vendredi 23 juillet 2010

ENTREVUE virtuelle avec MATHIEU FORTIN (1ère partie)



Ce billet est le premier d'une série fort intéressante, qui vous fera connaître des écrivains d'ici et d'ailleurs. Pour les entrevues, Isabelle et moi avons préparé une liste de questions traitant de sujets qui nous passionnent sur l'écriture. Les thèmes abordés seront la relation de l'auteur avec l'écriture, son processus créatif, ses livres et le monde de l'édition, ses lectures et, pour terminer, ses conseils destinés à ceux et celles qui aimeraient un jour devenir auteurs.



C'est avec un immense plaisir que je vous présente MATHIEU FORTIN, auteur de sept romans, résidant à Nicolet. Mathieu a accepté de jouer le jeu de l'entrevue virtuelle ! Et nous lui en sommes extrêmement reconnaissantes. MERCI MATHIEU !

La relation de Mathieu avec l'écriture


Roman en chantier : À quel moment dans votre vie s'est manifesté votre désir d'écrire et à quel moment avez-vous commencé à écrire ?

Mathieu Fortin : J'ai le souvenir d'avoir répondu, en première secondaire, à la question « Quels sont tes loisirs ? » par « je lis et j'écris ». Je sais que lorsque j'étais au primaire, j'ai découvert, dans un vieux coffre dans le sous-sol chez mes parents, les journaux étudiants où mon père avait commis quelques articles (sous pseudonyme... ce n'était peut-être pas lui, mais c'est ce qu'il m'a dit!) et je m'étais alors dit que s'il avait écrit, je le ferais aussi. J'étais très enthousiasmé par l'idée d'avoir deux passions héritées de mes parents : l'écriture pour mon père et la lecture pour ma mère. Depuis que j'ai commencé à écrire de petites histoires, je n'ai jamais arrêté et l'écriture a pris de plus en plus de place dans ma vie, jusqu'à devenir un métier. J'étais ado et j'ai reçu une machine à écrire qui permettait de sauvegarder les textes sur une disquette, et c'est ainsi que ça a vraiment débuté.

Roman en chantier : Et maintenant, est-ce que l'écriture est devenue un besoin pour vous ? Si oui, dites-nous pourquoi ?

Mathieu Fortin : Oui, un besoin. Parce que les projets s'accumulent dans ma tête, sinon. J'écris parce que j'ai envie que ces histoires, ces personnages et leurs relations vivent en dehors des dédales obscurs de mon esprit.

Roman en chantier : Écrivez-vous à temps plein ? Ou en parallèle avec un autre métier ?

Mathieu Fortin : Écrire à temps plein serait tellement merveilleux ! Heureusement, j'ai la chance d'avoir un emploi dans le domaine culturel qui est stimulant. Comme ma copine est déjà pigiste (elle est graphiste en édition et illustratrice), nous avons fait le choix, pour le moment, que j'écrive à temps partiel, même si, en nombre d'heures, on pourrait dire que oui, j'écris à temps plein !

Roman en chantier : Quelle est votre routine d'écriture (Écrivez-vous le matin, l'après-midi, le soir ou pendant la nuit ? Combien d'heures par jour ? De quoi vous entourez-vous pour écrire ? De photos ? De plantes ? De toutous ? De vos chats ? Écrivez-vous à la maison ou dans les cafés, dans les parcs ou en plein coeur de la nature ? Avez-vous un espace juste pour vous ? Si oui, à quoi ressemble-t-il ? Etc.)

Mathieu Fortin : J'aime écrire dans des cafés, mais aussi sur mon balcon, le soir ou tôt le matin. Cependant, avec le petit bébé que nous avons à la maison, je profite de chaque moment, peu importe où et quand, pour travailler dans mes divers projets. Je n'ai pas de rituels précis : j'écris, c'est tout.

Roman en chantier : Quelle partie dans la création d'une histoire préférée vous ? La gestation, le premier jet, le développement des personnages, la réécriture, etc. ? Expliquez-nous pourquoi ?

Mathieu Fortin : Mon moment préféré, c'est quand les éléments se mettent en place et que hop ! On a trouvé exactement la bonne twiste pour mener l'histoire jusqu'au bout et bien manipuler le lecteur. Je ne travaille pas avec un plan très précis, car je suis incapable de trop prévoir, ça gâche mon plaisir d'écriture. Je préfère partir avec quelques idées, des personnages et voir où ça va me mener et comment je vais faire pour intégrer des idées qui naissent en chemin dans le schème général.

Roman en chantier : Si vous aviez à utiliser une métaphore pour décrire le type d'écrivain que vous êtes, quelle serait-elle ?

Mathieu Fortin : Je ne sais pas vraiment ce que je dirais... Travaillant, c'est certain, et j'aime provoquer les lecteurs avec des émotions fortes. J'aimerais que mes lecteurs ressentent les mêmes sentiments d'émerveillement et d'excitation qu'ils peuvent ressentir en regardant des films.

Roman en chantier : Comment qualifiez-vous votre relation avec l'écriture ?

