Ce week-end, j’ai assisté à l’atelier de Marc Fisher (l’écrivain québécois le plus lu à travers le monde) en compagnie de mon amie Isabelle. C’était samedi le 30 avril, une journée superbe avec chaleur et soleil.
Monsieur Fisher est un homme drôle et charmant. Il nous a fait rire plusieurs fois. Nous étions une cinquantaine de participants dans la salle à écouter les nombreux conseils qu’il prodiguait avec générosité. J’ai écrit au moins vingt pages de notes…
Les conseils qui m’ont le plus touché sont les suivants :
1) Prendre un événement (ou une idée) et développer son potentiel dramatique au maximum. Cela veut dire : trouver toutes les ramifications dramatiques d’un seul événement ou d’une seule idée. Ce conseil, il l’a répété plusieurs fois durant la journée, et chaque fois il a résonné en moi, parce que je suis du genre à mettre plusieurs événements dans une histoire. Vous avez juste à lire mon premier roman Adeline, porteuse de l’améthyste, pour le savoir. Je touche à plein de choses sans toutefois les exploiter au maximum. Cependant, mon deuxième roman — qui est toujours à la recherche d’un éditeur — va plus en profondeur. J’y exploite davantage le potentiel dramatique des événements.
En dépit de cette réalisation, je suis consciente que je dois faire attention de ne pas trop en mettre dans une histoire, de rechercher l’événement qui contient le plus de potentiel dramatique, et l’exploiter.
2) L’importance d’avoir une prémisse pour écrire une histoire. Ayant une très grande imagination, je ne suis pas toujours consciente de la prémisse quand je suis en mode écriture d’un premier jet. Ce que je veux vraiment dire par cette histoire, ou plutôt ce que l’histoire tente de me dire n’est pas clair au début. Monsieur Fisher a mentionné que la prémisse se dévoile souvent lors de la réécriture du manuscrit. Fiou… ;-) Je ne suis donc pas à côté de la « track »!
Dans son livre Écriture, Stephen King, quant à lui, nous dit que c’est après avoir terminé l’écriture d’un premier jet qu’il se demande toujours ce que cette foutue histoire veut bien dire. Et c’est lors des réécritures qu’il le découvre.
La prémisse s'écrit en une seule phrase, et répond habituellement à la question : qu'est-ce que mon histoire raconte ?
3) L’importance de mettre le personnage principal en conflit dès les premières pages de votre livre. Pourquoi? Parce que la présence d’un conflit ou d’un problème suscite l’intérêt non seulement des lecteurs, mais d’abord et avant tout celui des éditeurs. Selon Monsieur Fisher, un personnage de roman doit vivre un problème sinon il n’est pas un personnage de roman. Pour qu’il le soit, il doit aussi avoir un but et une motivation et poser des gestes concrets pour obtenir ce qu’il veut. Bien entendu, sa quête, quelle qu’elle soit, ne doit pas être facile. Le personnage principal doit rencontrer une série d’obstacles d’intensité croissante, qui tendent vers la résolution du conflit. Monsieur Fisher a aussi ajouté que les lecteurs aiment les personnages intenses qui prennent des décisions et qui agissent, des personnages persévérants, qui ne se laissent pas abattre par l’ampleur des difficultés. Les personnages passifs ne font vraiment pas l’unanimité auprès des gens. Ce conseil a résonné en moi, car Adeline, personnage principal de mon premier roman, a cette fâcheuse habitude de subir les événements. Ce problème, par contre, je l’ai réglé dans mon second roman, où là, elle prend des décisions et agit, motivée par la peur d’être abandonnée par Jacob, son amoureux.
4) Noter dans un carnet toutes les choses qui nous touchent dans la vie et expliquer pourquoi. C’est bien beau de dire, et je me cite comme exemple, « j’aime vraiment beaucoup le chant des oiseaux au printemps. » Si je n’en trouve pas la raison, ça n’aura pas d’impact, et cela ne pourra pas servir dans une histoire. Il faut apprendre à exprimer en mots pourquoi une chose nous plaît et pourquoi une autre nous déplaît. Toujours dans mon cas. Que signifie le chant des oiseaux pour moi? La joie de vivre. En dépit de tous les événements dramatiques qui se produisent sur la planète, les oiseaux continuent de chanter et expriment ainsi leur joie d'être vivant. C'est un message d'espoir qu'ils nous livrent. Le sachant, je pourrais utiliser cette découverte comme prémisse dans une histoire.
Monsieur Fisher nous conseille aussi de nous poser des questions lors de nos lectures ou durant le visionnement d'un film. Si vous arrêtez la lecture d’un livre après trente pages, demandez-vous pourquoi vous le faites. Et essayez, lors de l’écriture de votre histoire, de ne pas commettre la même erreur que celle de l'auteur. Si une histoire vous plaît, que vous êtes incapable de poser le livre avant d’avoir lu le mot « Fin », demandez-vous pourquoi. Quelles techniques l’auteur utilise-t-il? Trouvez-les et appliquez-les dans vos histoires. Ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas doivent servir.
