mercredi 6 avril 2011

Un regard honnête sur mes faiblesses d'écrivaine

Pour faire suite au billet de Patrice, que vous pouvez lire ICI, j’ai rédigé un billet sur mes principales faiblesses comme écrivaine. Les points sur lesquels je dois travailler plus fort. Je vous les livre en toute humilité. Je n’ai pas de gêne à le faire, car je sais pertinemment que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. Je n’ai publié qu’un seul roman… Même si j’aime beaucoup mon histoire, ce roman est imparfait. Je suis consciente qu’il contient de nombreuses faiblesses. Mais je l’aime quand même, car c’est le premier que j’ai publié et c’est avec lui que j’ai pu entrer dans le milieu de l’édition. Il m’a donc ouvert une porte…

Voici donc ces fameuses failles sur lesquelles je dois me pencher pour devenir un meilleur écrivain :

1) Le manque de précision dans ma visualisation.

Je ne visualise pas toujours très bien le milieu dans lequel évoluent mes personnages. Ce qui, dans ma narration, crée un effet d’un vide, de « non-ancrage ». Mes personnages semblent presque toujours être en apesanteur. Ne s’en tenir qu’à l’action et aux dialogues crée un manque d’atmosphère. Comme auteure, je dois apprendre à prendre le temps de m’imprégner du décor où les actions se déroulent, à m’immerger de l’atmosphère de la scène, de la sentir, de la vivre, pour ainsi mieux noter les détails signifiants qui habitent l’instant présent de mes personnages et qui apportent de la profondeur, de la texture à la description et à la narration.

2) Le manque de réflexion.

Je ne réfléchis pas toujours avant d’écrire. Ayant une imagination extrêmement vivante et débordante, j’écris donc ce que je vois, ce que j’entends, au fur et à mesure que les scènes se déroulent dans ma tête. Mais écrire de cette façon, si je ne suis pas totalement à l’écoute de la vraie histoire, de celle qui veut se dire, mène souvent vers des impasses : des situations contradictoires, par exemple, ou des frictions entre deux visions différentes. Ce qui, par la suite, nécessite de nombreuses réécritures et un travail énorme de réflexion.

3) Le manque de vision.

Souvent quand j’écris, surtout durant le premier jet, je ne sais pas vraiment ce que je veux dire aux lecteurs. Vous savez, ce « message » que tant d’écrivains véhiculent dans leur texte. Il y a des auteurs qui connaissent déjà en partant ce qu’ils veulent faire, ils sentent qu’ils ont un message à transmettre à un lectorat cible et utilisent leur imagination pour écrire une histoire qui montre les valeurs auxquelles ils tiennent ou celles qu’ils veulent dénoncer. À ces auteurs, je lève mon chapeau ! Moi, malheureusement, je ne suis pas comme ça. Je ne sais pas pourquoi. Et je crois que c’est une faiblesse, car écrire est un acte de communication, on communique quelque chose à quelqu’un, comme le dit si bien Élisabeth Vonarburg, dans son livre Comment écrire des histoires. Donc celui qui communique doit évidemment savoir ce qu’il veut dire par son histoire. Et à qui il veut le dire. Il doit avoir au départ une vision. Pourtant, quand je commence à écrire une nouvelle histoire, ma vision est presque toujours floue. J’ai une vague idée de ce que je veux dire, mais sans plus. Ma vision se précise, par contre, au fur et à mesure des réécritures. Mais à quel prix ? Beaucoup de temps perdu à réfléchir, à démêler les nombreux fils d’intrigue du roman, à réécrire…

4) La surutilisation des virgules et des deux points.

Dans la frénésie du premier jet, les virgules et les deux points se jettent spontanément sous ma plume, et pas toujours de la bonne façon. Mes phrases s’allongent et deviennent parfois incompréhensibles. Je dois toujours me relire pour bien cerner le sens de ma phrase, et ensuite la réécrire en modifiant la ponctuation.

5) Une imagination chaotique.

Mon imagination ressemble à une rivière qui dégèle au printemps : elle déborde… Je dois apprendre à canaliser cette énergie créatrice en faisant des exercices d’écriture régulièrement, sinon, lorsque j’écris pour avancer une histoire, toutes sortes d’idées me viennent et elles ne sont pas nécessairement bonnes pour l’histoire en cours d’écriture. Je dois donc faire le ménage dans le chaos de mon imaginaire, et pour y réussir, m’astreindre à un exercice d’écriture libre par jour ! Les livres de Natalie Goldberg, dont Writing Down the Bones, Thunder and Lightning et Wild Mind Living the writer’s life pourraient s’avérer d’excellents compagnons pour ce genre d’exercice…

Voilà. C’était mes principales faiblesses, comme écrivaine. J’en ai d’autres, bien sûr… Commençons par travailler sur elle, ensuite, je m’attaquerai aux autres. ;)

Merci d’être là et de me lire.
À bientôt,
Annie xxx…

9 commentaires:

  1. Un regard honnête, Annie. Mais un peu trop dur à mon avis.
    Je pense à tes points deux et trois, en particulier.

    Le cartographe s'est-il d'avance quel sera le tracé de la côte vers laquelle le navire vogue?

