jeudi 24 mars 2011

Entrevue virtuelle avec SYLVIE GAYDOS


En entrevue virtuelle, ce mois-ci, nous recevons Madame SYLVIE GAYDOS, auteure d'Impasse, son premier roman, publié aux Éditions de Mortagne, en février 2011. C'est tout neuf et tout chaud.
Nous tenons à remercier Madame Gaydos d'avoir accepté de participer à l'entrevue virtuelle sur Roman en chantier. C'est extrêmement gentil de sa part. :-)

Écoutons-la, maintenant, nous parler de sa relation avec l'écriture, de son processus créatif et de bien d'autres choses.


La relation de SYLVIE avec l’écriture


ROMAN EN CHANTIER : À quel moment dans votre vie s’est manifesté votre désir d’écrire et à quel moment avez-vous commencé à écrire?

SYLVIE : J’ai toujours aimé lire et écrire, mais la décision de tenter l’écriture d’un roman est venue au début de la quarantaine. J’ai eu à surmonter quelques scrupules avant de m’y mettre, ce qui a repoussé le début de l’aventure d’un an ou deux. Inutilement, d’ailleurs, ce qui est facile à dire, après coup. :-)

ROMAN EN CHANTIER : Est-ce que l’écriture est un besoin pour vous? Si oui, pourquoi?

SYLVIE : Dans mon cas, qualifier l’écriture de besoin est peut-être un peu exagéré, mais c’est un grand plaisir auquel j’accorde une belle priorité dans l’ensemble de mes activités. J’ai vécu longtemps sans écrire de la fiction, alors aucun doute je pourrais continuer de respirer si je cessais de mettre sur papier les histoires qui m’occupent la tête!!

ROMAN EN CHANTIER : Écrivez-vous à temps plein? Ou en parallèle avec un autre métier?

SYLVIE : En parallèle avec un autre métier, comme la plupart des écrivains. Par contre, j’ai la chance de gérer mon temps selon mes besoins. J’ai donc réservé deux jours de semaine à l’écriture, ce qui n’est pas si mal. En vérité, je ne suis pas convaincue que j’aimerais exercer le métier d’écrivain à temps plein… J’aurais l’impression d’être trop souvent dans mon imaginaire et pas assez dans la vraie vie.

ROMAN EN CHANTIER : Quelle est votre routine d’écriture? (Écrivez-vous le matin, l’après-midi, le soir ou pendant la nuit? Combien d’heures par jour? De quoi vous entourez-vous pour écrire? De photos? De plantes? De toutous? De vos chats? Écrivez-vous à la maison ou dans les cafés, dans les parcs ou en plein cœur de la nature? Avez-vous un espace juste pour vous? Si oui, à quoi ressemble-t-il? Etc.)

SYLVIE : Ouf! Je vais essayer de répondre! :-) Je dois me discipliner pour écrire le matin, ce n’est pas naturel, mais plus la journée avance, plus je deviens productive. Les bonnes journées, je peux aller jusqu’à minuit avant d’atteindre ma saturation. Là, j’arrête et, habituellement, la satisfaction est grande. J’écris surtout à la maison, dans mon bureau (une pièce juste pour moi : dehors tout le monde!). Je mets une musique douce, ne réponds pas au téléphone et tolère les chats, à la condition qu’ils ne se prennent pas pour des pots de colle. Il m’arrive de m’installer dehors, les jours de beaux temps, mais le danger est plus grand d’être distraite par les oiseaux, les écureuils, le va-et-vient… C’est plus agréable, mais moins productif.

ROMAN EN CHANTIER : Quelle partie dans la création d’une histoire préférez-vous? La gestation, le premier jet, le développement des personnages, la réécriture, etc. ? Pourquoi?

SYLVIE : J’aime chaque étape. Même les corrections! Chaque partie est utile, fait avancer le manuscrit, l’enrichit. J’ai donc pris plaisir à chacune d’elle. Il y a bien le premier jet qui nous transporte d’une excitation unique, mais les autres phases apportent aussi leur dose de satisfaction.

ROMAN EN CHANTIER : Si vous aviez à utiliser une métaphore pour décrire le type d’écrivain que vous êtes, quelle serait-elle?

SYLVIE : Je ne suis pas très douée pour les métaphores, alors je me permets une réponse poche : aucune idée! Bon, si je veux être consciencieuse et que je creuse un peu… je dirais un pit-bull ?! Pas pour sa tronche, évidemment, plus pour sa mâchoire qui ne desserre pas facilement. Quand je suis décidée, je suis comme eux : c’est difficile de me faire lâcher.

