Oui, oui ! Novembre arrive à grands pas... Et j'ai hâte. J'ai hâte de plonger dans l'écriture intense. Environ 1700 mots par jour. Rappelez-vous, je participe cette année, pour une première fois, au NaNoWriMo 2010. Une nouvelle expérience dans ma vie. Un défi ! Pourquoi pas ? Il fait expérimenter pour voir, n'est-ce pas ?
Je profite de ce concours pour écrire le premier jet du troisième tome de la série Adeline. En passant, je n'ai toujours pas reçu de nouvelle de l'éditeur à qui j'ai envoyé mon manuscrit La Brûlure d'Adeline. Je suis toujours en attente, et c'est correct. Patience est la vertu que je pratique. Si cet éditeur le refuse, j'ai déjà identifié d'autres maisons d'édition qui pourraient être intéressées par mon histoire.
Habituellement, cela prend environ trois mois (excluant les mois d'été) pour recevoir une réponse de cette maison d'édition. Ils sont assez rapides ! :o) Donc, si je calcule bien, en décembre, je devrais avoir une réponse...
J'ai hâte de replonger dans l'univers d'Adeline. Elle va la vivre à la dure, cette fois. En tout cas, j'ai une idée de par quoi elle va passer, mais qui sait la direction que va prendre le récit en cours d'écriture ? Je peux me faire surprendre! J'aime me faire surprendre! Je dois me faire surprendre ! N'y a-t-il pas cette part de moi, l'Écrivain Intérieur, qui connaît déjà tout de l'histoire que je vais écrire ? Je devrai lui laisser son espace, lui faire confiance. Il sait plus que moi ce que l'histoire a à dire... Suis-je folle de croire ça ? Non... Pourtant, je suis convaincue que toutes les histoires existent déjà quelque part dans un monde invisible. L'Écrivain Intérieur a accès à ce monde. Je dois mettre ma conscience humaine et étroite de côté pour laisser Celui Qui Sait faire son travail.
C'est ce que je vais tenter de faire durant le NaNoWriMo 2010.
Vous n'avez aucune idée de comment je peux avoir hâte... Je me fais penser à une droguée qui attend sa came. Je suis en manque! Car écrire est mon oxygène, mon souffle, mon équilibre...
Merci d'être là et de me lire.
À bientôt,
Annie xxx...
mercredi 27 octobre 2010
lundi 25 octobre 2010
Mon chat, une belle âme...
Mon chat, une belle âme...
KYPOO |
J'ai un chat
avec des qualités d'amour
qu'on retrouve rarement
chez certaines gens
Si plusieurs races
exprimaient le quart de ses qualités
il y aurait moins de guerres
sur Terre, à n'en point douter
Ce chat dort sur ma chaise et...
quand vient le temps
de m'asseoir à mon bureau
il se lève et...
va se coucher plus loin
Je n'ai rien demandé
Il le sait, c'est tout
Ce chat est amour
Il respecte mon espace
Mon chat, une belle âme...
mardi 19 octobre 2010
États d'âme en vrac
Aujourd'hui, je souhaite partager avec vous ce que j'ai vécu, hier. J'ai écrit 1800 mots d'une nouvelle histoire. J'ignore où elle me mènera, mais je voulais, avant de commencer le NaNoWriMo, voir si j'étais capable d'écrire au moins 1700 mots par jour. Eh bien oui! Ça m'a pris deux heures et demie pour sortir le tout, avec un ralentissement vers les 1100 mots, mais j'ai continué. Après, j'étais contente de moi. Il n'y avait pas que cette satisfaction qui me rendait heureuse, mais aussi cette paix intérieure qui, suite à l'écriture, s'est installée dans mon coeur, ce sentiment d'avoir répondu à un besoin.
Pour moi, écrire est viscéral! Je ne pourrais pas m'en passer.
Ces derniers jours, j'ai pris conscience que ma créativité faisait partie de moi au même titre que mes deux bras, mes deux jambes, ma tête. Ma créativité est un autre membre de mon corps. Un membre invisible, certes, mais un membre tout de même. C'est là, toujours là, et je dois apprendre à lui donner l'espace dont elle a besoin pour être! J'ai décidé de donner un prénom à ma créativité. Florence. C'est plus facile ainsi de communiquer avec elle et de la rendre vivante à mes yeux. Car Florence, lorsque je la mets de côté trop longtemps, se fait sentir. Une congestion s'installe dans mon corps PHYSIQUE : les sinus, les muscles, la digestion... Elle est là, elle pousse, elle veut sortir, respirer, vivre, s'envoler...
C'est un acte d'amour envers moi que de lui permettre de s'exprimer.
