vendredi 25 juin 2010

Montrer au lieu de dire...


Le « show don't tell » est un conseil que je lis souvent dans mes livres sur l'écriture. Dans son livre The 3 A.M. Epiphany, Brian Kiteley explique pourquoi cette technique est si importante dans la fiction d'aujourd'hui : « L'image est le moteur premier de la plupart des fictions. James Joyce, un chanteur frustré, disait de ses histoires et de ses romans qu'ils étaient menés par la musique. (...) Notre époque est visuelle et la fiction, par nécessité, entre en compétition avec le film et la télévision, sans parler de la publicité télévisuelle (une forme narrative des plus insidieuses). Notre culture est bien davantage régie par l'image que par le verbal. (...) Dans Beyond Culture, Edward T. Hall décrit la manière dont les penseurs les plus innovateurs du XXe siècle articulent leur pensée : en images »

Oui, c'est bien beau, tout cela ! Mais concrètement parlant, comment cette technique s'applique-t-elle dans un texte ? Je vous explique.

Quand j'écris : « Marie est en colère », je donne une information, je la « dis ».

Mais quand j'écris : « Le visage de Marie s'empourpra, et elle frappa violemment la chaise avec son pied. », je montre par une image la colère de Marie, je ne la « dis » pas. Dans ce cas-ci, nous sommes à l'extérieur du personnage, comme une caméra qui filme la scène. Celui qui raconte est un narrateur objectif.

Faisons un pas de plus et allons plus loin, plus creux dans dans la conscience de Marie : « Pour qui il se prenait, ce fils de chien ? Il l'avait plaquée là, lui ! Non, mais... Elle donna un violent coup de pied sur la chaise qui frappa le mur. » Ici, le narrateur est omniscient, il est entré dans la tête de Marie pour nous livrer ses pensées et nous faire vivre, de l'intérieur, sa colère.

Un autre exemple tiré cette fois du livre Flogging the Quill, de Ray Rhamey. (J'en fais une traduction libre)

« La scène : Anna vient de terminer une longue et mauvaise journée au travail et maintenant, elle doit passer quelques heures à l'hôpital auprès de son père qui est inconscient depuis plusieurs jours. Vous voulez faire connaître à vos lecteurs la condition physique et émotionnelle d'Anna.

Un auteur pourrait écrire : Anna était physiquement et mentalement épuisée.

Bien entendu, vous obtenez l'information. Vous avez une compréhension intellectuelle de sa condition. Mais vous ne ressentez pas ce qu'Anna ressent, n'est-ce pas ? Pour montrer l'épuisement mental et physique d'Anna, vous pourriez écrire ceci :

Tout ce qu'Anna voulait faire était de s'affaler dans un lit et dormir. Mais d'abord, elle pleurerait. Elle ne pensait pas être capable de rester calme et posée une minute de plus.

La scène continue : Le père d'Anna se réveille brusquement et se débat comme un fou, haletant. Les moniteurs s'affolent. Vous voulez faire connaître la réaction d'Anna à vos lecteurs.

Un auteur pourrait écrire : Anna avait peur.

Il pourrait aussi nous la montrer avec :

Oh, mon Dieu, qu'est-ce qui était en train de se passer ? “Papa ?” Pourquoi ne répondait-il pas ? “Infirmière, faites quelque chose !” »

Ray Rhamey nous dit que dans certaines scènes, comme la précédente, on ne devrait pas essayer d'informer le lecteur, mais plutôt de lui offrir une expérience. Et c'est en montrant les paroles, les pensées et les actions de nos personnages que cela peut se faire.

Maintenant, qu'en est-il avec vos récits, vos histoires ? Est-ce que vous « montrez » ou bien vous « dites » ?

N'oubliez pas que l'on ne doit pas complètement bannir le « dire » de nos écrits, car parfois il est très utile, surtout quand on a besoin de résumer une partie de l'histoire pour accélérer le rythme de notre récit, en éliminant, entre autres, la surenchère gestuelle.

Voilà.

Je vous souhaite une belle séance d'écriture et termine ce billet en vous proposant un exercice que vous pourrez faire à la maison. Essayez-le, c'est gratuit !

Transformez les phrases suivantes de sorte qu'elle montre l'état au lieu de le dire :

a) Julie avait faim.
b) Marc était gêné.
c) Anne-Sophie était frigorifiée.
d) Le chien avait très chaud.

Amusez-vous !

Merci d'être là et de me lire !
Annie xxx...

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