lundi 16 août 2010

Entrevue virtuelle avec FALY STACHAK - 2ème partie

Voici la seconde partie de l'entrevue avec Faly Stachak. Elle nous entretient cette fois de son processus créatif.

Le processus créatif de Faly Stachak

FALY STACHAK : S’il s’agit d’essai ou de livres de techniques d’écriture, d’inventer des propositions, je travaille beaucoup au lit, avec des piles de livres, je lis, je note, j’invente, j’y pense sans cesse, tout est proposition d’écriture, vous savez bien. Bien sûr, j’alterne avec l’ordi, le propre, mais j’adore la recherche.

Pour la fiction, c’est un autre processus, des premiers jets plutôt, beaucoup de réécriture, l’ennui, c’est que je suis déformée professionnellement. Je peux avoir dix incipit pour la même histoire, et je sais que tous peuvent fonctionner ! Tout de même, comme tout le monde, c’est quand je me sens décollée, que je pleure ou je ris sur la page, que je sais alors que je tiens là quelque chose d’acceptable. Dans les ateliers que j’anime, j’en anime très très peu désormais, je suis réputée pour être très exigeante. Cette exigence, je me l’applique. Je sais aussi que l’on écrit le livre qu’on rêve le plus souvent, et pas celui qui est. Ce décalage, là, ce peut être terrible !

ROMAN EN CHANTIER : Comment visualisez-vous votre manière de créer? (Par exemple Mireille Pochard, dans son livre Écrire une nouvelle et se faire publier, explique que lorsqu’elle écrit, elle visualise une pelote, elle imagine que tout est déjà à l’intérieur d’elle, qu’elle ne crée rien, qu’il suffit de dévider… Ce qui n’exclut pas quelques nœuds qu’il faut défaire pour avancer !) Qu’en est-il avec vous?

FALY STACHAK : Je ne visualise aucune manière de créer. Je suis. Elle est (l’écriture, la création et tout ce qui va avec). Nous sommes parfois en phase, parfois en décalage. Mais jamais loin l’une de l’autre. Elle est « cette inconnue que l’on porte en soi », pour reprendre Duras. Cette inconnue avec laquelle j’ai grandi, je grandis, avec laquelle je mourrai. Juste souhaiter que nous nous soyons beaucoup rencontrées avant qu’il ne soit trop tard !

ROMAN EN CHANTIER : Comment naissent vos histoires? Est-ce le personnage qui arrive en premier, l’intrigue, la situation, une atmosphère, un décor? Est-ce vous qui décidez de l’histoire ou bien vos personnages?

FALY STACHAK : Tantôt l’un, tantôt l’autre, tout est texte, tout part de tout, comme une respiration.
C’est ma respiration.

ROMAN EN CHANTIER : Comment procédez-vous pour vous immerger dans la conscience de vos personnages et réussir à les ressentir de l’intérieur?

FALY STACHAK : Ceux qui écrivent sont des intuitifs, des observateurs – même si l’égo semble dominer bien souvent, des sensibles, des empathiques. Il suffit d’aimer, d’approcher, d’écouter… Je n’ai pas encore assez l’expérience de la fiction pour en parler plus avant, mais une amie, écrivaine confirmée, écrit en ce moment l’histoire d’un étrangleur. Certes, à la troisième personne, mais elle est cet étrangleur. Il faut oser, si l’on ose, et notre inconnue de tout à l’heure réapparait, un petit cordon à la main, silencieuse… C’est vertigineux comme on peut être quelqu’un d’autre, me semble-t-il… Il faut oser se faire peur ! Ce n’est pas original tout ça… Mais fascinant. On ne sait jamais qui on va rencontrer en soi. Ce mystère, c’est un peu celui que l’on éprouve quand on va faire l’amour pour la première fois, et toutes les fois après, avec un inconnu. On ne peut jamais savoir quelle sera sa sexualité, profonde, j’entends ses gestes, ses fantasmes, tout ce qui échappe de soi alors. De même qu’on ne fait jamais deux fois l’amour pareil, même si on l’a fait des centaines de fois avec la même personne.

ROMAN EN CHANTIER : Utilisez-vous un plan pour écrire? Ou au contraire, écrivez-vous votre premier jet en vous fiant à ce qui vient tout simplement, à votre inspiration? Comment procédez-vous?

FALY STACHAK : Le plan, le premier jet, tout dépend du sujet. J’ai commencé à faire des plans récemment, je crois que je pourrais ne pas en avoir besoin, qu’ils peuvent s’avérer des dispositifs contraires à l’abandon, trop rationnels, comme si l’on étudiait une carte sans oser se lancer à l’aventure, les yeux bandés.

ROMAN EN CHANTIER : Jusqu’à quel point la part de votre inconscient est-elle présente dans votre écriture? (Y faites-vous confiance? Comment travaillez-vous avec lui? Durant le premier jet? Dans la réécriture? À chacune des étapes de la création de votre histoire? Comment le visualisez-vous? Une fée avec une baguette magique? Un maître écrivain assis sagement à son bureau au sommet d’une montagne? Comment qualifiez-vous votre relation avec votre inconscient? Etc.)

FALY STACHAK : Je ne sais pas répondre à cela. C’est la vie même.

ROMAN EN CHANTIER : Quels sont vos trucs pour annihiler l’effort de votre critique intérieur à saboter votre écriture? (Quand vous êtes bloqués, que faites-vous pour vous en sortir?)

FALY STACHAK : Je m’en veux. Beaucoup. Parce qu’il n’y a aucune raison objective ! Le temps passe, je joue à cache-cache, et puis je plonge, et merveille, vrai, je sais nager !

La suite dans un prochain billet...

Merci d'être là et de me lire... de nous lire !
Annie xxx...

1 commentaire:

  1. Vous avez une façon très particulière de raconter les choses. C'est très imagé, vivant, vibrant...Vraiment très intéressant!
    Merci de votre générosité!

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