Ce n'est pas encore facile, je l'avoue, même si j'ai le privilège de pouvoir demeurer à la maison grâce à la générosité infinie de Pierre, mon compagnon de vie. On dirait que parce que j'ai ce merveilleux privilège, il me faut à tout prix redonner, comme si je ne pouvais garder cela pour moi. Alors, je me lance dans plein de trucs pour les autres : ma famille, les ami(e)s, les gens qui auraient besoin de mon expertise (du peu que j'en ai, pour l'instant)... Il y a tellement de choses à faire! La lessive à terminer, les repas à préparer, les boîtes à lunch, les plantes à arroser, les feuilles à ramasser, les articles sur les blogues à écrire, les ateliers d'écriture (mais ça, j'adore!)...
C'est un fait que j'aime redonner. Je ne peux le nier. Servir la vie, d'une manière ou d'une autre, me rend heureuse. Et redonner à la vie, c'est aussi laisser ma créativité (Florence) être. Cette dernière phrase, je devrais la graver sur mon front, car lorsque je me regarderais dans le miroir, je n'aurais pas le choix de la lire et... de ne pas l'oublier!
Dans ma routine d'écriture, l'idéal serait qu'avant de faire quoi que ce soit d'autre, mes 1500 mots, minimum, devraient être écrits. Le matin, c'est la plongée dans l'imaginaire. L'après-midi, réécriture, blogue, lessive...
Vais-je suivre cette routine? Je le veux...
Durant le NaNoWriMo, je n'aurai pas le choix. Et justement, le NaNoWriMo est un prétexte pour écrire. Héhé! Je déjoue mon affreux Horace (prénom donné à mon critique intérieur). J'ai tellement hâte de commencer! J'ai déjà une idée de la situation de départ de mon troisième tome d'Adeline, de l'arc dramatique par lequel elle va passer et de la structure narrative du roman. Je connais vaguement la dernière scène du livre. J'ai essayé, comme je l'avais mentionné à Audrey, d'écrire un plan. Je voulais expérimenter autre chose. Mais j'ai eu l'impression de perdre mon temps. Je n'aime pas que mon cerveau gauche prenne le contrôle. Qui me dit que ce que je vais écrire va être exactement ce que j'avais planifié? Non, je préfère plutôt faire confiance à mon écrivain intérieur (Florence). Je suis beaucoup plus à l'aise de laisser Florence me guider dans l'histoire que de laisser mon cerveau gauche contrôler le tout. J'ai comme une « écoeurite » aigüe du contrôle. Cependant le piège dans cette façon de faire est de ne pas me perdre et m'éloigner du filon principal. J'ai un truc que j'ai acquis avec ma jeune expérience d'écrivaine! J'écoute ce que ça me dit et ce que ça me fait en dedans. Quand j'écris un passage qui s'écarte du chemin, il y a un malaise qui s'installe en moi. Ça grince et je ne me sens pas bien du tout. C'est le signe qu'il faut que je recule dans l'histoire pour trouver le passage où j'ai bifurqué. Une fois le passage retrouvé, j'en écris différentes versions jusqu'à ce que je ressente de nouveau mon élan et mon enthousiasme, preuves que la version que je suis en train d'écrire est la bonne. Alors, je poursuis l'écriture.
Je suis contente de vous avoir raconté tout ça.
Merci d'être là et de me lire, ça me fait du bien.
Au plaisir,
Annie xxx...
vendredi 15 octobre 2010
Entrevue virtuelle avec FRANCINE ALLARD
Ce mois-ci, nous avons l'honneur d'accueillir sur Roman en chantier Francine Allard, auteure (entre autres) de la trilogie La Couturière (éditions Trois-Pistoles), dont le troisième tome vient de paraître en septembre 2010. Auteure généreuse aux multiples talents (aquarelle, chant, radio, écriture, cuisine...), Francine s'est proposée à jouer le jeu de l'entrevue virtuelle. Nous lui en sommes très reconnaissantes.
Écoutons-la nous parler de sa relation avec l'écriture...
La relation de Francine avec l’écriture
ROMAN EN CHANTIER : À quel moment dans votre vie s’est manifesté votre désir d’écrire et à quel moment avez-vous commencé à écrire ?
FRANCINE ALLARD : Mes premiers textes remarquables étaient des chroniques écrites pour la Télé-Université. À 40 ans, j’ai participé à l’émission CANAL MAG durant deux ans et je lisais un de mes textes chaque semaine. Un d’entre eux a été remarqué par l’éditeur Alain Stanké qui m’a offert de publier mon premier livre. Il a tellement insisté que quatre mois plus tard paraissait Défense et illustration de la toutoune québécoise, un petit livre sur un gros sujet qui a été rapidement un best-seller.