Mathieu Fartin : Amour et haine, parfois angoisse. L'écriture me procure l'amour et parfois la haine, et la publication m'apporte l'angoisse de savoir que les livres seront lancés dans le vaste monde.


Le processus créatif de Mathieu


Roman en chantier : Comment visualisez-vous votre manière de créer ? (Par exemple Mireille Pochard, dans son livre Écrire une nouvelle et se faire publier, explique que lorsqu'elle écrit, elle visualise une pelote, elle imagine que tout est déjà à l'intérieur d'elle, qu'elle ne crée rien, qu'il suffit de dévider... Ce qui n'exclut pas quelques noeuds qu'il faut défaire pour avancer !) Qu'en est-il avec vous ?

Mathieu Fortin : « J'ai vu un ange caché dans la pierre et j'ai gossé pour le libérer ». Je ne sais pas de qui est cette phrase, mais elle représente bien ce que j'ai l'impression de faire : mes idées et mes personnages m'amènent à des situations et je travaille à partir de ça pour trouver jusqu'où aller, en enlevant ce qui cache des révélations et les revirements. Il faut seulement s'assurer, dans ce cas-là, d'enlever les bons morceaux aux bons moments et ne pas avoir peur de creuser plus loin pour aller jusqu'à la forme qui se cache tout en dessous.

Roman en chantier : Comment naissent vos histoires ? Est-ce le personnage qui arrive en premier, l'intrigue, la situation, une atmosphère, un décor ? Est-ce vous qui décidez de l'histoire ou vos personnages ? Utilisez-vous un plan pour écrire ? Ou au contraire, écrivez-vous votre premier jet en vous fiant à ce qui vient tout simplement, à votre inspiration ? Comment procédez-vous ?

Mathieu Fortin : Souvent, c'est une situation où une phrase, ou le désir d'utiliser une anecdote, une situation où un flash, une idée brève mais très précise, qui me vient en tête. En réfléchissant, je trouve des situations connexes, des personnages intéressants et j'écris un premier jet en sachant habituellement assez vaguement vers où je m'en vais. C'est en cours de route que je m'arrête pour faire le plan et réfléchir sur la suite des choses. Je travaille aussi souvent avec un « post-plan » : je schématise après avoir écrit beaucoup et je trouve des angles ou les différentes voies que je vais explorer dans la deuxième version, qui sera le matériel avec lequel je pourrai réellement travailler pour arriver au manuscrit publiable.

Roman en chantier : Vraiment intéressante, cette façon de faire ! Mais comment procédez-vous pour vous immerger dans la conscience de vos personnages et réussir à les ressentir de l'intérieur ?

Mathieu Fortin : Très simple : je relis les derniers paragraphes et je prends un temps d'arrêt.

Roman en chantier : Jusqu'à quel point la part de votre inconscient est-elle présente dans votre écriture ? (Y faites-vous confiance ? Comment travaillez-vous avec lui ? Durant le premier jet ? À chacune des étapes de la création de votre histoire ? Comment le visualisez-vous ? Une fée avec une baguette magique? Un maître écrivain assis sagement à son bureau au sommet d'une montagne ? Comment qualifiez-vous votre relation avec votre inconscient ? Etc.)

Mathieu Fortin : Je fais toujours confiance aux idées qui apparaissent pendant que j'écris, mais je suis très peu « mystique » face à l'écriture. Les idées naissent, on les questionne, elles font naître de nouvelles idées et on brasse le tout pour en sortir la meilleure histoire possible. C'est plutôt cartésien comme approche : pas de bougies, de sacrifices d'animaux ou d'ambiance romantico-clichée. C'est moi, mes idées, mes doigts, mon clavier. S'il se glisse parfois des trucs de mon enfance ou des événements qui m'ont marqué, je les vois plus tard, lorsque je relis ou que des lecteurs me parlent de mes romans.

Roman en chantier : Quels sont vos trucs pour annihiler l'effort de votre critique intérieur à saboter votre écriture ? (Quandvous êtes bloqués, que faites-vous pour vous en sortir ?)

Mathieu Fortin : J'attends. La solution vient toujours. Ou j'écris une scène située plus loin, quitte à la jeter à la poubelle si elle ne sert pas, finalement. J'ai souvent une approche par scènes, comme lorsqu'on écrit des scénarios pour la télé ou le cinéma. Les scènes peuvent parfois être déplacées pour augmenter la tension ou changer la progression dramatique, ce qui me permet d'écrire, parfois, dans le désordre. Ce qui fait qu'il est rare que je sois bloqué, parce que j'ai toujours d'autres scènes sur lesquelles réfléchir ou avancer.
Voilà, ceci termine la première partie de notre entretien avec l'auteur MATHIEU FORTIN.
La seconde partie viendra dans un prochain billet.
Merci d’être là et de nous lire !
Annie xxx...

2 commentaires:

  1. Wow! C'est vraiment original de faire des entrevues en ligne et, c'est intéressant de savoir comment les auteurs procèdent.

    Ben

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  2. Merci infiniment pour votre grande générosité, Monsieur Fortin! Vous êtes très inspirant :)
    Isabelle Gariépy

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