jeudi 5 août 2010

Les points de vue, quelle affaire ! (3ème partie)

Là, j'ai envie de partager avec vous le point de vue (PDV) que j'affectionne le plus : celui du personnage principal mais raconté par un narrateur à la troisième personne. On le nomme (dans le livre The Power of Point of View, d'Alicia Rasley) le PDV subjectif fixe.
Comme je l'ai mentionné dans le billet du 21 juillet (Les points de vue, quelle affaire ! (1re partie)), pour écrire avec ce PDV, nous n'avons qu'à écrire avec un narrateur à la 1re personne puis à réécrire notre texte en changeant simplement les « je » pour des « i l » ou des « elle », selon le cas, et en utilisant, à petites doses, le prénom du personnage là où le narrateur, selon le ressenti de l'auteur, se distance de lui, mais pas trop, à peine, comme s'il se plaçait juste au-dessus de lui. 

Dans mon cas, ce sera des « elle » et le prénom de mon personnage, Murielle.

Allons-y avec l'exemple pour illustrer le tout !

Bon, tout est prêt. Les valises, le chien, la maison, les poubelles, les plantes... Elle n'a rien oublié, là. Murielle fouille nerveusement dans ses poches. Voyons, où est-ce que je l'ai mise ? Puis elle la voit, sur le comptoir, sa liste. Elle la prend et la scrute. Non, tout est coché ! Hoooo ! Je suis toute énervée ! Elle a tellement hâte de partir ! Enfin, la mer ! La mer... Depuis le temps qu'elle en rêve. Y être en famille ! Elle espère que François et Joudie vont arriver bientôt. Ils partent dans moins d'une heure. Où est Marcus ?

— Marcus !
— Je suis dans le salon.
A-t-il commencé à ranger ses jouets, comme elle le lui avait dit ? Elle l'espère. Mais une fois dans le salon, Murielle soupire d'impatience.
— Marcus ! Qu'est-ce que tu fais ?
Elle s'accroupit devant lui et sa montagne de Légos.
— On part bientôt et tu joues encore. Pourquoi ? Tu n'as pas hâte d'aller voir l'océan ?
Sans répondre, son fils s'applique à la construction d'une tour entièrement rouge ! Des blocs ROUGES... Un frisson la saisit.
— Sers tes choses, mon grand, OK ? Et réveille Alice pour qu'elle soit prête...
Ding Dong !
Ah non ! Pas des colporteurs ou des témoins de Jéhova ! Elle n'a vraiment pas le temps pour ça. Murielle va ouvrir la porte et ouf ! ce n'est pas eux, mais un policier à l'air si grave qu'on dirait qu'il vient de perdre sa femme.
— Madame Dutamoine ?
— Oui, c'est moi.
L'homme lui prend la main avec douceur. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Sa main la glace, elle n'aime pas ça. Ses yeux plongent dans son regard et elle a soudain peur. Peur des mots qui sortiraient de sa bouche...
— J'ai le regret de vous annoncer, commence-t-il avec une voix si faible qu'elle l'entend à peine.
Et pourtant chaque mot semble hurler dans sa tête, comme si elle savait...
—... que votre mari et votre fille ont eu un grave accident de voiture. Vous devriez me suivre.
Murielle le regarde, ce qu'il n'a pas dit résonne trop fort en elle. Un silence bruyant, comme des marteaux géants frappant sur des murs de taule. Sur son coeur, son âme...
Les yeux de l'officier sont trop éloquents...
— Ils sont morts ?
Il baisse la tête. 
— Suivez-moi, s'il vous plaît.
Soudain, un froid immense l'envahit, un vide.
— Marcus, crie-t-elle à son fils. Il faut partir, amène Alice.


On utilise ce PDV pour montrer les émotions du personnage principal et tout ce qui se passe dans sa tête. Le narrateur se distance légèrement du personnage lorsqu'il doit décrire ses gestes. Pour le reste, tout est vu à travers les yeux du personnage, son environnement et les gens autour de lui. Pour écrire avec ce PDV, il faut être capable de sentir la voix du personnage, ce qui demande une grande expertise de la part de l'auteur. Élizabeth Georges nous explique, dans son livre Mes secrets d'écrivain, sa façon de faire pour cerner la voix de ses personnages. Elle a une méthode très détaillée, parfaite pour ceux et celles qui aiment travailler avec le cerveau gauche. Mais pas pour moi qui suis plutôt cerveau droit...
Pour avoir lu quelques-uns de ses bouquins, je dois vous avouer qu'elle excelle avec ce PDV.  Lisez, par exemple, Le rouge du pêché, son dernier roman paru aux éditions Presses de la cité, en 2008, et vous verrez : on ressent la différence des voix entre les personnages. C'est hallucinant !  
 
Ce PDV me fascine et j'ai encore bien des choses à apprendre sur lui. J'espère un jour pouvoir le maîtriser... (OUI! Je vais y arriver !! Il faut être positive dans la vie !)
 
Le prochain billet sur les PDV traitera du PDV objectif.
 
Merci d'être là et de me lire.
À bientôt,
Annie xxx...

2 commentaires:

  1. Vraiment, mon préféré. Celui de Katherine Pancol aussi dans ses trois derniers livres. et bien loin de ce que j'ai appris dernièrement: la narration doit être littéraire et les dialogues (et sous-entendu les monologues ou pensées des personnages) familiers ou à tout le moins avec son langage propre qui se distingue nettement du style du narrateur.
    Ce sur quoi je n'étais pas d'accord, mais c'était pas moi le prof!
    Peut-être voulait-on simplement me dire que si le lecteur doit chercher qui parle, peut-être n'était-ce pas assez clair!
    Pourtant j'ai lu et noté Mes secrets d'écrivaine d'Elisabeth George et je n'avais pas remarqué à ce moment-là.

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  2. Tant mieux si cet article vous a plu et permis de trouver le PDV idéal pour votre roman. :o)

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