ROMAN EN CHANTIER : Est-ce que l’écriture est un besoin pour vous? Si oui, pourquoi?
FRANCINE ALLARD : Si j’étais empêchée d’écrire, pour une raison quelconque, je pense que je ferais autre chose. De l’aquarelle? Du stand up comic? De la radio? L’écriture me manque quand je perçois que mes lecteurs attendent un autre roman. Ou que l’un de mes éditeurs me presse, mais ça n’arrive pas souvent.
ROMAN EN CHANTIER : Écrivez-vous à temps plein? Ou en parallèle avec un autre métier?
FRANCINE ALLARD : Écrire à temps plein? Y a-t-il des gens qui font ça à longueur de journée? Pas moi. J’écris quand ça élance, dirait Claude Jasmin. J’écris quelques heures par jour, mais le reste du temps, je lis, je participe à des activités sociales, je fais de la politique, je m’occupe de mes petits-enfants, je fais de l’aquarelle, et je cuisine. Seigneur, que j’aime cuisiner! J’écris parce que je prends le temps de vivre.
ROMAN EN CHANTIER : Quelle est votre routine d’écriture? (Écrivez-vous le matin, l’après-midi, le soir ou pendant la nuit? Combien d’heures par jour? De quoi vous entourez-vous pour écrire? De photos? De plantes? De toutous? De vos chats? Écrivez-vous à la maison ou dans les cafés, dans les parcs ou en plein cœur de la nature? Avez-vous un espace juste pour vous? Si oui, à quoi ressemble-t-il? Etc.)
FRANCINE ALLARD : J’écris quand la nécessité monte en moi. J’écris plutôt le matin quand j’ai les idées claires. Comme je suis pratiquement toujours seule (mon conjoint est médecin et il travaille 70 heures par semaine), je pourrais écrire douze heures par jour. Mon compagnon de bureau est un canari allemand qui chante dix mois par année et il se tait en période de mue. J’écris sur le pupitre de l’éditeur Pierre Tisseyre, un mastodonte en chêne que j’ai acheté alors que je travaillais pour cette maison d’édition. Quelques objets fétiches. Des dictionnaires stationnés en permanence. Une chandelle rouge allumée l’hiver parce que c’est zen.
ROMAN EN CHANTIER : Quelle partie dans la création d’une histoire préférez-vous? La gestation, le premier jet, le développement des personnages, la réécriture, etc. ? Pourquoi?
FRANCINE ALLARD : L’écriture d’une histoire est la dernière étape. Mais la gestation, qui comprend la recherche – et dans le cas d’une trilogie d’époque, cette dernière représente 75% du travail – et le plan. Je travaille d’après un synopsis très dense. Je cherche les noms de mes personnages et leur attribue une personnalité que je décris pour chacun avec beaucoup d’intériorité. Après, quand tout est en place, je procède à la rédaction. Les recherches sont intenses. Je peux passer une heure sur les styles de commodes, les couleurs des tapis, l’usage du papier peint. Aucune affirmation qui n’ait été vérifiée.
ROMAN EN CHANTIER : Si vous aviez à utiliser une métaphore pour décrire le type d’écrivain que vous êtes, quelle serait-elle?
FRANCINE ALLARD : Je dirais : meilleure dans rien, bonne dans tout
ROMAN EN CHANTIER : Comment qualifiez-vous votre relation avec l’écriture?
FRANCINE ALLARD : Mon écriture est toujours la même dans le sens que j’écris toujours avec autant d’intensité que l’ouvrage soit destiné aux enfants, aux adolescents ou encore aux adultes. J’écris de la poésie, du roman populaire, du roman littéraire, des essais, des correspondances. Je suis très fière de cela. Je crois que lorsque les mots l’habitent, qu’il lit énormément les mots des autres, qu’il a de l’imagination, l’écrivain est exigeant envers lui-même et son écriture s’améliore avec l’usage. En poésie, cependant, je me démarque. Je déteste la poésie hermétique que personne ne comprend (et être compris de ses lecteurs est une marque de respect, disait Albert Camus) et qui contribue à la pauvreté des poètes. Je lis beaucoup de poésie parce que je fais beaucoup de lectures thématiques avec musicien dans les espaces publics. Ainsi, ma poésie est plus limpide et pas du tout centrée sur les angoisses et la noirceur. Mon prochain recueil, le quatrième, s’intitule L'âme inconsciente du pétoncle. Il sera constitué de poèmes plutôt loufoques.
Le processus créatif de Francine
ROMAN EN CHANTIER : Comment naissent vos histoires? Est-ce le personnage qui arrive en premier, l’intrigue, la situation, une atmosphère, un décor? Est-ce vous qui décidez de l’histoire ou bien vos personnages?