ROMAN EN CHANTIER : Comment qualifiez-vous votre relation avec l’écriture?

SYLVIE : Euh… bonne! On s’entend bien, on se respecte, on s’apporte beaucoup l’un l’autre. Blague à part, ma relation avec l’écriture est très sereine. J’y puise du plaisir et je lui donne la place que je veux bien qu’elle ait. Pas d’écrivaine tourmentée, ici.

Le processus créatif de SYLVIE  


ROMAN EN CHANTIER : Comment visualisez-vous votre manière de créer? (Par exemple Mireille Pochard, dans son livre Écrire une nouvelle et se faire publier, explique que lorsqu’elle écrit, elle visualise une pelote, elle imagine que tout est déjà à l’intérieur d’elle, qu’elle ne crée rien, qu’il suffit de dévider… Ce qui n’exclut pas quelques nœuds qu’il faut défaire pour avancer!) Qu’en est-il avec vous?

SYLVIE : Pour moi, la création est un travail comme un autre. Il faut s’asseoir et faire l’effort. L’apparition de l’inspiration, par exemple, demande un effort, celui de se mettre dans les dispositions nécessaires pour qu’elle monte à la conscience. Parfois c’est simple, d’autres fois, il faut y mettre un peu plus d’énergie. Je comparerais l’écriture d’un roman à la construction d’une maison. Il y a la charpente qui portera toute l’histoire sur ses épaules, le ‘rough’ qui donne de la structure et du caractère au récit, puis la finition, ces petits détails qui viennent rehausser le tout. La difficulté est d’obtenir un bon résultat dans les trois aspects. Il faut être prêt à suer.

ROMAN EN CHANTIER : Comment naissent vos histoires? Est-ce le personnage qui arrive en premier, l’intrigue, la situation, une atmosphère, un décor? Est-ce vous qui décidez de l’histoire ou bien vos personnages?

SYLVIE : Ce sont avant tout les personnages et leurs émotions que je commence par voir. Ensuite viennent les situations, l’atmosphère, les lieux. Les premières idées sont comme des impressions vagues que je décide ou non d’exploiter, selon le potentiel d’intérêt qu’elles semblent posséder. Après, c’est le travail qui embarque. On se pose des questions, on cherche les réponses et l’histoire se construit au fur et à mesure. Il n’y a rien de magique là-dedans et c’est assurément moi le patron! Par contre, même si je suis convaincue que mes personnages ne sont rien de plus que mes marionnettes, je me trouve bénie s’ils me donnent le sentiment d’exister par eux-mêmes. C’est signe que je leur ai donné de la cohérence et de l’authenticité.

ROMAN EN CHANTIER : Comment procédez-vous pour vous immerger dans la conscience de vos personnages et réussir à les ressentir de l’intérieur?

SYLVIE : Je ne vois que deux moyens. Le premier est d’utiliser l’empathie, c'est-à-dire, établir ce qu’un personnage devrait ressentir, faire ou penser en tentant de se mettre à sa place, sans perdre de vue son caractère, ce qu’il est, où il va. Le deuxième moyen est de puiser dans la somme d’expériences que constitue notre vie. Tout ce que l’on a entendu, vu, goûté, touché, senti, au cours de notre existence, peut servir à définir nos personnages avec cohérence. Suffit de s’en servir. Tiens… encore la cohérence. Décidément, j'y tiens.

ROMAN EN CHANTIER : Utilisez-vous un plan pour écrire? Ou au contraire, écrivez-vous votre premier jet en vous fiant à ce qui vient tout simplement, à votre inspiration? Comment procédez-vous?

SYLVIE : Pour mon premier roman, j’y suis allée comme ça venait. Aujourd’hui, j’ai le recul qu’il faut pour dire que c’était une erreur. Cette méthode (ou plutôt cette absence de méthode) m’a donné un agréable sentiment de liberté, mais au prix d’un coûteux manque d’efficacité et de productivité. Pour le deuxième, je me suis donc empressée d’opter pour le plan, accompagné d’une élaboration consciencieuse du caractère et de l’histoire personnelle de chaque personnage. J’ai moins de chance de me perdre dans des détours dignes des plus beaux discours de politiciens. Ceci dit, un plan n’est pas un carcan. À mon avis, il devrait se contenter de définir l’ossature de l’histoire et nous laisser toute notre marge de manœuvre pour la suite du travail.