    Le capitaine peut avoir une vague idée. Quelque chose comme «à mon avis, nous devrions trouver telle masse de terre à telle latitude.» Mais d'exiger du cartographe qu'il dessine ses cartes avant même d'avoir atteint le rivage, je trouve cela un tantinet exigeant.

    Ne le prends pas mal, Annie, mais ces faiblesses que tu décris, je les vois un peu comme des exigences un peu trop sévères du capitaine de ton navire.

    Tu as un instinct. Un goût pour la découverte, pour l'imaginaire et pour l'écriture. Continue à le suivre tout en acceptant de devoir rebrousser chemin quelques fois.

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  2. @ Pat : Tu as raison sur un point : je suis très exigente avec moi-même, et très sévère aussi...
    Merci de me le rappeler, car écrire est aussi découvrir, et c'est comme ça que je fonctionne, je crois. Je ne suis pas celle qui sait davance, je suis celle qui découvre au fur et à mesure et qui se dit ensuite, en jetant un oeil sur ce qu'elle vient de pondre : « Qu'est-ce que tout ça veut bien dire ? » S'enclenche alors le long et laborieux processus des réflexions et des connexions. ;-)

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  3. Bon, je regarde tout ça d'un œil très lointain, mais je constate que tu sembles te reprocher le travail de réécriture, qui est pourtant inévitable. Que tes phrases soient trop longes, sans doute (tu en es la meilleure juge), mais c'est normal au premier jet. Il vaut mieux écrire beaucoup et laisser couler l'histoire. Corriger, élaguer ou même réécrire ensuite, ce n'est que la moindre des choses.

    Le reste de tes auto-critiques (manque de visualisation, de vision, etc.) est typique du manque de préparation, de recherche et surtout d'un bon plan.

    Mais encore, je dis tout ça de très loin.

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  4. Bonsoir Annie.
    "Le manque de vision"

    J'avais aussi ce problème. Je te donne mon truc; j'ai écrit trois valeurs que je veux véhiculer sur une feuille et je l'ai mise en haut de mon W Storyboard :) J'essaie de respecter le plus possible ces valeurs.

    Ex; dans mon "roman" il y a une histoire d'amour. J'étais porter à tout d'suite les faire tomber en amour et faire aller les choses trop vite alors qu'une de mes valeurs est d'attendre et tout et tout. Donc j'ai écrit qu'elle genre de relation amoureuse je valorise sur le carton. Ainsi je respecte une de mes valeurs. (J'en ai écrit trois mais ça peut être beaucoup plus ou moins!!!)
    Attention à toi :)
    xoxo

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  5. Je sais que tu es une écrivaine avec beaucoup de talents, généreuse et avec un coeur grand comme ça. Je seconde Pat... tu es trop dure avec toi-même.

    Vivement le tome 2 ;o)

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  6. @ Philippe : « manque de recherche, de préparation et surtout d'un bon plan » C'est fort probable. Je n'écris jamais avec un plan.

    J'ai déjà essayé, mais ça me bloque en partant, car il y a cette « chose » en moi qui sait quoi écrire, j'ai juste à l'acepter complètement, à lui faire confiance et à la laisser faire. D'ailleurs, elle sait toujours ce qu'elle fait.

    Cette « chose » est ce que j'appelle mon écrivain intérieur, la partie créative en moi qui veut s'exprimer.

    Merci d'être passé sur le blogue et d'avoir laisser un commentaire, c'est gentil.

    Au plaisir ! :-)

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  7. @ Jane: C'est une superbe idée ! MERCI !!! Je l'adopte. Je vais la mettre en pratique avec le tome 3 de ma série Adeline. Merci encore !! :-)

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  8. @ Lucille : Merci pour tes bons mots.

    Les rénos sont presques terminées, je vais donc pouvoir prendre soin de moi un peu plus, et aussi de mes projets littéraires.

    Merci encore, Lucille. :-) xxx...

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  9. J'aime bien le commentaire de Philippe qui dit ceci: "tu sembles te reprocher le travail de réécriture, qui est pourtant inévitable."

    Et aussi celui de Pat : "Mais d'exiger du cartographe qu'il dessine ses cartes avant même d'avoir atteint le rivage, je trouve cela un tantinet exigeant."

    J'espère que la semaine prochaine, tu sauras trouver autant de forces que tu as trouvé de faiblesses :)

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