FRANCINE ALLARD : Jamais on ne me fera croire que des personnages peuvent décider de ce que je dois écrire. C’est une mode de répondre cela. Je suis en plein contrôle. Cependant, certains personnages m’habitent, ça oui, après avoir vécu avec eux durant trois ans…
ROMAN EN CHANTIER : Comment procédez-vous pour vous immerger dans la conscience de vos personnages et réussir à les ressentir de l’intérieur?
FRANCINE ALLARD : Je suis dans chacun de mes personnages. Cent, mille facettes de ma personnalité avec des constances : l’humour, la force de caractère, la témérité, la joie. Je ne suis pas intérieurement souffreteuse, alors mes personnages ne le sont pas. Même les plus poqués sont souvent joyeux et profitent de ce que la vie leur offre.
ROMAN EN CHANTIER : Jusqu’à quel point la part de votre inconscient est-elle présente dans votre écriture? (Y faites-vous confiance? Comment travaillez-vous avec lui? Durant le premier jet? Dans la réécriture? À chacune des étapes de la création de votre histoire? Comment le visualisez-vous? Une fée avec une baguette magique? Un maître écrivain assis sagement à son bureau au sommet d’une montagne? Comment qualifiez-vous votre relation avec votre inconscient? Etc.)
FRANCINE ALLARD : Je ne réécris jamais. C’est le premier jet, venu de l’inconscient, tel que le reçoit l’éditeur, qui sera publié. Avec une dizaine d’éditeurs – l’un qui refuse bêtement un manuscrit et l’autre qui l’adore et en fait un best-seller –, j’ai compris qu’un écrivain ne doit pas accepter de réécrire un roman pour plaire à un éditeur. On me refuse ou on m’accepte. Si l’éditeur m’accepte, ce n’est pas après m’avoir demandé de changer ceci ou cela. Une fois le contrat signé, la seule personne qui travaillera mon roman sera la réviseure. C’est un coup de dés. Les lecteurs aimeront ou n’aimeront pas selon la promotion que fera l’éditeur de l’œuvre. Un point c’est tout. J’ai lu des romans très populaires écrits par des artistes de la télévision qui étaient des croûtes, et qui se sont vendues à des milliers d’exemplaires. Je dis souvent à ma mère : rappelle-toi Normand Lamour qui a vendu des milliers de CD!
Je pense que plus un roman est littéraire, moins il se vend.
ROMAN EN CHANTIER : Quels sont vos trucs pour annihiler l’effort de votre critique intérieur à saboter votre écriture? (Quand vous êtes bloqués, que faites-vous pour vous en sortir?)
FRANCINE ALLARD : Ça m’est arrivé seulement une fois en vingt ans. Et j’ai appelé Victor-Lévy Beaulieu pour lui parler du désert qui s’étalait devant moi et il m’a convaincue de continuer et m’en a donné les moyens. C’est ça un grand éditeur, parce qu’il est un très grand écrivain.
Les livres de Francine et le monde de l’édition
ROMAN EN CHANTIER : Parmi tous vos projets, duquel êtes-vous le plus fier? Pourquoi?
FRANCINE ALLARD : Ma trilogie La Couturière qui vient de s’achever (septembre 2010) est une grande réussite au niveau de l’écriture. 1500 pages, c’est pas rien. Mais je suis aussi très contente de ma poésie Quelle mouche te pique?, publiée chez Art Le Sabord.
ROMAN EN CHANTIER : Combien de livres avez-vous écrits en tout?
FRANCINE ALLARD : Plus de 50 titres.
ROMAN EN CHANTIER : Le titre de votre plus récente parution.
FRANCINE ALLARD : La persistance du romarin, tome 3 de La Couturière
ROMAN EN CHANTIER : À quelles maisons d’édition vos livres ont-ils été publiés?
FRANCINE ALLARD : Alain Stanké, Éducalivres, Québec-Amérique, Nouvelle, Vents d’Ouest, Pierre Tisseyre, Tryptique, Trois-Pistoles, Art Le Sabord et Québec Loisirs en plus d’une demi-douzaine de magazines littéraires.
Les lectures de Francine
ROMAN EN CHANTIER : Que lisez-vous?
FRANCINE ALLARD : Je lis l’œuvre d’un auteur choisi, en entier. J’ai lu tout Dany Laferrière, puis tout Claude Jasmin, tout Gabrielle Roy. Je ne lis presque jamais de romans étrangers, surtout pas des traductions. Je privilégie les romans québécois. Je lis en ce moment Bibi de mon ami Victor-Lévy Beaulieu après avoir presque lu toute son œuvre. Je n’ai pas aimé Je m'ennuie de Michèle Viroly, mais j’ai adoré son livre sur James Joyce que j’ai lu il y a quelques années. J’ai lu toute la poésie québécoise, assez pour savoir quoi ne pas écrire. J’ai fait partie de tant de jurys que j’ai lu même des romans d’ici que jamais je n’aurais lus autrement.