ROMAN EN CHANTIER : Jusqu’à quel point la part de votre inconscient est-elle présente dans votre écriture? (Y faites-vous confiance? Comment travaillez-vous avec lui? Durant le premier jet? Dans la réécriture? À chacune des étapes de la création de votre histoire? Comment le visualisez-vous? Une fée avec une baguette magique? Un maître écrivain assis sagement à son bureau au sommet d’une montagne? Comment qualifiez-vous votre relation avec votre inconscient? Etc.)

SYLVIE : Ne jouons pas à l’autruche : l’inconscient d’un écrivain se trouve dans chaque ligne qu’il écrit! Comme il est inutile d’essayer de le mettre de côté, vaut mieux, effectivement, lui faire confiance et s’en servir en le laissant s’exprimer dans le premier jet. Par la suite, le conscient pourra prendre le contrôle, trier et garder ce qui fait son affaire. Je vois M. Inconscient comme un ami qui n’a pas toujours les idées bien organisées, mais qui agit indéniablement pour mon bien.

ROMAN EN CHANTIER : Quels sont vos trucs pour annihiler l’effort de votre critique intérieur à saboter votre écriture? (Quand vous êtes bloqués, que faites-vous pour vous en sortir?)

SYLVIE : Quand je suis bloquée, j’essaie de prendre mon mal en patience. Je fais autre chose, j’en profite pour lire d’autres auteurs, je parle de mon problème avec mon entourage. Je n’ai pas du tout le besoin d’annihiler mon critique intérieur. Un : c’est impossible. Deux : ce n’est certainement pas souhaitable. Pour moi, l’autocritique est une facette nécessaire de notre personnalité. Il m’apparaît plus sage de l’apprivoiser, d’apprendre à juger quand il exagère, d’essayer, en somme, de devenir le critique de notre critique intérieur. :-)



Les livres de SYLVIE et le monde de l’édition


ROMAN EN CHANTIER : Parmi tous vos projets, duquel êtes-vous le plus fier? Pourquoi?

SYLVIE : Nous sommes toujours très fiers de notre dernier projet, non ? Alors, je dirais le dernier, IMPASSE. C’est aussi mon seul projet abouti, mais, ça, c’est un détail, non ?! hihi

Ma fierté tient principalement au fait qu’en écrivant ce roman, j’ai eu l’impression de me dépasser. Comme si je repoussais une limite que je me mettais moi-même. De toute évidence, je me suis prouvé quelque chose et ça, c’est toute une source de satisfaction.

ROMAN EN CHANTIER : Lequel de vos personnages vous a-t-il fait le plus évoluer? Expliquez en quoi il vous a fait grandir.

SYLVIE : Euh… aucun. Pour l’instant, j’ai encore l’impression que c’est moi qui fais grandir des personnages. Ne brise pas mes illusions, d’accord ?! :-)

ROMAN EN CHANTIER : Pour qui écrivez-vous? Les adultes? Les enfants? Les adolescents?

SYLVIE : Je croyais que mon roman s’adressait aux adultes, mais il semble que les adolescent(e)s raffolent de Sixième sens, la collection dont il fait partie. Je ne les comptais pas dans mon public cible avant de les voir s’approcher timidement et me demander une dédicace, en plein salon du livre. C’est bien la preuve qu’un roman vit et suit son petit bonhomme de chemin par lui-même.

ROMAN EN CHANTIER : Combien de livres avez-vous écrits en tout?

SYLVIE : Une thèse de doctorat, ça compte ?! Bon, d’accord, un seul roman. Je suis novice et fière de l’être (ça me rajeunit ).

ROMAN EN CHANTIER : Le titre de votre plus récente parution.

SYLVIE : IMPASSE, en librairie depuis février dernier.

ROMAN EN CHANTIER : À quelles maisons d’édition vos livres ont-ils été publiés?

SYLVIE : Les Éditions de Mortagne.


Ses lectures


ROMAN EN CHANTIER : Que lisez-vous?

SYLVIE : Mes lectures sont variées et je lis principalement pour me divertir. J’adore les suspenses, les romans policiers, les romans historiques. Je lis autant des auteurs d’ici qu’étrangers. Malheureusement, écrire gruge beaucoup sur notre temps de lecture. J’aimerais lire davantage, mais… comme tout le monde, pour faire tout ce que je voudrais, il faudrait que je me dédouble! *soupir*

ROMAN EN CHANTIER : Quels sont les auteurs qui vous inspirent le plus?

