écrire? De photos? De plantes? De toutous? De vos chats? Écrivez-vous à la maison ou dans les cafés, dans les parcs ou en plein cœur de la nature? Avez-vous un espace juste pour vous? Si oui, à quoi ressemble-t-il? Etc.)

Alain : J’écris surtout le matin. Je suis un lève-tôt (pas besoin de beaucoup de sommeil, un avantage certain). Une fois ma fille (j’ai eu une fille en 1998) partie pour l’école, je peux me consacrer à mes projets de livre (création ou écriture). Sauf exception, je ne suis pas du genre à commencer à écrire à 8 h 30 et à filer sans arrêt jusqu’à midi. Il y a des pauses (re-petit-déjeuner; j’ai deux chiens qui me harcèlent sans cesse pour aller dehors, le téléphone, les courriels à vérifier, etc.). Physiquement aussi, j’ai les épaules et le dos en feu si je reste trop longtemps dans la même position. Alors, je bouge beaucoup. Il m’arrive même de quitter la maison pour aller poster des choses ou pour promener les chiens (un bon moment pour réfléchir). Comme je suis mon propre patron, ben… (mais un patron très exigeant, parfois un peu trop!)

Mon après-midi et mes soirées sont consacrés notamment à la correction de manuscrits (les miens) et d’épreuves, à essayer de répondre aux courriels les plus urgents (un retard chronique), à préparer les prochaines animations…

Je travaille au sous-sol, dans mon bureau. Sur mes murs, j’ai des dessins originaux d’artistes auxquels je suis associé (Marie-Claude Demers, Fil et Julie, Fabrice Boulanger, Stéphane Poulin, Sampar).

Toutefois, quand j’écris la première version de mon récit, là, je ne suis pas devant l’ordi, mais plutôt au rez-de-chaussée, dans une chaise berçante (le gros confort, quoi), devant la grande fenêtre de la cuisine qui donne sur les montagnes chez nous. J’écris toujours ma première version à la maison, dans un cahier (oui, je suis très high-tech).

Roman en chantier : Quelle partie dans la création d’une histoire préférez-vous? La gestation, le premier jet, le développement des personnages, la réécriture, etc. ? Pourquoi?

Alain : (voir la réponse #2). J’aime créer tout le contexte menant à l’histoire. Le fait d’avoir été journaliste pendant plus de vingt ans m’a aidé énormément à structurer rapidement mes récits, mes personnages et leur univers.

Je ne peux pas dire que ça m’excite terriblement de devoir reporter à l’ordi ce que j’ai écrit sur le papier (le récit terminé, jamais avant). Ça, c’est vraiment du travail. Cependant, une fois tout le texte écrit à l’ordi, là, je retrouve le plaisir à le corriger et à le recorriger. Jusqu’à ce que la directrice littéraire me retourne mon manuscrit corrigé… Alors là, les amis…

Roman en chantier : Si vous aviez à utiliser une métaphore pour décrire le type d’écrivain que vous êtes, quelle serait-elle?

Alain : Une boîte à surprises… On ne sait jamais ce qui va en sortir, mais on sait que quelque chose va émerger de tout ça…

Roman en chantier : Comment qualifiez-vous votre relation avec l’écriture?

Alain : Il y a pire métier dans la vie ! ;-)

J’essaie de ne pas laisser le doute s’installer. Parfois, je prends du recul sur ce que je fais et j’en ai le vertige. Quoi ? Gagner sa vie en écrivant ? C’est possible, ça ? Pendant encore combien de temps ? Mon côté rationnel cherche alors à s’imposer. Je dois le faire taire et vivre le moment présent, tout en n’oubliant pas les conséquences sur le futur. Ce que j’écris aujourd’hui me rapportera des sous dans un an ou deux… Car on ne vit pas que d’amour et d’eau fraîche. C’est un plaisir immense, mais ça reste également une responsabilité et un travail. Je n’ai pas le luxe de me regarder pousser les ongles en attendant une idée…

Voilà pour la première partie de l'entrevue. La suite, dans un prochain billet.

Merci d'être là et de nous lire.
À bientôt,
Annie xxx...

1 commentaire:

  1. Entrevue vraiment très intéressante! Agrémentée d'humour en plus, j'adore ça!
    Vivement la suite :-)

    Je suis toujours surprise de voir que des auteurs établis ont encore des doutes sur leur métier. Ça me rassure un peu...

    Merci beaucoup Monsieur Bergeron pour vos belles confidences!

    RépondreSupprimer

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