ROMAN EN CHANTIER : Quels sont les auteurs qui vous inspirent le plus?
FRANCINE ALLARD : En ce moment, c’est Gabrielle Roy. Quelle richesse!
Les conseils de Francine
ROMAN EN CHANTIER : Selon vous, quelles sont les principales qualités pour devenir un auteur qui publie?
FRANCINE ALLARD : Être né écrivain. Il y a une tonne d’auteurs qui ne sont pas des écrivains. La différence existe puisque l’UNEQ parle elle-même d’auteurs ET d’écrivains quand elle nomme ses membres. Il y a toute une différence entre les deux termes. En littérature pour la jeunesse, il y a surtout des auteurs. J’ajouterais qu’il faut abhorrer la prétention et surtout entretenir le DOUTE, nécessaire au génie.
ROMAN EN CHANTIER : Quel serait le meilleur conseil que vous donneriez à un jeune écrivain désireux de percer dans ce métier?
FRANCINE ALLARD : Se démarquer. Ne pas tenter de se ranger dans un genre déjà populaire comme l’ont fait des douzaines d’auteurs à l’instar de l’auteure de Harry Potter. Et développer la patience.
ROMAN EN CHANTIER : Merci infiniment, Francine, d'avoir répondu si généreusement à toutes nos questions. Et bon succès avec votre tout dernier bébé littéraire.
FRANCINE ALLARD : Merci !
Si vous voulez en connaître davantage sur cette sympatique auteure, visitez son site Web ICI.
Merci d'être là et si nombreux à me lire, à... nous lire !
Annie xxx...
lundi 11 octobre 2010
Les pensées des personnages - Partie 3
Ce billet est le dernier de la série Les pensées des personnages. N'oubliez pas qu'il est une traduction libre du livre Dynamic Characters de Nancy Kress paru en 1998 aux éditions Writer's Digest Books. À cette traduction libre, j'ai ajouté des exemples de mon cru afin de bien illustrer le propos.
C'est parti!
C'est parti!
Distance! Très près et personnelle, ou pas?
Dans une histoire racontée avec un PDV d’un narrateur à la troisième personne, il y a trois positions que vous pouvez prendre concernant la distance avec vos personnages. Et dépendamment du choix de la distance, la mécanique à utiliser pour présenter les pensées des personnages sera différente.
La distance est la mesure de « comment loin » vous, l’auteur, vous vous tenez par rapport à votre personnage alors que vous racontez votre histoire.
A) Êtes-vous celui qui observe complètement à partir de l’extérieur, comme une caméra qui filmerait tous les gestes et paroles de vos personnages, et qui apporterait occasionnellement son commentaire ? Si oui, vous êtes très loin de vos personnages. C’est la plus grande distance qu’un auteur peut prendre pour raconter son histoire.
Dans ce cas-ci, le narrateur n’entre pas dans les pensées des personnages. Comme dans l’exemple ci-dessous :
Janie fixa l’écran de la télévision avec intensité. Un homme costaud, aux yeux gris acier, les mains liées dans le dos, tituba devant un policier qui le poussait brutalement.
− Lui! s’exclama-t-elle en fermant le téléviseur. Marie… Elle ne doit surtout pas le savoir.
Elle termina son café d’une traite, se précipita vers le téléphone et composa le numéro de son frère.
− Allez… réponds. Marc…, s’impatienta-t-elle en rongeant l’un de ses ongles.
Janie détestait quand elle ne pouvait joindre facilement son frère jumeau. Certes, ils se ressemblaient beaucoup, mais ils n’avaient rien en commun, contrairement aux autres jumeaux qu’ils connaissaient. Lui travaillait dans un garage miteux, mangeait du fast-food et aimait le country, et elle enseignait la musique au conservatoire, mangeait santé et n'écoutait que du classique.
Enfin, une voix familière répondit à l’autre bout du fil.
− Marc. C’est moi…
Dans ce fragment d’histoire, le narrateur et le lecteur sont très loin du personnage et se tiennent à l’extérieur de lui : on voit Janie agir et parler. Le narrateur nous dit que Janie déteste quand elle ne peut joindre son frère facilement et nous donne même une information sur les jumeaux. Mais, en aucun cas, on n’est dans les pensées de Janie.