SYLVIE : Aucun en particulier, mais je prends un peu de chaque auteur que je visite. Il y en a qui accroche mon intérêt sans mal (Katherine Pancol, Dean Koontz, Jane Austen, Michael Crichton), d’autres que je considère dans une classe à part (Jacques Poulin, Jean-François Beauchemin). Deux femmes m’ont montré que je pouvais oser : Diana Gabaldon et J.K. Rowlings.


Ses conseils


ROMAN EN CHANTIER : Selon vous, quelles sont les principales qualités pour devenir un auteur qui publie?

SYLVIE : De l’audace, de la persévérance, de la patience. Une petite dose d’humilité, de l’organisation et la capacité de travailler en équipe. Sans oublier le facteur le moins souvent nommé : une part de chance.

ROMAN EN CHANTIER : Quel serait le meilleur conseil que vous donneriez à un jeune écrivain désireux de percer dans ce métier?

SYLVIE : D’écrire et de lire tous les jours. De ne pas regarder trop loin en avant. De ne pas prendre les lettres de refus comme des jugements sur sa valeur personnelle, même comme écrivain. De se trouver un gagne-pain qui lui permettra d’écrire la tête tranquille, en attendant qu’un éditeur accepte de faire équipe avec lui. De rêver tout en demeurant réaliste. De ne pas oublier que toutes les carrières réussies se construisent sur plusieurs années.

ROMAN EN CHANTIER : Merci, Sylvie, pour cette belle entrevue.

SYLVIE : Tout le plaisir était pour moi. :-)

Si vous voulez connaître Sylvie, vous pouvez visiter son blogueEntre vous et... Elles, et faire un tour sur son site d'auteure ICI.

Voilà, c'était une longue et enrichissante entrevue.

Merci d'être là et de nous lire.

Annie xxx...

13 commentaires:

  1. Merci de nous faire découvrir des auteures, Annie. Celle-ci gagne à être connue, c'est évident ;)

    RépondreSupprimer
  2. Une belle entrevue, enrichissante et pleine d'espoir pour les (jeunes...) auteurs (comme moi) qui veulent percer dans le métier.

    Merci Sylvie pour ta générosité. Merci Annie pour la tribune que tu nous permets de découvrir !

    RépondreSupprimer
  3. Merci à notre dévouée Annie. J'ai adoré l'expérience. Qui sait, peut-être que dans quelques années, je vais relire cette entrevue et me souvenir avec nostalgie que j'ai déjà publié un roman !! MDR
    Mais ça ne sera pas sans avoir VRAIMENT essayé fort d'en publier un deuxième. À suivre... ;)

    RépondreSupprimer
  4. Super entrevue! Elle est longue et c'est bien ainsi. Ça nous permet de découvrir de multiples facettes de l'auteure par rapport à l'écriture et je trouce ça vraiment intéressant :o)) Bravo!

    RépondreSupprimer
  5. @ tous : Yééééé !!! Bien contente que ces entrevues vous plaisent.

    Mon but : faire connaître les auteurs d'ici et d'ailleurs.

    Merci de passer sur le blogue !! :-)

    RépondreSupprimer
  6. @Annie : C'est le fun ton concept d'entrevue! :)

    RépondreSupprimer
  7. J'ai hâte que ce soit mon tour... (un jour ;o)

    RépondreSupprimer
  8. @ Lucille : Je te le souhaite de tout coeur !! ;)

    RépondreSupprimer
  9. J'aime beaucoup le style de Madame Gaydos. Elle me rejoint de plusieurs façons. Entrevue vraiment intéressante qui donne le goût de courir chez mon libraire et de me procurer Impasse!

    Merci Sylvie et merci Annie :)

    RépondreSupprimer
  10. @ Isabelle : J'ai eu l'immense plaisir de la rencontrer en personne au Salon du livre de Trois-Rivières, ce week-end. Une femme tout à fait charmante, accueillante, lumineuse et pétillante. J'avais le goût de rester près d'elle et de lui parler pour mieux la connaître, et devenir son amie.

    Je lui souhaite tout le succès qu'elle mérite avec son bébé littéraire, Impasse.

    Merci, Isabelle, pour tes bons mots.

    RépondreSupprimer
  11. J'aime bien cette entrevue. Elle est bien détaillé et personnel. :)

    RépondreSupprimer

Vous aimerez aussi...

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...