mercredi 31 mars 2010

L'« ablation » littéraire


Oui, depuis plusieurs mois, je coupe, j'enlève, je pratique ce que j'appelle l'« ablation » littéraire dans mon manuscrit.

Voici comment :

Pour vous mettre en contexte, la scène qui suit se déroule dans une voiture louée que Benjamin conduit en direction de la maison de Fabien, lieu où Adeline et lui croient que Jacob pourrait être prisonnier. Ils discutent de ce qui vient d'arriver dans la maison de Lydia, juste avant qu'ils partent.

Version « premier jet » (avec toutes ses fautes d'orthographe et grammaticales)

Benjamin et Adeline s'étaient entendus pour dire à Fabien qu'Adeline avait perdu sa montre et qu'ils croyaient qu'elle était chez lui. Cela justifierait tout au moins leur présence à sa demeure. Et sur place, ils tenteraient de trouver une porte accédant au sous-sol afin de trouver Jacob, à moins qu'il ne se trouve dans une chambre au grenier. Ils improviseraient selon les circonstances.

En chemin, alors que Benjamin tentait de se remémorer le trajet jusque chez Fabien, Adeline lui raconta ce qui c'était passé dans sa chambre.

— Ils sont revenus pour te rapporter l'améthyste ! s'exclama le chauffeur en jetant un oeil sur Adeline. C'est très curieux. Cette Lydia me semble très paradoxale.

Benjamin remonta ses lunettes et fronça les sourcils.

— Est-ce que c'est réellement ton améthyste qu'ils t'ont rendue ? As-tu vérifié ? Ils auraient pu te remettre une fausse, te faisant croire que c'est la vraie.

Inquiète par le ton de Benjamin, Adeline sortit sa pierre et l'observa au creux de sa main droite. À première vue, l'objet ressemblait à tout point à son améthyste.

— Il n'y a qu'une façon de le savoir, dit-elle.

Elle appuya la tête sur le dossier de son siège et chanta le mantra que Pyarus lui avait donné.

Version épurée (prenez note que ce n'est pas encore la version définitive; d'autres réécritures suivront)

Pour justifier leur présence chez Fabien, ils s'étaient entendus pour lui dire qu'Adeline croyait avoir égaré sa montre dans sa maison. Sur place, ils tenteraient de trouver une porte accédant au sous-sol, à moins que Jacob ne soit prisonnier dans une chambre au grenier. Ils improviseraient, selon les circonstances.

Une fois en chemin, Adeline raconta à Benjamin la visite de Lydia dans sa chambre.

— Tu vois ! Je te l'avais bien dit qu'elle te la rapporterait, hein ?

Il remonta ses lunettes, l'air soudain soucieux.

— Mais c'est tout de même curieux, cette Lydia me semble plutôt paradoxale...

Puis il fronça les sourcils, visiblement tracassé.

— Est-ce que c'est ton améthyste ? As-tu vérifié ? Ils auraient pu te remettre une fausse, te faisant croire que c'est la vraie.

Inquiétée par son ton, Adeline sortit sa pierre et l'observa. À première vue, l'objet ressemblait en tout point à son améthyste.

— Il n'y a qu'une façon de le savoir, dit-elle.

Elle appuya sa tête contre le dossier et chanta son mantra.

De 222 mots, je suis passée à 181 mots. Une quarantaine de mots en moins ! Petite ablation. Dans cet exercice de réécriture, j'ai éliminé les redondances, les détails inutiles. J'ai reformulé certaines phrases. J'ai insufflé le doute dans le personnage de Benjamin et de l'inquiétude dans celui d'Adeline. J'ai tenté de resserrer mon texte et de créer un sentiment d'urgence.

Ai-je réussi ? J'aimerais bien connaître vos impressions là-dessus.
Vous seriez gentils de me dire aussi laquelle des deux versions vous préférez, et pourquoi.

Je vous remercie de tout coeur !

Annie xxx... :-)


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