B) Si vous vous teniez directement derrière le personnage, et que vous voyiez exactement ce qu’elle voit, avec quelques incursions occasionnelles dans sa tête pour nous présenter ses pensées, alors vous vous trouveriez à une distance moyenne de votre personnage. Voici le même exemple modifié :
Janie fixa l’écran de la télévision avec intensité. Un homme costaud, aux yeux gris acier, les mains liées dans le dos, tituba devant un policier qui le poussait brutalement. Lui! s’exclama-t-elle dans sa tête en fermant le téléviseur. Qu’arriverait-il si Marie venait à l’apprendre ? Janie n’osa même pas y penser. D’une traite, elle termina son café et se précipita vers le téléphone. Elle composa le numéro de son frère. Il était le seul, songea-t-elle, à savoir quoi faire…
− Allez, réponds. Marc…
Elle s’impatienta et rongea ses ongles. Une sonnerie, deux, trois… Elle grimaça, elle détestait quand elle ne pouvait le joindre facilement. Son frère et elle, même s’ils étaient jumeaux, avaient beau se ressembler, ils n’avaient rien en commun, rumina-t-elle, rien, contrairement aux autres jumeaux qu’ils connaissaient. Lui travaillait dans un garage miteux, mangeait du fast-food et aimait le country alors qu’elle enseignait la musique au conservatoire, mangeait santé et n’écoutait que du classique.
Une voix familière répondit enfin à l’autre bout du fil.
− Marc. C’est moi…
Dans cet exemple, nous entrons un peu plus dans la tête de Janie, nous savons ce qu’elle pense et ressent. Les incises sont utilisées, car nous sommes à une certaine distance d’elle, nous ne voyons pas la scène complètement de son point de vue. Il pourrait y avoir confusion si les incises n’étaient pas utilisées : est-ce Janie qui pense ou est-ce le narrateur qui donne une information? Pour présenter les pensées, les formats 1, 3 et 4 (voir premier billet de cette série) sont à privilégier dans ce cas-ci.
C) Si vous traversez l’histoire entière dans la tête d’un personnage, de sorte que tout ce que le lecteur voit est filtré par la conscience du personnage, vous vous trouvez alors à une distance proche de votre personnage, comme si l’histoire était racontée par un narrateur à la première personne. Voici comment, de ce PDV, l’exemple ci-dessus serait raconté :
Janie fixa l’écran de la télévision avec intensité. Un homme costaud, aux yeux gris acier, les mains liées dans le dos, tituba devant un policier qui le poussait brutalement. Elle retint son souffle. Lui! Non… Et Marie? Elle ne devait surtout pas le savoir. Ah, merde… si elle l’apprend… Elle n’osa pas y penser et, d’une traite, termina son café puis se précipita vers le téléphone. Elle composa le numéro de son frère. Il était le seul à savoir quoi faire, il avait déjà passé par là…
− Allez, réponds. Marc…
Elle s’impatienta et rongea ses ongles. Une sonnerie, deux, trois… Elle grimaça, elle abhorrait quand il lui faisait cela. Oui, ils étaient jumeaux, oui, ils avaient beau se ressembler, mais tout les séparait, contrairement à Jack et Sadie qui se collaient comme des frères siamois et qui ne se lâchaient pas d’un poil. Étouffant!
Sixième sonnerie. Elle soupira. Mais où était-il donc? Au garage? En train d’écouter son country au plafond et s’empiffrant d’une poutine? Elle fit une moue. Il était tout le contraire d’elle qui enseignait la musique au conservatoire, mangeait santé et n’écoutait que du classique. Des jumeaux? Juste en apparence…
Enfin, une voix familière répondit à l’autre bout du fil.
− Marc. C’est moi…
Dans cet exemple, les pensées de Janie nous sont montrées, contrairement à l’exemple précédent où elles nous étaient dites. Nous sommes dans la tête de Janie, nous percevons la situation de son point de vue. Et les pensées sont présentées dans son langage à elle, avec sa tournure de phrase à elle et avec ses mots. On expérimente davantage les pensées du personnage : on les entend et on les ressent. Quand votre narrateur se tient à une distance proche de vos personnages, les formats 2 et 5 sont à privilégier pour présenter leurs pensées.
Voilà. J'espère que cette série de billets vous a permis d'y voir plus clair sur les différentes façons de présenter les pensées de vos personnages.
On se revoit dans un prochain billet...
À venir : une entrevue virtuelle avec une grande auteure.
Surprise!
Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...
jeudi 7 octobre 2010
Proposition d'écriture du mois d'octobre
La proposition d'écriture du mois d'octobre est en ligne. Cliquez sur la page Mes propositions d'écriture pour la découvrir.
Et amusez-vous...
Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...
Et amusez-vous...
Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...
mercredi 6 octobre 2010
Les pensées des personnages - Partie 2
Voici la suite de mon billet d'hier. N'oubliez pas qu'il est une traduction libre d'un passage du livre Dynamic Characters, How to create personnalities that keep readers captivated, de Nancy Kress, livre paru aux éditions Writer's Digest Books en 1998.