Ce conseil m’a parlé, car c’est quelque chose que je dois apprendre à faire : poser un regard analytique sur mes gestes spontanés et mes réactions physiques et émotionnelles.
Voici quelques citations de l’auteur :
« Écrire est un exercice d’humilité. »
« C’est par les réécritures que l’auteur découvre sa vraie histoire. »
« La fin d’une histoire doit créer une émotion chez le lecteur, laquelle témoigne de la réalisation de la prémisse. »
« La prémisse traduit la vision du monde de l’auteur. »
« Le premier chapitre doit être extrêmement captivant, car les éditeurs et les lecteurs d’aujourd’hui sont très impatients. »
« Quand on écrit, on est comme un boutiquier qui invite les gens à entrer dans sa boutique. » Il faisait référence, ici, aux premières lignes de notre histoire ou de chacun de nos chapitres.
« Tout, tout, tout doit servir dans un roman. Pas de bois mort! »
Voilà. Il y aurait d’autres trucs à dire sur tout ce qui nous a transmis cette journée-là. Pour en connaître davantage sur ses conseils, je vous réfère à son livre Conseils à un jeune romancier que vous pouvez vous procurer ICI.
Merci d’être là et de me lire.
À bientôt.
Annie xxx…
Merci de partager ton expérience du weekend. Vraiment enrichissant!
RépondreSupprimerHé! J'ai moi aussi assisté à cet atelier! C'était il y a quoi... 2 ans à peu près je crois? Très enrichissant, j'y ai beaucoup appris.
RépondreSupprimer@ Marico : Tant mieux ! :-)
RépondreSupprimer@ Isabelle : Oui, on est submergé par un tas de conseils, c'est fou ! J'ai beaucoup appris, moi aussi.
RépondreSupprimerEt merci de venir faire ton tour sur le blogue. Tes commentaires sont toujours les bienvenus !!
À la prochaine ! :-)
J'ai assisté à son atelier il y a 2 ans avec Isabelle. Vraiment un chic type. ce fut très agréable et bénéfique.
RépondreSupprimerDe bons et judicieux conseils!
RépondreSupprimerJe traine souvent un carnet sur moi pour écrire toutes les possibilités d'une situation qui m'viens en tête. Dans l'autobus, au parc, sur le balcon, c'est une bonne façon de passer le temps en plus d'aider dans la création des histoires!
Parce que ces idées, ces situations, ces conséquences peuvent aider pas seulement l'histoire qui est en cour mais aussi les futurs!
Attention à toi :)
Le point 3 est aussi celui qui a le plus retenu mon attention. L'intensité dans l'histoire et dans les personnages.
RépondreSupprimerJe retiens aussi l'idée d'enlever tout "bois mort". C'est vrai qu'on a tendance à écrire des détails inutiles.
J'ai adoré la conférence de Marc Ficher. Je trouve qu'il n'est pas du tout prétentieux et qu'il est très terre-à-terre dans ses propos.
Vraiment intéressant. Je vous recommande cette conférence :)
Une fois qu'on a assisté et/ou participé à plusieurs ateliers d'écriture, lu et écouté tous les conseils qui finalement se ressemblent, il reste le plus difficile: écrire.
RépondreSupprimerJ'en suis là. Et je n'écris guère, snif.
@ ClaudeL : Je te comprends. Il faut juste, et excuse-moi pour l'expression, se botter le cul pour le fixer sur une chaise et ensuite écrire.
RépondreSupprimerComme le dit si bien Mary Carroll Moore, dans son livre, Your Book Starts Here (que tu peux te procurer sur Amazon.ca), un vingt minutes d'écriture par jour suffit pour commencer. Il s'agit aussi d'honorer ces moments sacrés que l'on vit avec notre créativité littéraire. Il faut taire cette voix critique qui nous empêche constamment de faire ce qu'on aime.
Dans un chapitre de son livre, Mary nous conseille d'écrire une lettre à notre critique intérieure pour le remercier d'avoir ainsi, pendant des années, protégé l'enfant blessé en nous et pour lui demander gentiment de se mettre de côté afin de laisser l'écrivain intérieur faire son travaille.
Ce conseil, je l'ai mis en pratique, et ça marche. Maintenant, quand j'entends la voix de mon critique intérieur, je lui parle, je le raisonne et il se tasse pour me laisser écrire.
Voilà.
En espérant t'avoir aidée.
A+
J'ai lu son livre que j'ai acheté il y a quelques années. Je vais le relire ;)
RépondreSupprimer@ Michel : La page couverture de la nouvelle édition est plus belle, mais le contenu n'a pas changé. Toujours bon de le relire, en effet.
RépondreSupprimerMerci de passer sur le blogue.
A+