L’utilisation de l’italique signifie un changement dans le point de vue (passant de la troisième personne à la première) et dans le temps de la narration (passant du passé au présent). Voyons cela dans un passage un peu plus long :
« Myriam observait le visage de Jean. Il avait les yeux chassieux à cause des quatre verres de whisky qu’il avait ingurgités avant le repas. Ses pupilles bougeaient dans tous les sens. Son sourire — ce sourire qu’elle aimait autrefois — était inégal : un coin de lèvre relevée et l’autre pas, pâle rayon d’un homme à qui la vie paraissait bienveillante, car rien n’était vu clairement. Des œufs séchés s’encroutaient dans sa barbe. Je ne peux plus le faire, pensa-t-elle. C’est impossible. »
Cette technique travaille bien dans les cas où l’on présente de courtes pensées. Cependant, pour des pensées plus longues qu’une phrase ou si vous utilisez cette technique trop souvent dans votre histoire, cela peut sembler une intrusion. Le lecteur peut sentir que l’écrivain éprouve de la difficulté à décider s’il doit écrire à la troisième personne ou à la première. En plus, si les italiques sont utilisés pour mettre de l’emphase, alors des pensées en italiques qui se suivent sans arrêt peuvent paraître comme un gonflement artificiel. Des personnages qui pensent avec emphase tout le temps sont aussi ennuyants que des personnages qui crient tout le temps.
Une manière plus subtile de combiner les pensées à la première personne avec une narration à la troisième personne est de mettre de côté l’italique, mais de conserver l’incise et le temps présent. Donc, le passage ci-dessus devient :
« Myriam observait le visage de Jean. Il avait les yeux chassieux à cause des quatre verres de whisky qu’il avait ingurgités avant le repas. Ses pupilles bougeaient dans tous les sens. Son sourire — ce sourire qu’elle aimait autrefois — était inégal : un coin de lèvre relevée et l’autre pas, pâle rayon d’un homme à qui la vie paraissait bienveillante, car rien n’était vu clairement. Des œufs séchés s’encroutaient dans sa barbe. Je ne peux plus le faire, pensa-t-elle. C’est impossible. »
Mais que se passe-t-il si votre personnage est une personne qui pense beaucoup et que vous avez ses longues réflexions à transmettre au lecteur? Une des solutions est d'écrire les pensées (qui étaient, à l'origine, écrites à la première personne et au temps présent) à la troisième personne et au passé, afin de s’harmoniser avec le temps de la narration (qui est au passé). Alors, le passage devient :
« Myriam observait le visage de Jean. Il avait les yeux chassieux à cause des quatre verres de whisky qu’il avait ingurgités avant le repas. Ses pupilles bougeaient dans tous les sens. Son sourire — ce sourire qu’elle aimait autrefois — était inégal : un coin de lèvre relevée et l’autre pas, pâle rayon d’un homme à qui la vie paraissait bienveillante, car rien n’était vu clairement. Des œufs séchés s’encroutaient dans sa barbe. Elle ne pouvait plus le faire, pensa-t-elle. C’était impossible. »
Cette façon de manipuler les pensées est moins intrusive et apparente, parce que vous ne changez ni le temps ni la personne.
Finalement, voici une autre option, laquelle est la meilleure parce qu’elle coule comme l’eau d'un ruisseau, sans heurts. Vous préservez les pensées à la troisième personne et le temps de narration au passé, mais vous mettez complètement de côté l’incise, donc :
« Myriam observait le visage de Jean. Il avait les yeux chassieux à cause des quatre verres de whisky qu’il avait ingurgités avant le repas. Ses pupilles bougeaient dans tous les sens. Son sourire — ce sourire qu’elle aimait autrefois — était inégal : un coin de lèvre relevée et l’autre pas, pâle rayon d’un homme à qui la vie paraissait bienveillante, car rien n’était vu clairement. Des œufs séchés s’encroutaient dans sa barbe. Elle ne pouvait plus le faire. C’était impossible. »
Le lecteur ne se demandera-t-il pas qui pense que Myriam ne peut plus le faire : Myriam elle-même, ou le narrateur? Cela dépend d’un autre facteur dans la manipulation des pensées : la distance.
Vous en saurez davantage dans le prochain billet.
Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...
mardi 5 octobre 2010
Les pensées des personnages - Partie 1
Est-ce que vos personnages pensent ? Les miens, beaucoup. Il faudrait que certains d'entre eux réfléchissent moins et agissent plus. C'est un aspect sur lequel je dois toujours porter mon attention lors de mes réécritures. Car c'est récurrent... Peut-être reflète-t-il un trait de ma personnalité ? Hmm... Lequel ? Dans quelle sphère de ma vie suis-je passive et réflexive ? Bon, là, je m'égare un peu du sujet de ce billet. Je ne suis pas là pour vous faire l'analyse psychologique de ma vie, mais bien pour vous parler des différentes façons de présenter les pensées des personnages.
(Le texte qui suit est une traduction libre d’un passage du livre Dynamic Characters, de Nancy Kress, Writer’s Digest Books, 2004)
À une moment ou à un autre, tous les personnages de romans pensent. Les questions à nous poser alors, comme écrivain, sont :
« Comment présenter leurs pensées sans confusions, spécialement dans une histoire racontée par un narrateur à la troisième personne ? La diction devrait-elle s’harmoniser avec les dialogues des personnages ou avec le style narratif de l’écrivain ? Comment le lecteur sait-il si les phrases sont exprimées dans l’esprit du personnage ou sont simplement une exposition de l’auteur ? Mettez-vous les pensées entre guillemets ? En italiques ? Dans un paragraphe distinct ? Pour les pensées plus intimes, est-ce que vous changez le point de vue à celui de la première personne ? Quel dialecte le personnage utilise-t-il quand il pense dans sa tête ? »
La mécanique! On peut compter sur elle!
Voici cinq façons différentes de présenter les pensées d’un même personnage d’une histoire narrée à la troisième personne et au passé.
1) Joanie regardait le garçon à l’autre bout de la pièce. Il est beau, pensa-t-elle. Je veux le rencontrer. [Pensées au présent, à la première personne, en italiques, avec l’incise « pensa-t-elle »]
2) Joanie regardait le garçon à l’autre bout de la pièce. Il est beau. Je veux le rencontrer. [Pensées au présent, à la première personne, en italiques, pas d’incises]
3) Joanie regardait le garçon à l’autre bout de la pièce. Il est beau, pensa-t-elle. Je veux le rencontrer. [Pensées au présent, à la première personne, pas d’italiques, avec l’incise « pensa-t-elle ».]
4) Joanie regardait le garçon à l’autre bout de la pièce. Il était beau, pensa-t-elle. Elle voulait le rencontrer. [Pensées au passé, à la troisième personne, pas en italique, avec une incise]
5) Joanie regardait le garçon à l’autre bout de la pièce. Il était beau. Elle voulait le rencontrer. [Pensées au passé, à la troisième personne, pas d’italique, pas d’incise]
Peu importe le format que vous choisissez pour présenter les pensées de vos personnages, utilisez le même tout au long de votre histoire afin que vos lecteurs, une fois qu’ils auront saisi la mécanique, n’aient pas à faire d’ajustements mentaux.
Pour la même raison, n’utilisez pas de guillemets autour des pensées de vos personnages. Quand il verra le guillemet d’ouverture, le lecteur pensera aussitôt que c’est une réplique dialoguée du personnage, et, à la fin de la phrase, quand il lira le « pensa-t-il », il devra ajuster son image mentale : « Ce gars-là ne parle pas à haute voix après tout ! » Cela peut être un facteur de distraction dans sa lecture. Et la prochaine fois qu’il rencontrera un guillemet, il ne voudra pas savoir si le personnage parle à haute voix ou s’il ne fait que ruminer.
Une fois la cohérence installée, peut-on découvrir certains avantages et inconvénients à ces cinq façons de présenter les pensées ?
OUI.
Mais pour connaître la suite, vous devrez lire mon prochain billet. ;)
Merci d'être là et de me lire.
Annie xxx...
samedi 2 octobre 2010
Se lever le matin...
Se lever le matin...
Se lever le matin...
avec le goût de rien
Un vent de fatigue
qui ralentit le corps
qui gèle l'esprit
qui anéantit...
Se lever le matin...
avec le goût d'être aimée
telle une assoiffée
ayant parcouru le sable,
avalé la sécheresse
ne désirant que l'hydromel
d'un baiser
Se lever le matin...
fragile comme du papier de soie
un simple souffle
un refus
et le voilà qui se déchire
et tombe en morceaux
Se lever le matin...
en larmes
des heures durant
avec ce manque
là, en dedans
qui se lève comme un ouragan
qui innonde tout
qui détruit...
Se lever le matin...
avec cette voix :
« T'es responsable, t'es responsable... »
OUI... JE SAIS!
Elle sera toujours là
Cette tourmente orageuse
qui s'abat sur mon coeur
sur ma vie
Que faire pour ne pas sombrer?
Se lever le matin...
saisir un crayon
ouvrir un cahier
et...
ÉCRIRE!
Plus que jamais, merci d'être là...
et de me lire!
Annie xxx...
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